Juil
24
2010
Sony 500 mm f/8 : découverte et prise en main sur le terrain
Parmi tous les objectifs Minolta que Sony a repris dans sa gamme Alpha, il en est quelques uns qui sortent de l'ordinaire. On peut citer le sublime Sony Alpha 135/2,8 [T4,5] STF, qui a fait l'objet d'un article sur Alphanum, mais on peut également remarquer le Sony Alpha 500/8, tout à fait unique en son genre.
Je vous propose dans cet article de découvrir le potentiel sur le terrain de cette singulière optique. Il ne s'agit donc pas d'un test technique mais du compte rendu circonstancié d'un utilisateur soucieux de témoigner de son ressenti "dans la vraie vie", écrit dans le même esprit que la découverte sur le terrain du Sony 70-300 G.
Qu'est-ce qui rend cet objectif si particulier (on le devine en regardant l'objectif de face) ? Que ressent-on quand on le tient en main ? Qu'est-il en mesure de fournir comme clichés en conditions d'utilisations réelles ? Telles sont les questions auxquelles je tente ici de répondre.
Cette prise en main est réalisée sur un Sony Alpha 900.
1. Prise en main
En main, l'objectif fait sérieux et donne une impression de solidité. Son diamètre est de 82mm et il accuse environ 750g sur la balance, ce qui est très raisonnable, d'autant que sa taille est incroyablement compacte pour un 500mm (il est n'est pas plus long qu'un Carl Zeiss 16-80/3.5-4.5 déplié). Son design est à l'image de tous les autres objectifs de la gamme : sobre et épuré. La bague de mise au point est large et agréable, la baïonnette est en métal, le fût est pourvu d'une échelle de distance de mise au point ainsi que d'un bouton qui permet de verrouiller la mise au point (et, selon le boîtier, ce bouton peut aussi servir pour prévisualiser la profondeur de champ).
Un examen plus attentif permet de remarquer deux éléments particuliers. En premier lieu, on note la présence d'un filtre à l'arrière de l'objectif, qui se clipse très facilement. Pour les cas de très fortes lumières, un second filtre plus sombre (un ND4 livré avec l'optique) pourra venir prendre la place du filtre neutre inséré par défaut. En second lieu, on constate que l'élément frontal est très différent des autres objectifs (nous y reviendrons plus loin). Cet élément frontal est protégé par un capuchon de cuir doux très bien conçu. Cet astucieux capuchon de cuir joue également le rôle de porte filtre et permet de recevoir le second filtre sus-mentionné.
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2. Un objectif à part
La vignette qui introduit l'article le montre clairement, cet objectif est particulier. Ce 500/8 est un objectif catadioptrique, c'est-à-dire un système optique fonctionnant à la fois avec des lentilles et des miroirs. La coupe transversale de l'objectif montre bien la présence de deux miroirs et de lentilles.
Sa conception ressemble à celle d'un télescope. A l'aide de lentilles et de deux miroirs, les rayons lumineux sont réfléchis et amenés vers le capteur du boîtier. On peut voir sur le schéma suivant la double réflexion qui amène les rayons lumineux vers le capteur.
Cette conception particulière a deux conséquences pratiques sur le comportement réel de l'objectif :
• D'une part, l'ouverture du diaphragme est irrémédiablement fixée à f/8. C'est une conséquence très importante puisque des trois paramètres déterminant l'exposition (ouverture, vitesse d'obturation et sensibilité ISO), seuls les deux derniers sont accessibles au photographe, alors que traditionnellement c'est souvent sur l'ouverture "que l'on joue". Avec une telle ouverture fixée à f/8, cet objectif se révèle moins polyvalent et se destine principalement aux photos en extérieur. A l'opposé, le second filtre, un ND4 nettement plus sombre, permet de faire face aux conditions très lumineuses en divisant la vitesse par 4.
• D'autre part, seul le collimateur central peut être utilisé. Sans entrer dans trop de considérations techniques, il faut savoir que la mise au point avec un objectif se fait toujours à pleine ouverture, le diaphragme ne se fermant à l'ouverture désirée qu'au déclenchement. Plus un objectif est lumineux, plus il dispose de lumière pour réaliser la mise au point, et plus il se révèle efficace dans cet exercice (ce n'est évidemment pas le seul facteur qui explique l'efficacité de la mise au point, loin s'en faut). La conception catadioptrique diminue fortement la luminosité parvenant aux collimateurs par rapport à l'ensemble du champ. Ceci ajouté à la faible luminosité globale en sortie d'objectif empêche normalement le fonctionnement de l'AF. Cet objectif en particulier a été conçu spécifiquement pour rediriger une quantité importante de lumière ponctuellement sur le collimateur central, afin de permettre à l'AF de fonctionner normalement. A ma connaissance, aucune autre marque ne propose un tel objectif catadioptrique avec autofocus fonctionnel.
3. Utilisation sur le terrain
En conditions d'utilisation réelles, ce 500/8 s'est révélé très plaisant. On dispose, pour un prix et un encombrement très modérés, d'une focale impressionnante (et encore davantage sur capteur APS-C !). C'est parfait pour saisir un détail, photographier "l'inaccessible" ou pour pratiquer le portrait à longue distance. En revanche, une telle focale demandera tout de même un certain effort de stabilité. Avec la stabilisation embarquée dans nos boîtiers, on est parfois tenté de négliger son équilibre lors de la prise de vue, ce qui m'a conduit à rater quelques clichés. Cela étant, avec une telle focale, tout mouvement trop important se voit immédiatement dans le viseur qui se transforme rapidement en "vue sur mer houleuse", mais un court temps d'adaptation suffit pour "se régler".
L'autofocus s'est révélé véloce et accrocheur. Il n'est ni plus ni moins efficace que celui des autres objectifs que j'ai pu utiliser jusqu'à présent. C'est assez logique puisque c'est le boîtier qui prend en charge la motorisation de l'objectif, comme pour toutes les optiques non SSM ou SAM. A noter également que la mise au point minimale à 4m n'a jamais été un soucis. Il ne faudra toutefois pas espérer faire de la proxy avec ce 500mm.
Malgré le grand soleil dont j'ai le plus souvent bénéficié lors de mes prises de vues, à aucun moment je n'ai eu besoin d'utiliser le second filtre plus sombre mais il faut dire que l'Alpha 900 possède un obturateur au 1/8000s, et que je surexpose très fréquemment de +0,3EV voire +0,7EV. Avec un boîtier qui ne demande pas de surexposition et possède un obturateur au 1/4000s, je n'exclus pas le recours à ce filtre.
Le bokeh de cet objectif présente une particularité unique. Il présente parfois des formes toroïdales (en forme de tore) aussi appelé effet "Donuts". La conception particulière de l'objectif induit parfois ce flou d'arrière plan très particulier qu'il faut savoir apprécier. J'ai essentiellement obtenu cet effet avec des arrières-plans fait de feuillages que je qualifierai de "multi-facettes". Avec un arrière-plan plus uniforme, je n'ai eu pratiquement aucun désagrément.
Voici trois exemples qui montrent cet effet. Les deux premiers clichés parlent d'eux mêmes et ont d'ailleurs été obtenu avec des feuillages en arrière-plan. Le troisième cliché montre qu'un élément de l'arrière plan (un ou deux insectes ?) a généré une perturbation. Chacun jugera jusqu'à quel point cette particularité du bokeh est gênante ou disgracieuse.
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4. Mon verdict
Le Sony Alpha 500/8 est un objectif très attachant, c'est une certitude. La qualité est au rendez-vous, même si le bokeh est parfois particulier. C'est aussi un objectif de compromis puisque sa conception fixe l'ouverture à f/8, et de ce fait limite le cadre de son utilisation aux conditions bien éclairées. En revanche, il donne accès à une focale réellement impressionnante pour un prix très modéré (899€ prix officiel Sony, 740€ dans les meilleures boutiques françaises, et on peut espérer le trouver à ~450€ d'occasion, voire un peu moins si on accepte la version Minolta), et un encombrement qui ne l'est pas moins. A n'en point douter, cet objectif ravira les amateurs de très longues focales et surprendra favorablement ceux qui l'essayeront.
5. Photos
Voici ce quelques clichés réalisés sur la semaine qui peuvent illustrer le type de photos que l'on peut réaliser. Cliquez sur la photo pour une vue en plus grande résolution.
Commentaires
les phtos sont vraiment tres belle, mais ça c'est sans doute dû au tat du photographe ! :wink:
question:
les photos ont-elles été post-traitées (accentuation) ?
merci beaucoup pour tes articles qui permettent de mieux connaitre quelques optiques Alpha de la gamme.
Je peux fournir les RAW de quelques photos si vous le voulez, de telle manière que vous puissiez voir ce qu'ils "ont dans le ventre".
Je vous renvoie sur cette question au sujet qu'on a fait en ouverture de la campagne de comparatifs (www.alpha-numerique.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=476:comparatif-de-logiciels-a-hauts-iso-2-reduction-du-bruit-et-accentuation&catid=70:comparatifs&Itemid=321) de logiciels de développement.
farm4.static.flickr.com/3392/3493111981_a6188cef0e_b.jpg
Est-ce qu'il y a une différence de qualité non apparente entre ce 500mm et le 500mm Minolta acheté il y a 15 ans environ.(neuf,pratiquement jamais utilisé)
Cette optique Minolta peut-elle convenir pour un Alpha 550.
Merci pour votre réponse.
cordialement.
1. Ce 500/8 est parfaitement compatible et adapté à l'Alpha 550. Il fera un "750/8" impressionnant !
2. Le Sony est une copie "conforme" du Minolta, à ceci près qu'il est possible que le traitement de surface des lentilles aie été revu et amélioré par Sony. Cela a déjà été constaté pour pas mal d'optiques Minolta reprises par Sony mais je n'ai pas d'information particulière concernant le 500/8.
Cet article m'intéresse au plus haut point,pas que j'ai envie d'acquérir un Sony 500/F8, mais parce que je possède un Sigma 600/f8 catadioptrique qui me pose des problèmes de compatibilité. Cet objectif acheté pour équiper un Minolta AF5000 fonctionnait très bien sur ce boîtier, en mise au point manuelle bien sûr, mais l'exposition se faisait correctement. Le problème est qu'avec les boîtier plus évolués qui ont suivi (Dynax 505si, 800si et même Alpha 550), il est inutilisable, sauf avec le Dynax 7 qui a une option DECLANCHEMENT SANS OBJECTIF. Donc qui peut le plus ne peut pas forcément le moins.
Je sais que je suis de nature plutôt optimiste, mais en électronique rien n'est impossible et il me semble que les ingénieurs de chez Sony devraient pouvoir régler ce problème assez facilement, soit en permettant le déclanchement sans objectif, comme sur le Dynax 7, ou mieux en permettant, en mode A ou M, l'introduction d'une valeur d'ouverture fixe.
Auriez-vous des information supplémentaire sur la technique employée pour rendre l'auto-focus opérationnel avec le Sony 500/f8, cela me semble un beau tour de force.
Cordialement.
Frédy
En fait la raison est simple, embêtant mais logique : la partie électronique de ces anciens objectifs est faite par retroengineering, autrement dit en piratant plus ou moins une électronique Minolta pour décoder le protocole de communication.
Le problème est que cette manière de procéder, plutôt "grossière", ne garantit pas du tout la compatibilité avec les boîtiers futurs, car la communication ne respecte pas une norme mais copie un échange d'informations...
Ces incompatibilités se produisent souvent avec les marques tierces, mon 50 macro n'avait pas de diaphragme fonctionnel.
Il est possible de faire changer la puce embarquée, SI la mise à jour existe et SI il reste un stock. Dans votre cas, l'objectif catadiotrique est une bénédiction : pas besoin de contrôle ni d'affichage du diaph, "il suffirait" d'autoriser le déclenchement. Et c'est possible (au moins sur les Sony numériques) en passant en mode M : le verrouillage du déclenchement saute, et l'indicateur d'exposition dans le viseur permet de régler la vitesse avec un repère.
Seul souci, vous perdrez la stabilisation. Les A100 et 700 permettent aussi de désactiver ce blocage par menu et ainsi d'utiliser le mode A...
L'Alpha 550 fonctionne bien comme expliqué. Si on perd la stabilisation ce n'est pas bien grave, avec une telle focale il vaut mieux travailler sur trépied de toute façon. J'avais pourtant l'impression de l'avoir testé en mode manuel, mais peut être bien en MF plutôt qu'en mode M, ce qui ne produit pas du tout les mêmes effets.
Je n'ai pas répondu plus vite, car lors des tests j'ai rencontré un problème d'exposition assez étrange. En visée optique l'exposition est correcte, le boîtier proposant, si mon interprétation des histogrammes est exacte, une sous exposition de 2/3 ou 1 IL. En Live View par contre, l'exposition semble complètement décalée, toujours sous réserve, de 4 IL, ce qui produit des images pratiquement noires.
Je ne vois rien dans le fonctionnement de l'appareil qui puisse provoquer une telle différence qui n'existe pas avec un objectif AF normal.
Auriez-vous une explication à ce phénomène?
Cordialement
Frédy
Lors de la sortie des A500/550, Sony a communiqué (entre autres) sur l'amélioration de la stabilité d'exposition entre les modes de visée optique/live view. En clair, en visée optique le calcul d'expo est fait par le capteur "nid d'abeille" classique façon Minolta, alors qu'en LV la mesure est faite directement sur le capteur secondaire de visée, de la même manière qu'elle s'effectue sur un compact.
Sur les A300/330, il y avait parfois de grosses différences d'interprétation conduisant à des écarts sensibles sur un même scène. Le logiciel a été amélioré, certainement du côté LV car le comportement en visée optique n'est pas visiblement différent ou meilleur. avec pour conséquence une différence d'exposition beaucoup plus marginale.
En utilisant la visée optique avec un objectif ne permettant pas la reconnaissance du diaph (M42), j'obtiens une sous-exposition de plus en plus marquée à mesure que je ferme le diaph. Mais pas une sous-ex "mathématique" du type 1 diaph de moins = 1IL de sous-ex, mais bien plus limitée. En gros sur l'A100, je pars d'une sous-ex d'1/2 IL à f/2.8 pour arriver à -2 IL à f/8...
Difficile à expliquer, la visée et la mesure de lumière se faisant à diaph "réel" sur un objo M42, la mesure pas prévue pour ce cas de figure doit être perturbée car elle fonctionne en déduisant l'exposition nécessaire d'une mesure à pleine ouverture et corrige selon le diaph affiché sur le boîtier. On pourrait penser qu'une mesure à ouverture réelle sans renseignement du diaph fonctionne parfaitement, mais à l'évidence ce n'est pas le cas...
Dans le cas d'un "cata" à diaph fixe, on détermine la correction d'exposition à appliquer une bonne fois pour toutes, et ça doit suffire dans la majorité des cas. En visée optique... En Live View, on retombe dans le cas de figure de l'écart avec la mesure "façon compact" sur le capteur secondaire de visée, et j'imagine que les améliorations proposées n'ont pas pris en compte l'utilisation avec de tels objectifs.
Je ne vois pas d'explication simple et rationnelle pour quantifier un tel écart, mais au moins en connaissant l'existence de 2 types de mesure totalement différents selon le mode, on comprend que l'écart puisse exister :wink:
Je vais mettre à profit toutes ces explications et continuer des tests systématiques à l'occasion. Si je constate quelque chose de plausible, je ne manquerai pas de vous le faire savoir.
Cordialement
Frédy
C'est le seul téléobjectif que peut porter ma fille de 7 ans, passionnée de photos d'oiseaux. L'autofocus fonctionne à merveille, même pour des oiseaux en vol.
Bien sûr, sur trépied c'est mieux mais avec le stabilisateur de l'A550, les résultats à main levée sont excellent.
Le seul bémol, c'est le collimateur central qui oblige à composer la photo en deux temps (et de désactiver l'AF-C) pour les "grosses bêtes".
Voyez par exemple cette galerie :
www.casimages.com/show/chloe03/179298/
Bien cordialement
Éric
J'ai voulu photographier des loups ce weekend et avec mon 70-200/2.8 G, je suis bien trop court ... Le 70-400 G est attirant, mais cher pour le budget que je veux mettre.
Autre question : où le trouver ? (le site de Sony ne le vend plus, digit-photo, missnumerique non plus ...)
Merci !
En revanche, il est effectivement très difficile à trouver (il semble qu'il soit discontinué), et je n'ai hélas pas de tuyau. On en trouve sur le marché de l'occasion, ou sur des sites étrangers. Si j'en repère un, je le signalerai.
Des gens qui possèdent les deux téléconvertisseurs Sony m'ont dit que le TC14 dégradait moins la qualité d'image et que le TC20 ne servait que pour les "sauvetages" ? Du coup, je me prendrai bien le 500/8 pour de l'animalier occasionnel, et verrai plus tard pour transformer mon 70-200/2.8 en 100-300/4 ... Qu'en penses-tu ?
S'agissant de la qualité d'image, ça dépend de quoi on parle. Dans tous les cas, on est très loin du sauvetage, et les résultats à f/8 ne sont pas loin d'être comparables en termes de piqué. A f/5.6 en revanche, la solution avec le 70-200/2.8 est un peu plus molle, mais cela reste bien suffisant pour des tirages jusqu'à A4 avec un peu d'accentuation. Parler de sauvetage avec le 70-200/2.8 + TC2X me fait un peu rigoler, et vient sans doute de pixels peepers qui n'impriment pas leurs photos.
Cela étant, les résultats seront meilleurs avec un TX1.4X, la dégradation étant vraiment légère et l'AF pas ou très peu affecté.
Pour finir avec le 500/8, il va bien pour shooter de la bestiole sur fond uni genre ciel, mais sinon le bokeh est vraiment ignoble. Du moins, il faut aimer les donuts, et jaime pas... :wink:
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