Jui
08
2012
Réponses Photo Hors série n°14 / juin 2012
Je suis fâché avec Réponses Photo qui a démoli sans nuance le NEX-7, puis s'est clairement positionné contre la visée électronique, par principe et sans appel. C'est naturellement leur droit le plus strict, la rédaction étant libre d'aimer ou pas les matériels qu'elle teste. Difficile toutefois, dans ces conditions, de continuer à chroniquer le magazine : mon objectif est d'abord de partager, avec bien sûr un regard critique, un plaisir de lecture. Or, je n'ai aucune envie de me retrouver à chaque sortie d'un nouvel appareil Sony face au choix d'auto-censurer ce que je pense vraiment ou de le dire au risque de nuire au magazine. Aussi ai-je fait le choix de ne plus chroniquer Réponses Photo.
Je fais une exception aujourd'hui pour saluer le courage de la rédaction qui, tel un saumon remontant vers la source à contre-courant, vient d'oser un hors série entier sur la photographie argentique. Je l'ai lu avec grand plaisir (comme d'ailleurs les treize précédents opus toujours de très grande qualité) sans croiser de harangue passéiste ou anti-numérique. Même si vous n'imaginez pas une seconde tenter l'aventure de l'argentique, vous serez surpris par ce que vous lirez. Comme dans bien des domaines, on apprend plus de choses avec des personnes dont les points de vue divergent des nôtres qu'avec nos clones. Les huit photographes interviewés et "potfoliotés" présentent des oeuvres originales et chacun a un rapport différent à l'argentique et à l'univers numérique (matériel, scan, post-production, etc.)
Le long édito de Jean-Christophe Béchet est équilibré. On ressent bien sûr, à chaque ligne, son amour de l'argentique, mais il n'est jamais dans le panégyrique. Son essai de classification des argentistes en quatre familles (non étanches) est intéressant, même s'il fait abstraction de ce qui constitue de loin le plus gros bataillon des utilisateurs de film : ceux qui continuent par inertie ou manque d'intérêt pour la photo à utiliser des jetables argentique ou leur appareil familial (concept qui a disparu en numérique). Dans ce bon édito, seule l'hypothèse du refus de la polyvalence (qui fait florès en numérique) comme raison de préférer l'argentique ne m'a pas convaincu.
De la lecture de ce hors série, il m'est resté l'impression que l'argentique induit - ou requiert - une relation différente au temps et à l'efficacité. Quel photographe numérique supporterait aujourd'hui d'attendre plusieurs jours pour savoir ce qu'il a pu et su capter ? Nous sommes entrés dans l'ère de l'immédiateté et du partage instantané. Pour ainsi dire, de l'impatience. C'est fort judicieusement que Jean-Christophe Béchet a titré son édito Ralentir...
Néanmoins, il faut souligner que l'apprentissage de la technique photo est bien plus rapide en numérique, ce qui est de mon point de vue l'un de ses gros avantages. Commencer par le numérique pour apprendre et tenter ensuite l'aventure argentique me semble être le meilleur moyen de ne pas céder rapidement au découragement.
Le rapport à l'efficacité est également différent. Si les boîtiers argentiques sont, pour l'essentiel, des dérouleurs de film, les progrès technologiques induisent en numérique une course au matériel dont la vitesse d'obsolescence tranche radicalement avec ces boîtiers argentiques que l'on se passait parfois de génération en génération (le vénérable Topcon Unirex de mon père me regarde et surveille ce que j'écris). L'image parfaite est devenue une exigence au point que les "numéristes" ne supportent plus le moindre grain de bruit à 6400 ISO en zoom 100% sur écran, quand les "argentistes" se délectent du beau grain d'une T-Max 3200 sur un papier Fine Art.
Temps, efficacité, mais aussi quantité. La facilité offerte par le numérique est à l'origine de la déclenchite aiguë qui affecte les numéristes. Shootez, shootez, il en restera toujours quelque chose. Tel semble parfois être le mot d'ordre en numérique, et tant pis pour le cadrage, la composition et la recherche du moment qui exigent de la réflexion et de la patience. La caricature est peut-être cet appareil récent qui prend à chaque déclenchement plusieurs photos en rafale et choisit automatiquement la "meilleure" (!!!). Je pense que du point de vue de l'argentiste, cela doit représenter la quintessence de la négation de l'esprit de la photo.
La partie technique de ce hors série fourmille de renseignements sur les appareils qui valent encore le coup et sur les solutions pour scanner, développer et tirer ses photos. Le boulevard Beaumarchais (dit "boulevard de la photo") est ainsi passé au crible afin de vous indiquer les bonnes adresses.
Bravo à Réponses Photo pour ce hors série on ne peut plus audacieux en ces temps difficiles pour la presse papier. Il m'aura presque donné envie de recharger mes Minolta Dynax 9 Ti et Dynax 7 Ltd. Presque seulement, car ralentir n'est pas dans mon programme des prochains mois. Hélas...
Commentaires
Cependant, quelle est la proportion de photographes qui utilise encore l'argentique; beaucoup moins qu'un pour cent ! Dans mon club photos, on a eu des difficultés pour trouver quelqu'un qui veuille bien récupérer, gratuitement, tout notre matériel de développement argentique pourtant de haut de gamme. Les fabricants de film argentique cessent cette activité. On peut verser une larme, mais c'est un fait.
A celà j'ajouterai la compacité des objectifs de 35-40 mm, même très lumineux.
Et quel bonheur de ne pas avoir à choisir parmi 500 clichés pris en 2 heures !
Mais je sais que j'ai de la chance d'avoir une boutique photo près de chez moi qui développe encore les films argentiques et je croise les doigts pour qu'elle ne disparaisse pas...
Les moyens pour développer soi-même ses photos vont disparaître.
Vos négatifs vont s’abîmer et disparaître.
Résultat : vaut mieux tout numériser pendant que c'est encore faisable à moindre coût !
N'en resterait il que un qu'il aurait droit à son petit bout de ciel.
Mais tu es dans le vrai en ce sens que la vraie inquiétude est du coté de la pérennité des productions de films nous sommes pieds et poings liés avec l'industrie du film et leur passage au numérique porte à craindre le pire, enfin du moins pour ceux qui persistent et signent en argentique.
Encore que j'ai ma petite idée sur le sujet car il y a sept milliard d'habitants sur cette chère planète bleue et la numérisation rencontre de vrais obstacles dans les pays où les salles de projection ne sont pas sous la main de réseaux de distribution c'est à dire plus des trois quarts quand au quart restant dont nous faisons partie nous devons encore créer des copies film d’œuvres déjà numériques car même dans les pays technologiquement avancés il existe des propriétaires de salle qui s'organisent pour ne pas tomber sous le contrôle des distributeurs car la numérisation est aussi cela: On a une installation qui avec son maquis de contrats et licences vous ligotent jusqu'à plus soif avec un seul partenaire pantagruélique.
Je suis vraiment heureux, Patrick, d'avoir découvert ce b... pardon, ce site car il y a une grande honnêteté à exposer ses griefs sans vouloir pour autant lance de polémique, j'avais bien noté que Réponse Photo n'avait pas droit à sa petite revue de presse et je me gardais donc bien de le citer alors que je pense le plus grand bien de ce journal. pourquoi le plus grand bien? Parce qu'ils sont à la fois partisans et ouverts on a l'impression qu'ils montent ensemble une édition en un tout cohérent tout en affichant des positions différentes voila une attitude que j'aimerais voir plus souvent dans la presse.
Il n'y a pas assez longtemps que j'ai découvert les productions littéraires autour de la pratique photographique pour me souvenir de cette prise de position mais j'en ai autant au service de Chasseur, honneur aux Grands-bois n'est ce pas ? Quand ils descendent systématiquement en flèche les boitiers Sigma avec des omissions comme le fait qu'il faille aussi travailler avec des valeurs en isos limitées en moyen format comme c'est le cas avec le dernier Sigma et des calculs alambiqués pour démontrer que les photosites des Fovéon qui gèrent trois couleurs sont à comptabiliser à l'identique de photosites classiques qui eux pourtant naviguent, si j'ose dire, par trio de quatre
D'un coté comme de l'autre l'originalité est un produit éditorialement dangereux à manipuler et beaucoup par précipitation l'évacuent.
Il en va de même avec l'argentique pourquoi demander à ceux qui y retournent, la découvrent ou la poursuivent parfois comme on revient visiter une vielle maitresse, pourquoi leur demander de bouder leur plaisir ?
Je suis juste déçu que comme bien souvent Notre belle ville de Paris emporte le premier rôle alors que en province dans les autres capitales et ailleurs un vrai tissus de réparateurs vendeurs existe .
Cela pourrait être l'objet d'un prochain numéro guide.
Nous avions tenté sur un forum de lancer un fil listant toutes les adresses où l'on pouvait faire développer des films mais quelques esprits égocentriques en avaient profité pour étaler leurs griefs confondants les genres et se dévoilant ainsi comme de médiocres esprits car en faisant cela ils avaient brisé une tentative de faire connaitre l'existence de professionnels dont la réputation ne dépassait pas leur quartier ou leur ville.
Consternant, leur choix vis à vis de la visée électronique, et leur revue du Nex7 .....
J'oserais dire, qu'en tant que Sonyiste, bin çà ne m'étonne pas ....
Navrant.
Mais bon, Sonyistes, ne nous victimisons pas ^^
Pour l'argentique ...... un " bien bel "article, oui.
Je le prends comme un ptit conseil, un ptit recadrage ...
Prenons notre temps en numérique :-))
En revanche, ce type de hors série est courageux sans pour autant être hors sujet, malgré le faible nombre d'argentistes.
Je suis moi même près à bazarder tout mon sac de Nikon qui commence à être assez gros et lourd ,dès que Sony propose un plein format avec ce fameux miroir translucide car j'échangerais bien une vitesse ou deux contre une vision continue de la scène, le potentiel en isos de tous ces nouveaux capteurs faisant le lien.
La visée hybride commence à devenir crédible, pas encore assez mais on n'est pas loin de quelque chose. Par contre ce sera fini des essais d'optique en boutique comme ça au ressenti devant la porte ou en visant un rayon.
Je suis prés à prendre des photos avec un appareil qui aurait la configuration d'une paire de jumelles cela me rappellerait le bon temps et les atterrissages soignés, à partir du moment ou le rendu est un progrès par rapport à l'argentique et non un ersatz fut il numérique.
L'argentique à passer pour pertes et profits? pourquoi pas? tout cela me rappelle les discussions enflammées entre tenant de multicoques et de monocoques finalement ces deux approches de la croisière et de la course ont suivi chacune leur voies et sont complémentaires. on a vu de grands coureurs océaniques, en multicoque, armer à la croisière un bon et robuste monocoque pour aller frôler les glaçons en famille.
Il est vrai que le débat pourrait plus ressembler à la différence entre construction de coques en bois et constructions de coques en fibre composites ces dernières ont largement pris le dessus ce qui ne nous interdit pas de rêver devant une coque en bois restaurée ou magnifiquement construite par de jeunes artisans charpentiers passionnés de leur métier et poussés par des yachtmans qui veulent sentir vibrer leur bateau à la gite.
Maintenant pour ce qui est de la moyenne d’âge du lectorat en admettant qu'elle soit vraiment élevée ce n'est pas pénalisant pour l'avenir de cette équipe car la moyenne d'age en notre vielle Europe est plutôt vers les 30% de seniors Français compris et ces seniors sont souvent plus à même de financer leurs caprices que les petits D'jeunes
Je vais avec plaisir sur un forum de pratiquants du moyen format et au vu des profils de participants je ne vois quasiment que des gens à l'aube de leur vie d'adulte et peu au couchant. Mais il s'agit sans doute de ces exceptions qui tout à leur passion ne participe pas aux statistiques
Ah au fait !
@Ronin: Pourrais tu arrêter de faire semblant de ne pas savoir écrire? cela ne te vas pas.
Dans le numéro suivant, à propos du Fuji X10 et de son petit viseur étriqué qui ne cadre que 85% de la scène, le même auteur écrit : "Un retour aux sources qui replace l’œil au bon endroit, dans l'intimité du cadrage, sans lui infliger une image électronique".
Dans l'intimité du cadrage de 85% de la scène...
Quand un magazine manifeste de façon aussi caricaturale sa préférence pour un viseur ridicule mais optique face à une visée électronique Oled 100% aussi large que celle des boîtiers pro plein format, il faut bien se rendre à l'évidence et passer son chemin. Sur cette base, et sachant que Sony a abandonné la visée optique, tu sais d'avance que les tests à venir seront lourdement faussés par un parti pris aussi radical.
Sinon, pour ce qui est de l'expression écrite, il faut être un peu tolérant : la zone des commentaires n'a pas vocation à finir dans la Pléiade. J'en commets moi-même de belles, quand j'oublie de relire... :wink:
Je dois avoir classé quelque part ce numéro et je m'en vais de ce pas tenter de mettre la main dessus
Mais tu sais les viseurs...
J'ai essayé le viseur du Fuji X100 en balayant rapidement le champs de vision et j'ai retrouvé ce désagréable fourmillement qui m'avait gêné dans mon bridge Fuji S100 par ailleurs performant.
Puis j'ai essayé le petit X10 la vue y est minimaliste mais chaque mouvement et pour cause y est instantanément reproduit et ça, ça vaut de l'or.
Maintenant je suis étonné effectivement que le capteur APs-c du Nex soit mal noté quand on retrouve le même chez la concurrence où il est encensé.
Mais tu sais, je ne me fais pas beaucoup d'illusions sur la rationalité des écrits destinés aux consommateurs fussent ils des gens capables de dépenser un smig mensuel pour acheter un hybride juste pour voir donc très certainement des gens avertis des faiblesses humaines..
Je te propose de relire l'essai du Nikon D800 de cette revue,. C'est à mon avis le plus complet de ce que la presse hexagonale a produit à ce jour. Ce mois la, Réponse a vraiment respecté ses lecteurs.
Comme RP fait maintenant souvent des revues type "expériences vécues" le subjectif est de mise.
Quant à la visée électronique, c'est bien le côté saccadé du X100 que je déteste sans parler de la dynamique. A quand un semi-reflectif en visée optique. Bref, pour ceux qui aiment la vision "real life" et non "as captured" tout le meilleur de chacun des systèmes au prix de 1-2 IL pour le capteur.
Oublions les sujets qui fâchent.
Chuut: j'aime +++ lire les commentaires de Patrick M et pourtant je déteste la visée électronique après essai et bénis le ciel d'avoir vendu l'a700 pour avoir maintenant un D700 que j'utilise avec plaisir en parallèle de mon F6 qui a un "love factor" bien supérieur selon mon goût.
Un message à Patrick M: pourquoi ne pas couvrir les parties de RP en dehors du matériel (portfolio, lesson de photo et etc) ? Histoire d'éviter les sujets qui fâchent.
Je me reposerai la question dans quelques mois, mais là, je n'en ai franchement pas envie. Or, l'envie de partager est la seule motivation de ce site qui, par choix, ne rapporte rien et coûte en revanche du temps et de l'argent pour le serveur.
Je sais ce n'est pas vraiment raisonnable mais un jour je craquerais pour ce boitier.Si je reste en Nikon bien sur car alors plus besoin de nouvelles optiques.
Le confort d'un boitier moderne et les rituels du film.
C'est d'autant peu raisonable que je sors de temps en temps un Bronica 645 etrs et il est vri que tant que à utiliser du film autant le faire en moyen format.
j'avoue ne ne plus acheter PP ou CI, sauf très rares exceptions, car leurs "chauvinisme" (ou leur partialité) "me gonflent".
En ce qui concerne la technologie, il y a bien assez de sources (dont Alphanum), pour justifier l'impasse.
Pour ce qui est de l'argentique, vu mes 77 ans et 7 mois, il a réellement marqué mes débuts et ma passion pour l'image.
Bien entendu, je suis passé au "numérique" avec le Minolta D5D, puis A700 et A850, pour arriver à les revendre et passer aux A55 + A77 ...
Ai-je pour autant renoncé à l'argentique ?
Non et c'est toujours avec plaisir que je fais "travailler" mon Mamiya 645 AF, ainsi que les "3 glorieux" Dynax 600si, D7 et D9.
Le tout, sans avoir besoind em'énerver à la lecture d'articles plus ou moins partisans (c'est mieux pour ma tension ... :wink: )
L'achat d'un reflex est pour moi le signe d'une prise de conscience de la beauté du geste, du soin au cadrage, de la bonne balance des blancs.
Si l'argentique demandait du temps, je trouve que le numérique peut en demander aussi et que le temps qu'on passait à développer ses tirages dans la chambre noire trouve son complément dans la post-production façon Lightroom & Cie.
Inutile de travailler en zoom à 100% sur des images que, à tout casser, on imprimera en 10x15...
Je colle la fin du troisième paragraphe de l'article :
Néanmoins, il faut souligner que l'apprentissage de la technique photo est bien plus rapide en numérique, ce qui est de mon point de vue l'un de ses gros avantages. Commencer par le numérique pour apprendre et tenter ensuite l'aventure argentique me semble être le meilleur moyen de ne pas céder rapidement au découragement.
Je ne sais pas qui vous êtes, mais je pense qu'en effet quelque chose sépare radicalement nos pratiques photo : la prétention.
Citons entre autres pour l'E6 :
Lynx à Lyon
Agelia à Rennes et Nantes
photo.com à Montpellier
Photon à Toulouse
Studio AZA à Marseille
et bien d'autres
Quant aux motivations de ceux qui continuent à photographier en argentique, c'est carrément du délire :
on classe en 4 catégories, le zoo des mohicans de l'argentique est né !
Une perle "Autrefois la diapo était conçue pour être projetée" Ah bon, maintenant ça a changé ? Je n'ai pas vu passé le décret interdisant la projection diapo. A ce propos on continue dans le délire pour les choix des fans de l'argentique : le Pentax 6x7 à cause de sa poignée......
Il ne viendrait même pas à l'idée à la rédaction que si on continue à faire des diapos, c'est comme moi, pouvoir les voir sur un écran de 2m x 2m avec une définition de 20 millions de pixels, plutôt qu'un vidéo projecteur HD (très cher) avec une définition de 2 millions, avec des images verticales réduites de plus de moitié. Et encore ceux qui utilisent un vidéoprojecteur pour voir leurs photos ne sont pas légions, la plupart se contentent de l'écran de leur ordi. L'argentique, c'est comme le cinéma dans un salle de cinéma : pouvoir voir en grand. Mais R.P est le spécialiste du "petit bout de la lorgniète".
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