Avr
14
2015
Les espoirs résiduels sur Photos, censée remplacer iPhoto et Aperture, se sont envolés : la version définitive confirme que l'application s'adresse au grand public et manque cruellement de fonctions avancées pour le traitement des fichiers Raw. Depuis les premières versions bêta, on lit - y compris dans des magazines spécialisés - qu'il n'y a pas péril en la demeure et que tant qu'Aperture voudra bien s'installer sur les prochaines évolutions de Mac OS, autant l'utiliser. On nous garantit également que la migration dans Capture One ou dans Lightroom, à l'aide de plug-ins ou de fonctions d'importation, préservera tout le travail réalisé dans Aperture.
Idée fausse # 17 : utilisateurs d'Aperture, tout votre travail sera sauvé...

Photos ayant été officiellement dévoilée, il est urgent de mettre en garde les utilisateurs d'Aperture : ces affirmations sont fausses, dangereuses et passablement irresponsables. Cette chronique "idées fausses" en explique les raisons.
(In)compatibilité des logiciels
Le développement des fichiers Raw est un processus complexe dont le rendu final relève pour bonne partie d'une interprétation des données brutes. C'est la raison pour laquelle les rendus des logiciels de développement sont tous différents, alors que l'affichage des Jpeg est identique quel que soit le logiciel utilisé. Chaque éditeur fait des choix et développe des algorithmes qui lui sont propres. Augmenter la luminosité d'une quantité apparemment identique dans un logiciel et dans un autre n'aboutira donc pas au même résultat. La valeur d'un réglage n'ayant aucun caractère universel, il faut impérativement connaître les algorithmes ou faire du reverse engineering pour espérer la transposer d'un logiciel à un autre. C'est réalisable avec une précision acceptable pour quelques fonctions basiques, mais hors de portée pour les outils complexes, notamment la retouche locale. C'est pour cela que le module d'importation de Capture One n'est en mesure de restituer que quelques corrections simples comme le recadrage, le redressement, la balance des blancs, l'exposition ou le contraste. La réduction du bruit, la courbe des tonalités, les niveaux, l'accentuation, les retouches locales, etc. ne sont pas transposables et sont irrémédiablement perdus lors de la migration. Il en va de même pour les livres photo et autres fonctionnalités annexes.
Est-il raisonnable de continuer à utiliser Aperture ?
La réponse est non, car cela ne ferait qu'accroître la quantité de travail perdu. Aperture fonctionnera pendant quelque temps, mais sa fin est inéluctable. De plus, il n'évoluera plus et le retard déjà important avec ses principaux concurrents ne fera que croître.
S'il était raisonnable d'attendre la version définitive de l'application Photos avant de prendre une décision, cela n'a plus de sens de retarder la migration de sa librairie Aperture vers un autre logiciel. J'ai lu avec consternation dans un magazine Mac que ça valait peut-être le coup d'attendre pour voir si Photos n'allait pas s'étoffer avec le temps. Le "in Apple we trust" n'a visiblement pas de limite, pas même celle du bon sens...
Quel logiciel de remplacement choisir ?
Pour rester au même niveau de qualité globale qu'Aperture, le choix n'est pas large. Lightroom est le logiciel qui se rapproche le plus de l'esprit d'Aperture : tout-en-un, capable de prendre en charge la totalité du flux de travail, du vidage de la carte mémoire à la diffusion et à l'impression des images. Capture One est moins complet, mais la qualité de ses outils de développement est excellente. Ces deux logiciels présentent le gros avantage de proposer une solution de migration qui construit automatiquement un nouveau catalogue et préserve les métadonnées descriptives. Si vous n'avez pas catalogué vos photos et que la récupération de quelques réglages basiques n'est pas un argument majeur, vous pouvez également vous tourner vers DxO Optics Pro dont la version 10 est de très haut niveau, avec des points forts comme la correction des défauts optiques et la réduction du bruit. D'autres logiciels ne déméritent pas, mais sont en retrait de ce qu'offrait Aperture. Choisissez à tout le moins un logiciel disponible sur les deux principaux systèmes d'exploitation et pour toutes les marques d'appareils photo. Sinon, vous pourriez vous retrouver dans la même situation dans quelques mois ou quelques années...
Pour limiter la casse, faites un export en Tiff 16 bits de toutes les photos qui ont subi un traitement avancé : à défaut de pouvoir sauver votre travail sous forme paramétrique, sauvez au moins le résultat. Vous pouvez repousser cette opération jusqu'au dernier souffle d'Aperture, mais mieux vaut ne pas prendre le risque de dépasser la date de péremption.
Commentaires
A faire confiance à des boîtes qui font des trucs en marge et dont ce n'est pas le métier, on prend effectivement ce genre de risque de rationalisation sauvage, arbitraire et douloureuse.
Même si le risque 0 n'existe pas, le fait est qu'avec un DxO ou un LR, le risque est quand même nettement moindre au regard de leurs PdM et de l'activité des boîtes qui les éditent ;)
L'offre pertinente semble se réduire de jour en jour :-/
En effet, il me semble, à la lecture de nombreux forums, que beaucoup (une majorité ?) développent une seule fois leurs raw (voire une deuxième pour imprimer certaines photos) et ne reviennent quasiment plus jamais sur leurs raws.
(On ne parle évidemment pas de professionnels).
Par ailleurs, la disponibilité d'une solution sur Windows et OSX ne me semble pas si importante (je pense bien sûr à des solutions telles que Darktable qui n'existe pas sous Windows) : j'utilise parfois DxO Optics Pro 10 sous Virtualbox avec des performances tout à fait acceptables alors que je n'ai qu'un malheureux intel i3 ayant déjà quelques années (j'ai 8Go de mémoire). Si un jour je quitte Linux et que j'ai besoin de récupérer un gros travail de développement fait sous Darktable (ce qui a peu de chance de m'arriver très souvent), je peux aussi bien faire tourner Darktable sous Virtualbox.
Une autre problématique est la pérennité de la prise en charge des raw d'une marque disparue sur le long terme => la conversion DNG permet-elle de tout récupérer ?
Perdre ses développements, c'est aussi perdre la possibilité de n'exporter que ce qui est utile. Quand on passe d'un logiciel à un autre, on doit exporter au préalable tous ses Raw dans un format bitmap, ce qui est calamiteux quand on a plusieurs dizaines de milliers de fichiers Raw.
Quant à utiliser virtualbox pour émuler des OS, c'est sous-optimal et ça ne s'adresse qu'à une infime minorité de photographes-geeks.
Pour ce qui est de la pérennité des Raw, je ne vois pas pour quelle raison les éditeurs décideraient de supprimer la prise en charge d'un boîtier, alors qu'une fois que le boulot de décodage est fait, il n'est plus jamais à refaire. Le DNG serait une bonne solution si tous les logiciels l'acceptaient en entrée, ce qui est loin d'être le cas.
Ne jamais modifier un développement, c'est ne jamais bénéficier des améliorations des logiciels et se priver ainsi de l'un des principaux avantages du Raw.
Améliorations des logiciels mais aussi, un jour, amélioration du gamut des écrans ou des imprimantes, par exemple, ce qui peut inciter à refaire un export dans un autre espace que sRGB.
Je suis d'accord, c'est juste que j'ai l'impression que peu le font (je ne parle que des amateurs).
Perdre ses développements, c'est aussi perdre la possibilité de n'exporter que ce qui est utile. Quand on passe d'un logiciel à un autre, on doit exporter au préalable tous ses Raw dans un format bitmap, ce qui est calamiteux quand on a plusieurs dizaines de milliers de fichiers Raw.
Idem. Avec l'enrichissement fonctionnel des logiciels de traitement de raw, j'ai également l'impression que de moins en moins de gens (i.e. amateurs) éprouvent le besoin d'enchaîner sur Photoshop ou Gimp.
Quant à utiliser virtualbox pour émuler des OS, c'est sous-optimal et ça ne s'adresse qu'à une infime minorité de photographes-geeks.
Mon expérience personnelle avec DxO me permet de dire que ce n'est absolument pas sous optimal (sous réserve d'avoir assez de mémoire). Que cela ne concerne qu'une minorité de photographes, c'est une évidence mais dans cette minorité utilisant ou ayant utilisé linux il y a en fait une majorité sachant installer et utiliser Virtualbox (ce qui est au demeurant extrêmement simple aujourd'hui). Mais je l'admets, ce n'est pas la solution la plus satisfaisante. Si on combine ça avec
le faitl'impression que peu de gens reviennent sur leurs raw une fois ceux-ci développés, la nécessité d'une compatibilité Windows n'est pas forcément un pré-requis pour choisir cette solution.Pour ce qui est de la pérennité des Raw, je ne vois pas pour quelle raison les éditeurs décideraient de supprimer la prise en charge d'un boîtier, alors qu'une fois que le boulot de décodage est fait, il n'est plus jamais à refaire. Le DNG serait une bonne solution si tous les logiciels l'acceptaient en entrée, ce qui est loin d'être le cas.
Dans le monde réel un code doit être maintenu (ne serait-ce qu'à cause de l'évolution des langages, des OS, du framework de la solution) => l'éditeur n'hésitera pas à supprimer les vieux boîtiers d'un fabricant ayant disparu du marché depuis quelques années.
Mais ma question (sans doute hors sujet) était autre : à défaut d'un format réellement "standard", il y a le DNG. Celui-ci permet-il de récupérer toutes les informations d'un raw propriétaire ?
Pour ce qui est des fichiers Raw, il ne s'agit pas à proprement parler de codes, mais de décodage. Savoir que telle information est à tel endroit dans un fichier est indépendant du framework du logiciel. Un recodage du logiciel n'implique donc - a priori - pas d'intervention spécifique pour chaque boîtier.
Dans le DNG, une place est réservée aux maker notes, y compris lorsqu'elles sont cryptées (ce qui est parfois le cas). Comme elles ne peuvent être lues que par le logiciel de développement du constructeur, ce n'est au final pas bien grave si elles sont perdues. Mieux vaut un bon logiciel sans accès aux maker notes cryptées qu'un mauvais qui sait les décrypter...
entièrement d'accord avec ton analyse ! Aperture était pourtant bourré de qualités à en croire ses utilisateurs, mais un logiciel aussi bon soit-il ne peut résister aux orientations stratégiques dictées par l'attrait de la plus grande cible : le marché grand public !
Même si il est effectivement grand temps de préparer sa migration sous d'autres cieux, Aperture ne va pas cesser de fonctionner demain : donnez-vous le temps d'organiser votre passage mais n'attendez pas trop quand même et, surtout, avant de vous lancez, gérez dès aujourd'hui toutes vos nouvelles images avec le logiciel de votre choix. Lorsque vous aurez pris un peu d'assurance, faites votre migration.
Et je rejoins totalement l'avis de Patrick : excluez toute solution qui n'existe pas sur les deux plate-formes.
Puisqu'on est dans le cadre d'une recommandation générale, faisons un peu de fiction. Dans cette fiction, il existe d'une part les logiciels A, B qui tournent sous Windows et OSX, d'autre part Lightroom qui ne tourne que sous Windows. Vous étiez utilisateur d'un logiciel qui va disparaître, sous Windows, et vous devez en choisir un autre. Selon votre recommandation vous "excluez" sans autre forme de procès LR et vous choisissez entre A et B, même si ceux sont loin derrière ? Quelque chose me dit que non...
En fait, ce que vous présentez comme un pré-requis éliminatoire n'est en réalité qu'un critère de choix à prendre en considération parmi d'autres (avec un poids fixé par l'utilisateur), méritant bien sûr qu'on le rappelle à l’occasion d'un article tel que celui-ci mais pas de façon aussi péremptoire (et pas réellement argumentée), à mon humble avis.
Après, chacun est libre de dire ce qu'il veut (surtout chez lui :wink: ) et j'en resterai là sur ce sujet. J'attends avec impatience le prochain article de ce blog très intéressant.
Il faut toutefois rappeler que les meilleurs logiciels de développement (Lightroom, Capture One, DxO Optics Pro et, à un degré moindre, Aftershot Pro) sont disponibles sur Mac et Windows. Il en va de même pour RawTherapee dont la version 4 est stable, gratuite, disponible également sur Linux et très recommandable. Votre fiction est donc passablement hors sujet et, ceci étant dit de façon très amicale, assez symptomatique de la pensée complotiste des linuxiens militants. Mais c'est un autre débat...
Mais c'est sans doute parce que je n'en suis pas un. Un indice : un vrai linuxien militant (non professionnel de la photo) n'achèterait pas une licence DxO Optics Pro 10, un logiciel non libre beurk l'obligeant à dual-booter ou virtualiser un OS non libre re beurk :wink:
Bonne soirée !
Je suis pragmatique, j'utilise linux parce que ça me convient mais je ne suis pas très fan des intégristes du libre (des intégristes tout court, en fait). Mon switch (non définitivement entériné à ce jour) de DxO 10 à Darktable n'a rien à voir avec libre ou pas libre. C'est juste que je trouve plus commode et naturel d'utiliser un logiciel natif que via une virtualisation ou un dual-boot (même si ces solutions marchent).
[...] de mon point de vue, la seule vraie liberté est celle du choix.
Sans des formats ouverts et standardisés, il n'y a pas de liberté et malheureusement ce n'est pas le cas pour les historiques de développement ; je ne suis d'ailleurs pas sûr que cela soit vraiment possible (excepté peut-être pour les réglages de base). Bien sûr, à défaut de pouvoir changer de logiciel sous peine de perdre ces historiques, il reste celui de pouvoir changer d'OS et ce n'est pas négligeable, je l'admet. Cependant pour la majorité qui ne re-exporte quasiment jamais ses vieux raw*, que vaut-il mieux : choisir le logiciel qui lui convient le mieux disponible sous son OS actuel ou bien s'imposer un pré-requis réduisant son choix sans réellement lui apporter de liberté supplémentaire** ?
*ou qui, dans ce cas rare, accepte de les redévelopper.
**Vous allez me répondre que ma question n'a pas lieu d'être car il y a RawTherapee qui donne le beurre et l'argent du beurre (pour un linuxien) et j'aurai encore perdu la bataille
Sinon, il y a une différence entre ne pas exporter ses Raw et ne plus jamais pouvoir le faire. Dans le premier cas, l'opération est latente, dans le second elle est impossible et tout le travail est perdu.
Allez, on va peut-être arrêter là. Mes articles ne s'adressent de toute façon pas aux linuxiens dont la rationalité est très personnelle, pour dire les choses pudiquement. Le but de cet article est seulement d'affaiblir une idée fausse qui se propage dangereusement, et de donner quelques conseils pour réduire les risques de se retrouver dans une situation semblable à l'avenir. Après, chacun fait bien ce qu'il veut...
NB. J'aurais certainement beaucoup moins pollué les commentaires (si si je le reconnais et j'admire votre patience) sans votre acharnement à me classer dans la catégorie des linuxiens barbus alors que je ne suis qu'un utilisateur opportuniste et satisfait...
Que les choses soient claires : je respecte le choix de Linux comme OS, que je connais bien pour subir du Unix/Linux depuis une éternité au boulot. Ce qui me gène chez les linuxiens, c'est la distorsion dogmatique de leurs arguments et l'accusation de compromission avec le monde "commercial" envers quiconque ne pense pas comme eux. Comme si payer pour bénéficier du travail de nombreux ingénieurs et développeurs était la pire des hontes sur cette planète. Il n'y a guère que l'univers logiciel dans lequel l'idée qu'un travail mérite salaire est ainsi dénoncée...
Mais j'ai bien compris que vous étiez quasiment glabre ! :mrgreen:
S'engager pour Lightroom revient à 143€ annuels ! Alors si on n'a pas besoin de Photoshop, comme c'est mon cas la question est réglée. Media pro chez Phase One est très basique (c'est un gestionnaire de fichiers camouflé et pas intuitif du tout, un peu comme Elements Organizer chez Adobe), Photo Supreme semble intéressant mais en anglais, Photus n'a pas vraiment de gestionnaire...
Bon alors quelqu'un a une idée ? Cette année je continue avec Aperture car je ne m'en sers que comme gestionnaire (je développe avec DxO et finalise avec Elements/Nik/MacPhun en plugins Aperture) et tous mes originaux en raw sont gérés via le finder. Mais je suis bien d'accord, ne rêvons pas sur des migrations sans heurts et mieux vaudra utiliser la fonction "export" d'Aperture.
Après, il existe de nombreuses combinaisons pertinentes entre un catalogueur et un logiciel de développement stricto sensu, mais pour atteindre le niveau de Lightroom, il faut miser plus (DxO Optics Pro ou Capture One Pro + Photo Supreme, par exemple). Du coup, l'argument du coût de Lightroom, même sur abonnement, perd beaucoup de sa pertinence.
Je ne comprends pas pourquoi il y a urgence à basculer vers une autre solution. A moins d'avoir un nouvel APN non supporté et encore, je pense que la reconnaissance des RAW est plus lié au système (Mise à jour RAW).
Je vois dans "Photo", une passerelle directe entre mon iPhone et mon Mac/iPad.
Aperture peut très bien continuer d'être utilisé en parallèle et je ne pense pas qu'Apple va empêcher de l'utiliser.
Je peux même remarquer que dans Photo si vous sélectionner des photos et que vous voulez les envoyer/partager, il existe un raccourci direct vers Aperture :wink:
On ne perd l'utilisation d'Aperture que si l'on a un besoin urgent de faire évoluer son système. Aperture marche et marchera bien au moins de 10.6.8 -> 10.10.x
Il y a longtemps que j'ai laissé de côté la frénésie de vouloir avoir toujours la dernière version d'un système d'exploitation. Il suffit de regarder l'industrie qui fait de même.
Discussion très intèressante, il me semble avoir cependant loupé quelque chose.
Développant mes RAW sous DXO. Travaillant ensuite sous photoshop et Indesign
Mon utilisation d'apertune se contentait de gérer ma base de données 30000 Raw et leurs métadonnées.
Le tout stocké dans des disques quatre baies en Raid 5, et Un export en cours ! de la totalité de mes RAW chez JOOMEO.
Effectivement certaines fonctions comme les envois de mail et petites pages HTML me rendaient bien service .
mais c'était là les seules utilisations .
Alors, ma question : vers quel logiciel pour cataloguer mes RAW sachant que je dispose de l'abonnement CC d'adobe
Merci
Sinon votre site est une mine d'or qui m'accompagne dans mon univers professionnel en Martinique
Cordialement
Laurent Juhel
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