Avr
21
2012
Quid des photos illustratives dans les tests des magazines ?
Idée fausse # 8 : les photos de la "vraie vie", tarte à la crème des tests de boîtiers
Ce nouvel opus de la série "idées fausses" va peut-être se heurter à une lourde incompréhension tant ce que je considère comme une tarte à la crème est ancré dans les habitudes des photographes. Mais à l'heure où les capteurs 36 Mpx arrivent et où des modèles 24 Mpx sont embarqués dans des boîtiers d'entrée de gamme, le pire est à craindre et une mise en garde s'impose. L'arrivée des Nikon D800 et D3200 a déjà été accueillie par des salves de poncifs sur les objectifs qui ne vont plus suffire, les pixels inutiles, le bruit qui va exploser et autres calamités supposées dont j'ai déjà parlé dans cette chronique (je vous invite à lire les opus précédents).
Lorsqu'un nouveau boîtier arrive sur le marché, c'est l'ébullition et tout le monde attend avec fébrilité les tests des journalistes professionnels et des happy few qui ont eu la chance de disposer du précieux un peu avant sa diffusion en masse. Ces tests ont trois composantes : la prise en main, les mesures en labo et les photos exemple dites de la "vraie vie", ou encore "samples" pour reprendre le terme anglais consacré (que l'on peut traduire par "échantillon").
Les tests sérieux en labo sont l'apanage d'une poignée de sites web et de magazines spécialisés, et prennent un certain temps à être réalisés. Pour faire patienter les photographes, des clichés leur sont livrés en pâture, la plupart du temps des Jpeg, plus rarement des Raw. En général, ce sont des photos sans grand intérêt dont on ignore les circonstances précises de prise de vue. Que peut bien apporter comme information une image prise au coin de la rue ? C'est à cette question qu'essaie de répondre cet article.
Il me revient en mémoire un incident avec un acheteur potentiel d'un boîtier que j'avais mis en vente je ne sais plus où, il y a bien des années. Ledit acheteur exigeait de moi que je lui envoie des photos. Pensant qu'il voulait fort légitimement examiner l'état du boîtier, je lui ai fait un beau packshot et je lui ai expédié les images. Mais non, je m'étais fourvoyé : il demandait des photos faites avec le boîtier. Interloqué, je lui demande ce qu'il veut exactement comme type de photos. Peu importe, me répondit-il, c'est juste pour évaluer la qualité du capteur. Par curiosité amusée, je lui ai demandé sa "méthode" pour ausculter une photo et en tirer des enseignements. Je n'ai jamais eu de réponse. Peut-être n'était-ce qu'une sorte de rassurance avant investissement, mais j'ai compris ce jour-là qu'il existait un mythe de la photo de la "vraie vie".
Si mon acheteur n'avait pas su quoi me répondre, ce sont des trésors d'imagination que déploient les internautes dans les forums et les zones de commentaires des sites qui diffusent ce genre d'images. On y trouve tout et n'importe quoi : des considérations sur le piqué, le bruit, l'épaisseur des aberrations chromatiques, la qualité du bokeh et autres particularités de l'image examinée en zoom 100%. Le problème, c'est que la majorité desdites particularités sont du fait de l'objectif utilisé ou du processeur du boîtier, et n'ont rien à voir avec le capteur.
Que peut-on espérer voir sur une photo de la "vraie vie" ?
Tentons de lister les caractéristiques fondamentales d'un capteur et le moyen de les évaluer :
• La dynamique. Elle est impossible à mesurer hors labo.
• La profondeur de couleur. Elle est impossible à mesurer hors labo.
• La colorimétrie. Elle dépend essentiellement du logiciel qui a développé les Raw (processeur du boîtier compris).
• Le moiré, dont l'ampleur dépend de la permissivité du filtre passe-bas placé devant le capteur. C'est un problème réel, mais marginal et qui se corrige bien pour peu qu'on shoote en Raw et qu'on dispose d'un bon logiciel.
• Le piqué. Il dépend essentiellement de l'objectif utilisé et du logiciel qui a développé les Raw (processeur du boîtier compris).
• Le bruit numérique. C'est une chose qui peut être examinée sur une photo exemple, mais hors protocole de test reproductible, il est bien difficile de tirer des enseignements qui aillent au-delà de la photo elle-même. De plus, c'est là encore la qualité des algorithmes qui sont évalués, plus que celle du capteur lui-même.
En résumé, qu'est-il raisonnable d'espérer tirer comme enseignement d'une photo de la "vraie vie", la plupart du temps un Jpeg ? Peu de choses sur les qualités intrinsèques du capteur. Cela se double d'un grave problème méthodologique : un examen sur écran en pixel peeping (terme désignant l'examen d'une image en zoom 100% sur écran) est à des lieues de la réalité imprimée, et s'en éloigne encore à chaque saut de définition des capteurs. Pour fixer les idées, le format nominal du D800 est proche du A1. Oui, vous avez bien lu : du A1 ! L'auscultation à l'écran en zoom 100% d'un fichier issu du D800 revient à examiner un extrait d'une image mesurant 2,5 x 1,6 m !!! Le pixel peeping était déjà devenu franchement ridicule avec la génération 24 Mpx, il devient grotesque avec 36 Mpx. Ce sont les atomes que l'on va finir par examiner... Mais attention, ce qui est grotesque n'est pas l'examen en lui-même, ce sont les conclusions qui en sont tirées par des internautes dont la plupart n'impriment pas au-delà du A4, voire n'impriment jamais...
C’est encore plus compliqué si l'image de la "vraie vie" est un Raw, car pour le visualiser il faut bien le développer. Si les bons logiciels sont de plus en plus prompts à prendre en charge les nouveaux boîtiers, il faut souvent dans les premiers temps se contenter de dcraw et de ses déclinaisons, ce qui n'est vraiment pas une panacée (surtout s'agissant du bruit à hauts ISO). De plus, les Raw sont le plus souvent développés avec les paramètres par défaut du logiciel utilisé, dans l'illusion que serait accessible une image "brute de capteur". Cette idée fausse très répandue est une cause fréquente de mauvaise interprétation. Il faudrait au contraire évaluer ce que peut obtenir de mieux le couple boîtier/logiciel, mais on ne croise quasiment jamais cela sur le Web ou dans les magazines.
Quid des photos illustratives dans les tests des magazines ?
Les photos illustratives des tests dans les magazines sont aussi une tarte à la crème, mais les journalistes en sont les premières victimes car ils n'ont guère d'alternative. Que se passerait-il en effet s'ils n'en publiaient pas ? Ça hurlerait au test purement technique sans rapport avec la "vraie" photographie. Alors ils en mettent, ajoutant aux illustrations de points techniques (en général le bruit numérique et le piqué, plus rarement la colorimétrie) des images décoratives. Je soupçonne qu'il ne doit pas s'agir du meilleur moment de leur vie professionnelle...
Or, lesdites images décoratives ne présentent aucun intérêt du point de vue de l'évaluation du boîtier. Étant donnée la faible résolution d'impression des magazines spécialisés, je prends le pari qu'après un petit traitement d'image, je peux faire passer une photo prise avec mon vieux compact antédiluvien pour une merveille produite par le D800 ou le 5DMkIII sans que personne ne se doute de rien. Et en pleine page, car ses 4 Mpx suffisent largement. Ceci pour dire que malgré toute la bonne volonté des magazines, la qualité d'impression n'est pas suffisante pour être discriminante et illustrer la qualité du boîtier.
Quand il s'agit de mettre en évidence certaines caractéristiques techniques, notamment le bruit, ce n'est finalement guère mieux. La comparaison entre le texte qui signale parfois un bruit important à telle ou telle sensibilité et l'extrait d'image 100% censé l'illustrer laisse souvent perplexe. Aucune trace de bruit visible à distance de lecture normale, et quand on approche le nez de la page, on croit bien distinguer du bruit, mais il s'agit en réalité des petits points de la trame d'impression ! Faut-il en conclure que les commentaires sur le bruit sont le résultat d'un pixel peeping sur écran et non d'un examen de tirages papier ? Difficile de le savoir, mais le cas échéant, ce serait d'autant plus regrettable que les labos ont les moyens de faire des tirages de toutes dimensions. Ils apporteraient alors une information précieuse sur la perception du bruit en fonction de la taille de tirage, alors que n'importe qui est capable d'examiner une image à 100% sur son écran... et d'en tirer des conclusions fausses.
Que faut-il considérer comme tests crédibles pour un boîtier ?
Pour faire des tests crédibles de boîtiers, il faut du matériel de labo de haut niveau ainsi qu'un protocole pertinent et parfaitement reproductible. C'est d'autant plus important que le sport préféré des photographes-lecteurs est la comparaison avec d'autres boîtiers. J'ose affirmer qu'aujourd'hui, seul DxOMark est à la hauteur de cette ambition. Le site est évidemment bien placé puisque le labo est le concepteur du meilleur banc de tests actuel : DxO Analyser. Cela ne signifie pas que les autres tests sont à oublier, mais ceux utilisant d'autres protocoles sont moins fiables et surtout sont parfois entâchés d'erreurs méthodologiques assez incroyables. C'est le cas notamment de dpreview dont les tests extensifs sont infiniment précieux, mais présentent des faiblesses en termes de reproductibilité et surtout de présentation et d'analyse des résultats (je les ai évoquées dans l'article intitulé Sony Alpha 77, test complet #2 : bruit numérique et erreurs de protocole).
Du côté des magazines spécialisés, il y a du bon à prendre dans tous les titres qui proposent des tests techniques (ceux du CI-Lab de Chasseur d'Images sont de loin les plus pertinents et les plus complets). Mais c'est aussi - et peut-être surtout - une prise en main et un avis de photographes experts que l'on attend d'eux.
Pour résumer mon propos en quelques mots, je vous conseille de fuir les images de la "vraie vie" sorties d'on ne sait où, et plus encore les commentaires qui en sont faits si vous espérez trouver des informations fiables sur la qualité d'un nouveau boîtier. Vous y liriez sinon, pour prendre un exemple récent, que le D800 est affreusement bruité, alors même qu'il a explosé le score DxOMark en ridiculisant la quasi-totalité des autres boîtiers à hauts ISO. Ceci évidemment à taille de tirage égale, comme devraient être faites toutes les comparaisons. Hélas, elles le sont rarement, et cela va devenir de plus en plus problématique à mesure que les capteurs se chargent de pixels. Je ne suis pas Nikoniste, mais ça me fait franchement mal que pareil boîtier soit traîné dans le ruisseau par des pixels peepers qui ne comprennent rien à ce qu'ils examinent, mais le disent haut et fort. Et c'est regrettable que des sites comme dpreview les confortent dans leurs erreurs en leur offrant notamment ce calamiteux comparateur d'images à 100% qui ne tient aucun compte de la densité de pixel du capteur qui les a enregistrées. C'est une source inépuisable de mauvaise interprétation, alors même qu'il ne s'agit pas de photos de la "vraie vie", mais de prises de vue en studio qui ont de ce fait une aura de crédibilité.
En bref, soyez vigilants et sélectionnez vos sources d'information avec soin et avec un regard critique permanent.
Commentaires
L'analyse d'une image de la vraie vie est plus subjective et varie d'un individu à l'autre. Rien que ça permet de dire que le test n'est pas reproductible puisque l'appréciation varie d'un regard à l'autre.
Mais ce n'est pas de leur faute, on a cultivé le mythe de la belle image et à l'heure du numérique, les retouches à gogo ont amplifiés le phénomène: de belles photos bien nettes et sans bruit... Cette culture est bien ancrée et c'est malheureusement le point de départ de toute appréciation. Il y a confusion en la matière. Et les journalistes en joue!
Je considère , personnellement que c'est le talent, couple boitier/ objectif et le logiciel de développement qui sont à prendre en considération dans l'analyse qualitatif globale d'une image donnée.
Le capteur intervient dans la qualité d'une image et c'est effectivement les mesures labos qui permettront d'évaluer et comparer les résultats d'un boitier à l'autre. Afin d'écarter le traitement interne de l'équation, il faudrait peut être analyser un RAW dématricé par un logiciel tiers.
Le site DXo Lab est à mon sens riche d'enseignement.
Ce que tu dis, Patrick, est d'autant plus vrai que la plupart on tendance a régler la netteté et le bruit en croppant à 100%. C'est comme cela qu'il faut le faire mais surtout veiller à ne pas être trop lourd sur les réglages.
Comment comparer les capteurs de deux boitiers de marque différente, avec deux objectifs différents si on se contente d'une image prise avec ses deux couples?
Mais, le marketing est plus fort que tout! Combien de fois a t-on dit que plus la définition est grande, meilleur sera la photo?
C'est sur ce genre d'idée fausse qu'il faut combattre!
Merci!
Quant aux fortes définitions, il faut bien reconnaître que c'est une réalité : à qualité de capteur égale, plus il y a de pixels, meilleure est l'image. Du moins pour une taille de tirage identique. On le voit bien sur DxOMark où le D800 et ses 36 Mpx ont explosé le high score à tous les niveaux : dynamique, profondeur de couleur et même bruit à hauts ISO. Ce n'est qu'en pixel peeping qu'on peut avoir l'impression du contraire, mais c'est alors une comparaison fausse et surtout inéquitable.
Je me permets de fe vous faire un reproche, il y a quelques temps en arrière, je me permettais de vous notifier mes ressentis sur le A77, en vous indiquant peut être "mal-dit" les reproches sur celui-ci, et, je constate que Sony corrige petit à petit les défauts dont je vous avais signalé, je ne vous en veux aucunement pour les non réponses, et, je vous lis avec impatience, continuez.
Parfois, l'affichage adaptée à l'écran laisse paraître ce bruit et la correction s'impose. Cropper à 75% ou 100% permettra d'évaluer les dégâts et réduire sensiblement ce bruit. Mais cette correction n'est pas, en contre partie, sans créer de défauts (artéfact, lissage etc). C'est en mode zoom que l'on peux mieux doser et évaluer l'impact de cette correction.
Comme je l'ai dit, il faut être léger sur les curseurs car on a tendance à trop forcer car l’affichage 1:1 est impardonnable.
Ca c'est pour le sharpener créative.
Pour le sharpener output, évidement le réglage devra se faire en fonction du tirage ou des conditions de visionnages finals. Là je te rejoins Patrick.
Mon raisonnement est le même pour la correction des aberrations. Elle existe mais se voit pas si on zoom pas. La correction est pourtant nécessaire.
Je vais relire ton article que tu cites.
Tu dis que plus il y a de pixels, meilleur est la qualité.
Il me semblait que tu avais écris qu'à tirage identique, avec un objectif donné, la montée en définition n'apportait pas grand chose du strict point de vue du capteur. Ce n'est qu'à grand tirage, ou avec des objectifs très haut de gamme que l'on percevait la différence qualitative de cette montée en pixels.
Qu'en est-il de cette idée? Vrai ou faux?
Bon courage pour la rédaction de ton livre.
Un mot sur ce que tu appelles l'accentuation créative. Elle n'a rien de créatif en réalité. Ce curseur est destiné à compenser la perte de netteté due au dématriçage et, plus généralement, à toutes les avanies que subit la lumière entre le moment où elle pénètre dans l'objectif et celui où elle est transformée en image de type bitmap. J'appelle ça une accentuation de compensation.
En te lisant j'ai retenu que:
Une augmentation de définition traduit:
pour les plus
1 une électronique plus aboutie donc gain qualitatif
2 Une image mieux définie sur des tirages grand format (objectif en rapport avec le capteur)
3 Une dynamique plus étendue
Pour les moins
1 Un bruit plus perceptible du fait de cet agrandissement ou une diminution de qualité au haute sensibilité (à tirage équivalent)
2 Problème de diffraction
et pour te citer :
On le voit, il est impossible d'affirmer péremptoirement que l'augmentation du nombre de pixels est une bonne ou une mauvaise chose, car tout dépend de sa pratique photo et du sort qu'on réserve à ses images.
J'essaie juste de comprendre ton propos.
Penses tu que cette montée en pixels apporte une meilleure qualité ou penses tu que ce gain est mitigé?
Pour une même génération de capteur, on constate sur DxOMark par exemple que l'augmentation du nombre de pixels se traduit par une amélioration de la dynamique et de la profondeur de couleur. Pas forcément nette, ni forcément explicable, mais c'est une observation. À l'inverse, le bruit est plus important au niveau du pixel, c'est une évidence. Mais une évidence dont on se fout, car c'est un mauvais raisonnement, un raisonnement de pixel peeper. Ce qui importe, c'est s'il y a une augmentation du bruit à taille de tirage égale. La réponse n'est, sur ce point pas évidente. On constate parfois un léger mieux, d'autres fois un léger moins bien, donc c'est globalement neutre. Pour l'Alpha 77, c'est un léger moins bien parce que le saut de définition est énorme. Avec le D800, on voit que le pari est gagnant, mais on manque de point de comparaison. Les scores de dynamique et de profondeur de couleur sont hallucinants, et la comparaison avec le 5DMkIII fait très mal à ce dernier...
En bref, le bilan d'une augmentation du nombre de pixels est mitigé pour le bruit, mais positif sur les autres points. C'est pour cela que je dis que le bénéfice dépend de la pratique photo. Pour le photographe de paysage qui va shooter essentiellement à 100 ISO, le bilan est excellent, et il aura une foule de détails fins en plus. Pour le photographe qui shoote souvent à hauts ISO, comme moi au théâtre, le bilan est moins bon, mais reste largement positif.
En revanche, en pixel peeping, il est mauvais quel que soit le boîtier, A77 ou D800. Tant pis pour les pixels peepers qui en font une mauvaise interprétation...
Nos pendules sont à l'heure.
Petite précision: qu'appelles tu le pixels peepers?
Plus un capteur a de pixels, plus l'image examinée en zoom 100% sur écran est dégradée, et ce même si elle s'améliore à taille de visualisation constante.
Le pixel peeper est un gars qui fait du pixel peeping... :wink:
Le phénomène que tu évoques est illustré par les deux photos dans Idée fausse # 6 : le mythe des objectifs qui ne "passent plus".
Excellente remarque.
Ce que je regrette dans toutes ses revues est l'extrême technicité mise en avant. Or, peu importe le boitier, une belle photo ne dépend pas d'un méga appareil. On devrait parler davantage de la passion de la photographie, du plaisir des contrastes et des couleurs, des moyens techniques - Photoshop ou autres - qui permettent de faire un peu tout et n'importe quoi avec son reflex, mais qui ouvrent des possibilités créatives hors normes. Le tout est de se donner le temps d'apprendre et de ne pas se prendre trop la tête avec le diaph, la vitesse et le reste mais de shooter. Les résultats viendront au fur et à mesure... si on sait patienter et écouter ou lire les conseils de ceux qui s'y connaissent. Vous faites parties de ces "ceux".
Allez, @ plus...
Il ne faut pas rejeter l'importance qu'a le matériel pour les gens. Il faut aimer, maîtriser son outil et en connaître le potentiel et les limites pour qu'il soit pleinement au service de sa créativité. C'est pour cette raison que je n'aime pas voir opposés le matériel, la technique et la photo au sens "noble", qui forment un tout indissociable.
Les grands photographes du passé ont toujours eu une parfaite maîtrise de leur appareil, lequel était rarement un jetable. Et c'est pareil pour les meilleurs photographes de notre époque... :wink:
Il faudrait simplement quelques articles pour décrire les petits plaisirs d'une prise de vue, le bruit du déclencheur, la découverte de l'aperçu, la nouvelle prise de vue avec les changements d'ouverture ou de vitesse, la fierté d'avoir fait une belle photo (ou le désarrois quand on nous dit: c'est mignon...), bref, les petits détails qui constituent le chemin vers THE photo...
Au plaisir.
A chacun sa légion. Je connais des photographes qui ne shootent qu'en jpeg et ne retouche aucune de leur photo pour un résultat vraiment bluffant.
Moi j'ai choisi de comprendre tous ces aspects (avec parfois du mal) afin de mieux appréhender et anticiper les problèmes.
Car la photographie, c'est histoire de compromis.
Je ne ferais pas forcément de meilleures photos , mais maîtriser son outil est déjà un bon départ pour faire une image réussie!
Cyril
En ce qui me concerne, je n'aimerais pas que la photo s'arrête au déclenchement. C'est un plaisir doublé de faire naître une photo dans son labo numérique au lieu de laisser ça aux automatismes et au processeur du boîtier. Mais comme tu dis, chacun son plaisir... :wink:
Quand je prend le temps de faire une bonne photo, et de bien la développer pour un usage précis (écran, poster, etc.), j'entends bien vos arguments concernant l'inutilité d’examiner et de corriger des défauts qui ne seront de toute façon pas visibles.
Mais cette photo que j'ai composée amoureusement, j'ai envie de pouvoir la réutiliser plus tard. Peut-être dans 10 ans ? Pour un besoin que je n'imagine pas maintenant. Et peut-être aurai-je besoin alors d'en faire un tirage A1... Ou peut-être aurai-je alors comme tout le monde une télé "Ultra Ultra" HD (le Ultra HD, c'est maintenant, et c'est déjà 7680 × 4320 pixels)...
Bref, tout ça pour dire que personnellement, l'examen d'une image en zoom 100% me permet d'estimer la capacité d'un boitier à produire des images dont les usages pourront être déclinés longtemps après leur production.
Merci pour vos articles et vos bon conseils !
Bonne journée,
MK.
Pour ma part, je n'exporte que les photos dont j'ai besoin au moment où j'en ai besoin. Elles sont donc en perpétuel instance de développement, ou de redéveloppement. Quand l'Ultra-HD sera démocratisé, ce qui risque de prendre de très longues années, et bien je recommencerai dans cette nouvelle optique, avec les logiciels disponibles à ce moment-là, et avec grand plaisir. A ceux qui ont shooté en Jpeg autre chose que du kitesurf en plein midi,il ne restera que les yeux pour pleurer... :wink:
Comme Patrick, je "consomme" aussi mes images selon mes besoins. C'est pour cela que le catalogage, les collections et copies virtuelles sont géniales.
Je note mes photos et celles qui sont les mieux notées seront éventuellement reprise un jour dans un futur logiciel. C'est en autre pour cela que j'ai choisis le RAW, mais pas que....
Là où je ne suis pas en phase avec Patrick, c'est pour le pixel peeping...
Dans les vidéos de Gilles Théophile et dans d'autres littératures d'expert, cette idée du zoom est très largement plébiscitée afin d'évaluer les réglages à faire.
Gilles, par exemple, dans ces vidéos V2B, indique que le zoom permettra d'évaluer le réglage par défaut des curseurs de LR afin de vérifier s'il faut pousser un peu les réglages, récupérer de la matière etc. En sachant que de toute façon le bruit sera lissé à l'impression ce qui signifie qu'il ne faut pas être trop lourd sur les réglages.
De toute façon, la plupart des softs qui règle le bruit propose un aperçu dans une fenêtre miniature.
On ne peux pas toujours être d'accord!
ce qui est le plus surprenant, je trouve c'est cette course aux Hiso, il y a deux/trois générations on voulait du 800Iso propre, puis du 1600iso, puis du 3200....aujourd'hui on lit même que l'on a besoin d'un 6400 propre en A2...soit on est de plus en plus exigeant soit le monde d’assombri de façon très dangereuse , mdr
Le capteur du D800 semble quand même un très bon parti....a quand dans un SONY ????
A l'inverse, je m'émerveille de voir qu'à taille de tirage égale, le D800 fait mieux à hauts ISO que le D700 et ses 12 Mpx, qui était pourtant l'un des plus renommés pour cela. Les Nokonistes vont avoir le beurre et l'argent du beurre, et ça râle dans tous les sens. Franchement, ça me consterne.
Quant aux Sonystes, ça devrait arriver bientôt, on croise les doigts... :wink:
Je crois que c'est dur de changer les mentalités et habitudes....mais je reconnais que ton argumentation tiens la route. Je vais sérieusement y réfléchir et en débattre.
Bonne journée à tous!
- Il y a quelques sites qui montrent des photos "real life" qui sont produites de manière très rigoureuse (même développement raw, trépied et focus rigoureux, et etc). Je citerais en premier diglloyd.com qui est le sommet de la rigueur en anglais (pour le français, c'est évidement alpha-numerique.fr !). Sans surprise, d'ailleurs, les conclusions des 2 sites sont en accord très souvent.
- pour les objectifs, il y a une source de "picture real life" pour le contraste et les couleurs. C'est simplement flickr en sélectionnant les photos sur film scannées en coolscan et "sans retouche lourde", ceci permet d'avoir le même "capteur" d'environ 8-12Mp pour tous. En regardant de nombreuses photos, on voit assez clairement certains objectifs sortir du lot par leur contraste et par leur "croustillant". Impression...à confirmer évidement avec des résultats de labo sérieux et de sites web sérieux cités en dessus.
A ceux qui m'ont lu jusqu'ici, j'ajouterais que les photos en primeur "real life" de nouveaux boitiers n'ont qu'une valeur illustrative et anecdotique.
Je ne peux qu'agréer à ces propos pour ma part.
Expérience personnelle en passant du 550 au a65, premières images à haut iso en jpeg (afin de juger le traitement un peu du boitier pour ma part)je me suis vu surpris de tant de bruit comparé au 550 en zoom 100%, j'ai mit deux minutes avant de comprendre de moi-même l'erreur que je commettais en faisant ces simples comparaisons. Et je ne suis pourtant pas un utilisateur très avancé, donc je suppose que beaucoup de monde est tout de même capable de faire la part des choses sur les aberrations qu'écrivent certaines références dans le monde de la photo. Il parait que l'ignorance asservit aux préjugés, certains professionnels en font seulement la preuve !
Dylan
Pour rebondir sur les derniers commentaires, même si ce n'est pas exactement le sujet de cet article, comment éviter de travailler avec LR en visu 1:1 et donc de sombrer involontairement dans le pixel peeping?
Je me sers souvent avant impression du Calculateur pour la visualisation et la préparation des images à imprimer mais une fois qu'il a défini le zoom idéal pour visualiser, je ne peux pas l'utiliser efficacement sous LR pour accentuer ou réduire le bruit puisqu'il faut être à 1:1.
Faiblesse de LR ou c'est moi qui ait loupé quelque chose? Je préfèrerais évidemment la 2e hypothèse car le problème serait plus vite corrigé.
Oui vous avez raison. Je viens de lancer un débat sur cette question pour évaluer si un zoom progressif est vraiment attendu sur LR. Ou plus exactement si la montée en définition des capteurs sera pris en compte pour l'intégration d'une fonction qui permettra de se passer de tous ces calculs et apporter une visualisation proche de celle de la taille d'impression de façon automatique. Et se libérer de ce mode 1:1 ou pire 2:1...
Patrick a apporté des pistes de réflexion. Je me joins à vous pour le remercié pour ce questionnement qu'il a suscité.
Je pense que vous allez un peu vite en besogne en assimilant le travail de réduction de bruit ou d'accentuation (et bientôt autre chose, vous verrez)à du simple pixel peeping : c'est un raccourci à la fois un peu trop facile et ridicule, et je ne pense pas que ça corresponde exactement à ce que Patrick a voulu exprimer.
Afficher une image à 1:1 et plus dans Lightroom reste la norme en ce qui concerne ces tâches en particulier, notamment pour maîtriser la montée d'artefacts, de halos et autres joyeusetés si les réglages sont trop poussés. Ensuite, on reviendra à un affichage normal pour vérifier l'image dans ça globalité, CE QUI NE DISPENSE PAS d'imprimer une épreuve ou d'exporter une image devant être diffusée sur le Web pour jauger de la pertinence de vos réglages et corrections.
On est donc loin du pixel peeping ! Le pixel peeping, c'est une pratique qui consiste, prétenduement, à évaluer et comparer la qualité d'image produite par des matériels de prise de vue ou pour juger de l'efficacité du traitement du bruit ou de la propreté des images à certaines sensibilités.
C'est bien évidemment une pratique que je ne partage pas, en tout cas pas au delà de certaines limites, et je suis chagriné que l'auteur de cet article me range dans la catégorie des "pixel peepers", alors que je ne fais que conseiller une approche pragmatique et préconisée par Adobe elle-même, à savoir agrandir l'image pour déceler d'éventuels artefacts lors du traitement du bruit et de l'accentuation.
Merci de ne pas mélanger les torchons et les serviettes.
Le fait d'afficher une image en 1:1 pour essayer d'en réduire le bruit etc n'est pas une incohérence au contraire. mais le fait de comparer une image en 100% d'un boitier 24Mpxls en face d'une image 100% d'un 12Mpxls pour en déduire que le bruit est moins présent sur le 12Mpxls est une grosse erreur. Dans la comparaison la pertinence vient du fait de comparer deux images de même tirage peut importe la provenance et le boitier.
C'est totalement aberrant, mais s'efforcer de régler les problèmes de l'image en zoom 100% le devient aussi. Et là, Gilles, je sais que j'ai un point de désaccord avec toi, puisqu'on en a discuté par ailleurs. En ce qui me concerne, je me fous de savoir ce que prescrit Adobe. Je sais seulement que chercher à supprimer des défauts qui ne se verraient pas dans le format et le support de destination de l'image est non seulement inutile, mais potentiellement nuisible. En voulant réduire au maximum le bruit en zoom 100%, on détruit des détails de fréquence plus basse qui, eux, seraient visibles sur l'image finale. De la même manière qu'on procède à une accentuation de sortie sur l'image à sa taille finale, il faudrait faire de même pour la réduction du bruit et tous les autres traitements des défauts optiques. Or, à la différence de DxO Optics Pro qui exige un niveau de zoom supérieur à 75% pour visualiser l'effet des réglages, Lightroom permet cette visualisation à tous les niveaux de zoom. Leur seul défaut est d'être par palier, mais on se débrouille avec.
En ce qui me concerne, j'ausculte les images en zoom 100% car j'ai l'habitude d'interpréter ce que je vois en fonction du capteur utilisé, mais je traite le bruit en fonction du format de destination de l'image. Si c'est pour une galerie Web, je ne le traite pas du tout, car même aux sensibilités maximales de mes boîtiers, il ne se verrait pas sur des vignettes 800 px. Si c'est pour un tirage A3+, je suis maximum en 1:3 pour ajuster la réduction du bruit sur mes boîtiers 24 Mpx (A900, A77 et NEX-7), et je remarque souvent que je n'ai pas besoin de toucher au curseur de luminance, même à des sensibilités élevées.
Donc voilà quelle est ma pratique et quelles en sont les raisons. Je regrette qu'on continue à pousser les gens à régler systématiquement les problèmes en zoom maximal, car cela peut dégrader leurs images et donne de la validité au diktat du 100% qui, avec les boîtiers récents, devient aberrant.
Peut-être n'ai-je pas été assez clair, mais je n'ai pas voulu assimiler la visualisation 1:1 au Pixel Peeping. Simplement, que le fait de travailler régulièrement à du 1:1 comme le préconise Adobe pour une série de corrections risque d'amener à une attitude de "pixel peeper" à savoir vouloir avoir l'image la plus "propre" et la mieux accentuée possible en visu 1:1 même si ce sera inutile (voir potentiellement nuisible comme dit Patrick)pour la destination finale de l'image.
Ceci dit, LR reste mon logiciel de développement préféré et loin de moi l'idée de jeter le bébé avec l'eau du bain. L'idéal, pour moi, serait de pouvoir entrer directement une valeur de zoom (ex. 65%, 85%...) qui correspondrait à l'affichage idéal en fonction de la destination finale. Pourcentage obtenu, par exemple avec le module de Patrick, ou plus facile encore calculé par un module LR en fonction de la définition écran reprise automatiquement qu'il ne faudrait compléter que par la taille de sortie.
Mais bon, il faut bien en laisser pour LR 5.0
Pourtant Gilles, j'ai toujours fait comme toi, car mes boitiers n'ont pas des définitions élevées telles que les derniers nés de chez Nikon ou Sony.
Mais à très haute définition, on peut s'accorder que le zoom mini à 100% dans LR soit un peu juste. Le propos que je tiens, c'est qu'on puisse imaginer un zoom variable afin d'adapter la visu par rapport à un tirage ayant des dimensions précises. Ce n'est pas allé vite en besogne que de défendre cela, la course aux pixels faits qu'il faut prendre les devants.
L'un des intérêts de photo de la "vraie vie" est justement de compenser les effets du Pixel Peeping. Autrement dit, cela permet non pas d'estimer ou de différencier la qualité des boitiers, mais plutôt de relativiser leurs différences. Si la photo en pleine page est prise à 1600 ISO, et que *je* trouve la qualité acceptable, ca me donne une indication que je peux monter au moins a 1600ISO sur cette appareil. Tandis que les metriques ou les appréciations des testeurs me sont moins facilement accessible.
Je m'explique : si je veux comparer deux boitiers, savoir que le SNR (ou encore mieux, le CNR) de A est 2x fois plus élevé que celui de B, me permet de savoir qu'il y a une différence significative entre ces deux boitiers. Mais si je n'ai pas changé de boitier depuis 5 ans - et qui n'est donc pas dans le comparatif - , que je suis un amateur qui tire au max en A4, je ne saurais pas ce que ca signifie en absolue. Tandis que la photo de l'église de nuit éclairée par une lumière orange moche, à 6400ISO, tirée en A4, me permet de dire que le bruit reste tout à fait acceptable *pour moi* !
Le même genre de raisonement s'applique tout à fait aux défauts des objectifs.
En gros, sans référence que je connais et comprends, je ne sais pas interpréter ces métriques. Les métriques en labo servent à mesurer, les photos de la "vraie vie" à interpréter.
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