Aoû
26
2013
Idée fausse # 16 : l'abonnement est l'avenir commercial des logiciels
Le changement de politique commerciale d'Adobe a fait grand bruit à la fin du premier semestre, et Alpha-numérique s'en est largement fait l'écho. La bascule brutale d'un modèle classique en licences perpétuelles à un système d'abonnement obligatoire (défavorable aux photographes et à bien d'autres utilisateurs) a profondément changé la donne s'agissant d'un éditeur dont plusieurs logiciels sont des standards du monde professionnel. En réaction, plusieurs éditeurs concurrents ont affirmé leur fidélité aux licences perpétuelles. Pour autant, rien ne dit que d'autres ne suivront pas la voie tracée par Adobe.
Nous allons bien sûr revenir sur cet événement dans cette chronique, mais en élargissant le propos afin d'examiner la viabilité des solutions sur abonnement et leur intérêt pour l'utilisateur. Nous irons au-delà du strict cadre de la photographie afin de voir si d'autres domaines logiciels ont opté pour une commercialisation sur abonnement, obligatoire ou optionnelle, et si cela s'est fait au bénéfice des utilisateurs.
Évoquons en premier lieu l'appellation "Cloud" qui est mise à toutes les sauces sans que l'on comprenne toujours bien de quoi il s'agit. Dans l'univers logiciel, il peut avoir deux acceptions. La première, banale, consiste à fournir à l'utilisateur un espace de stockage Web. La seconde est relative au "Cloud computing" : les applications tournent sur un serveur distant et se pilotent au travers d'une interface Web. C'est le cas par exemple des webmails (GMail, Hotmail, etc.) ou des Webapps bureautiques de Microsoft et Google. L'intérêt du Cloud computing est double : pouvoir accéder aux applications depuis n'importe quel terminal, mais aussi déporter la puissance de calcul, ce qui permet d'utiliser des applications sur des périphériques peu performants.
Un système d'abonnement a déjà été mis en oeuvre dans plusieurs domaines professionnels (gestion, CAO, etc.), soit comme simple modalité commerciale, soit en SaaS (Software as a Service). Ce dernier cas, qui inclut a priori un fonctionnement en Cloud computing, ne concerne pour l'heure que des applications peu gourmandes et ne manipulant pas de trop gros fichiers, mais avec la croissance des débits Internet, des programmes de plus en plus lourds pourront tourner dans le Cloud. En photographie et en vidéo, le Cloud computing avec des logiciels comme Photoshop ou Premiere n'est toutefois pas pour tout de suite. Pour autant, du fait du nom choisi par Adobe, beaucoup d'utilisateurs ont légitimement cru que le Creative Cloud relevait du Cloud computing alors qu'il n'offre en réalité que quelques gigaoctets d'espace de stockage, comme en proposent gratuitement de nombreux éditeurs (Dropbox, Skydrive, Google Drive, etc.). Les logiciels d'Adobe s'installent bien sur votre ordinateur, comme au temps de la Creative Suite. En pratique rien ne change, sinon l'obligation de s'abonner à vie et de se connecter à intervalle régulier pour ne pas risquer une dévalidation des logiciels...
Pourquoi le Creative Cloud d'Adobe a-t-il été aussi mal accueilli par les photographes ? Si on met de côté l'aversion que l'on peut nourrir pour le principe même d'abonnement (quel que soit le domaine), on peut distinguer deux raisons. La première est comptable : alors que l'abonnement est plutôt synonyme d'économies pour le client, c'est l'inverse avec le Creative Cloud (lire l'article Décryptage des tarifs du Creative Cloud d'Adobe). La seconde raison concerne la nature du produit : un logiciel est un outil et, sauf usage très ponctuel, on ne loue pas un outil. Il serait ainsi difficilement imaginable de payer chaque mois pour un marteau ou une paire de ciseaux. On s'abonne à un magazine, à une chaîne TV, à un opérateur téléphonique ou à EDF, donc à des contenus ou à des services, mais pas à un outil. Sauf bien sûr si l'abonnement est intéressant financièrement pour l'usage qu'on a dudit outil ou si... on n'a pas le choix. Adobe a considéré que ses grands comptes étaient suffisamment captifs pour basculer son modèle commercial, au risque de perdre ses "petits" utilisateurs (dont font partie les photographes).
Pourtant, quand on examine le cas de la suite Office de Microsoft, on se dit qu'une solution aurait pu satisfaire tout le monde. Microsoft a calibré ses offres d'abonnement pour qu'à chaque situation puisse correspondre une solution intéressante, pour les professionnels comme pour les particuliers. Et pour les rétifs à l'abonnement, la suite Office est toujours vendue en version boîte classique. Prenons l'exemple d'un particulier. Avec Office 365 sur abonnement, il peut installer la suite complète sur 5 ordinateurs (PC ou Mac) et cinq appareils mobiles. Il pourra s'agir des ordis des membres de sa famille, d'amis ou que sais-je encore. Il lui en coûtera 99€ par an, soit environ 300€ sur la classique période de 3 ans entre deux versions d'Office. La version boîte 1 poste de la suite Office Famille et Étudiant 2013 coûte 119€ (avec seulement 4 des 6 logiciels d'Office 365). Pour 5 postes, il faudrait donc débourser environ 600€, soit le double. Même pour ceux, assez nombreux, qui sautent une version d'Office, l'abonnement 365 reste intéressant. Quant aux nombreux autres avantages liés à l'abonnement, ils seraient presque susceptibles de convaincre ceux qui sautent deux versions en restant une dizaine d'années avec la même suite. On le voit, satisfaire tout le monde ou presque est donc possible.
Dernier exemple que vous ne connaissez sans doute pas encore : l'éditeur ACDSee vient de mettre en place un système d'abonnement nommé ACDSee 365. Annoncé il y a deux jours, il a été retiré quelques heures plus tard (les plâtres n'étaient peut-être pas secs, mais vous en trouverez des traces si vous tapez "ACDSee 365" dans un moteur de recherche). Le principe est de proposer un abonnement à 76€/an donnant accès à tous les logiciels photo et vidéo (actuellement ACDSee Pro 6, ACDSee 16, ACDSee Photo Editor 6 et ACDSee Video Converter Pro 3 sur Windows, et ACDSee Pro 2 sur Mac), avec en prime un stockage illimité sur ACDSee Online. Le problème avec cette offre est double. D'une part les logiciels photo sont passablement redondants (ACDSee Pro suffit), d'autre part l'offre pour Mac se réduit à un seul logiciel et s'avère sans intérêt au regard de son prix et du tarif de mise à jour. ACDSee 365 ne conviendra donc qu'à certains utilisateurs, par exemple ceux qui utilisent un Mac et un PC, ou encore ceux qui se satisferaient d'avoir la version Pro sur leur ordi principal et la version classique sur un autre ordi. Quoi qu'il en soit, cet abonnement étant optionnel, la liberté de choix est préservée.
L'abonnement est-il l'avenir commercial des logiciels ? Ces trois exemples montrent qu'il constitue à tout le moins une option complémentaire que les utilisateurs peuvent choisir si elle est financièrement intéressante. Payer 99€ par an pour bénéficier de la suite Office sur 5 ordinateurs peut convenir à de nombreuses personnes. Payer 295€ par an, sans échappatoire, pour utiliser Photoshop (sur deux ordinateurs, mais reliés au même compte Adobe) ne concerne clairement que les professionnels, quelques amateurs fortunés et tous ceux qui auront mis le doigt dans l'engrenage en se faisant piéger par le marketing et les offres d'appel (valables seulement la première année). Si un logiciel n'est disponible que sur abonnement et que le tarif est peu séduisant, mieux vaut en choisir un autre au plus vite avant qu'il ne devienne indispensable. S'il l'est déjà, cherchez tout de même une alternative...
Commentaires
- Que l'utilisateur paie pour un test (je teste un mois : 36€ c'est mieux qu'une license plein pot et Adobe rentre 36€ plutôt que 30 j. d'évaluation gratuite)
- La régularité des revenus pour Adobe.
- Le contrôle des licenses pour éviter le piratage (pour le coup ce sera certainement un coup d'épée dans l'eau, puisqu'effectivement il ne s'agit pas d'une application hébergée).
En revanche, une erreur : "si vous tapez "ACDSee 365" dans un navigateur", c'est plutôt "si vous tapez "ACDSee 365" dans un moteur de recherche", même si les navigateurs récents tendent à faire croire l'inverse en fusionnant la barre de recherche et la barre d'adresse.
Mis à part pour pour quelques cas particulier j'ai du mal à voir l'intérêt pour l'utilisateur, alors que je vois bien celui des éditeurs.
Je reste donc dubitatif face à l'engouement de certain pour perdre la main sur leurs données, et/ou s'engager à vie pour pouvoir continuer à y accéder.
À titre d'exemple "ciel" m'appelle environs tous les mois pour me proposer la version abonnement de mon logiciel pro de paie et de compta. Et à chaque fois le commercial semble surpris que je n'apprécie pas que mon droit d'utilisation s'arrête avec la fin de mon abonnement.
Pour conclure j'ai une fâcheuse tendance à penser que c'est de notre responsabilité à tous (quand on a le choix ) de nous assurer de comprendre nos contrats de licences et leurs conséquences pour notre avenir
Ymf
Cette augmentation n'est pas acceptable et à été effectuée de façon unilatérale sans demande d'accord de notre part.
En représailles et pour manifester notre désaccord Nous n'accepterons plus aucun fichier sous quelque format que ce soit de cet éditeur dans un format d'enregistrement ultérieur aux versions CS3.
Vous devrez systématiquement enregistrer vos fichier sous cet ancien format dit compatible CS3.
Client Adobe depuis plus de 20 ans cela signifiera la fin de notre collaboration avec cet éditeur et de fait nous ferons tous de substantielles économies.
The Adobe editor advantage of its dominant position on September 8, 2013 increased our subscriptions to their software suites over 20%.
This increase is not acceptable and was made unilaterally without consent solicitation on our part.
In retaliation and to express our disagreement We will not accept any files in any format whether this editor in a recording format to CS3 later versions.
You will automatically save your file in the old format CS3 Compatible.
Adobe customer for more than 20 years will mean the end of our collaboration with the editor and all of us will make substantial savings.
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