Mai
24
2012
Chasseur d'Images n°344 / juin 2012
Faute de disponibilité, il n'y a pas eu de chronique du numéro de mai de Chasseur d'Images. Après avoir lu l'édito de GMC dans celui de juin, j'ai été à deux doigts de supprimer définitivement cette chronique, mais cela aurait été injuste pour le bon travail de Ronan, des deux Pascal et du CI-Lab, pour ne citer qu'eux.
Que dit cet édito ? En substance, que la presse spécialisée est la seule source crédible d'information alors que le web, malheureusement privilégié par les marques, n'est qu'un repère de fanboys et de pseudo-journalistes qui ne font que diffuser des dossiers de presse dégoulinant de superlatifs.
Il y a deux solutions pour valoriser son travail. La première consiste à montrer en quoi il est de qualité et, le cas échéant, meilleur que celui des concurrents. La seconde, palliatif de la première, est de jeter le discrédit sur ce que font les autres. C'est cela qu'a choisi de faire GMC dans un édito aigri, méprisant et grossier, que ne peuvent excuser les difficultés que traverse l'ensemble de la presse écrite. Ledit GMC oublie d'ailleurs de signaler que sur les 164 pages (et non pas 200) du dernier numéro, il y en a 7 d'autopromotion et 19 de publicité (achetées principalement par les marques vilipendées), ce qui ne doit pas compter pour rien dans le budget du magazine.
L'importance prise par le web dans la diffusion de l'information est un état de fait qui oblige les médias traditionnels à s'adapter et à offrir un contenu différencié. S'agissant de la presse photo spécialisée, il est fini le temps où elle était le principal prescripteur de matériel. Si besoin était de le démontrer, le large succès du NEX-5 en est un cinglant exemple, alors que cet appareil novateur avait été éreinté dans la plupart des magazines, en particulier dans Chasseur d'Images qui lui avait octroyé la note infamante de 3 étoiles. Cela, les marques le savent très bien, et ont logiquement adapté leurs modalités de diffusion de l'information. Pourquoi privilégier un média quand il n'est plus qu'un prescripteur anecdotique et que, de plus, il juge le matériel sur des critères conservateurs en décalage croissant avec les aspirations des photographes d'aujourd'hui ? Pour autant, il ne s'agit pas pour les magazines spécialisés de faire du suivisme, et je me réjouis par exemple qu'aucun n'ait sombré dans la célébration populiste des smartphones, d'Instagram et autres trous noirs photographiques.
Ce qui fait acheter un magazine photo aujourd'hui, c'est la qualité du contenu et son adéquation avec les attentes des lecteurs. S'agissant du matériel, l'avis personnel du testeur ne présente plus l'ombre d'un intérêt, le web pullulant de ce type de témoignages. Ce qui est attendu, c'est que le testeur mette son professionnalisme et sa connaissance de la photographie au service de l'acheteur potentiel en se glissant dans sa peau et en faisant siennes ses aspirations afin de présenter aussi objectivement que possible les avantages et les inconvénients du matériel évalué. C'est cela qui constituerait la véritable valeur ajoutée d'un magazine papier. Mais pour y parvenir, il faut un peu d'humilité et accepter de faire le deuil de sa toute-puissance prescriptrice d'antan. L'édito de GMC pourrait laisser penser que Chasseur d'Images en est très loin, mais la réalité du contenu du magazine est heureusement autre. Les tests sont de très bon niveau, avec un CI-Lab au top, même si l'idéal d'oubli de soi n'est pas (encore) atteint par les testeurs.
Pour conclure sur une note personnelle et nostalgique, je prépare actuellement un déménagement qui aura lieu courant juillet (avec une mise en veille probable d'Alpha-numérque pendant quelques jours). Cela occasionnera nécessairement un tri sélectif, notamment des centaines de magazines de tous types accumulés au fil des ans. J'ai entre les mains le numéro 36 de Chasseur d'Images de novembre 1981, un numéro spécial Salon de la Photo avec un test du Mamiya ZE-X et un dossier sur le graphisme. C'est toujours émouvant de consulter de vieux numéros de CI, et je sais déjà que ma collection ira entière dans le camion de déménagement. Cela pour dire que l'attachement à un magazine est quelque chose qui dépasse le naufrage de ses membres fondateurs...
Pour que cette chronique ne soit pas seulement un commentaire de l'édito, je signale qu'il s'agit d'un numéro particulièrement important pour les Nikonistes avec un vaste test d'objectifs pour le Nikon D800 (et son monstrueux capteur 36 Mpx). À lire également le test du Sony Alpha 57, et la suite de l'exploration de Lightroom par Ronan Loaëc.
Commentaires
Cependant, quand je fais le compte de ce qui m'intéresse vraiment dans ce genre de magazine, il n'y a que quelques pages. En effet, lorsqu'on enlève la publicité, l'autopromotion du magazine, les tests et analyses des marques autres que celle de mon appareil photo (je suis lié à cette marque moins répandue Pentax vu ma collection d'objectifs de cette marque), je puis passer outre des 2/3 du magazine.
Par contre, sur un site internet (comme le vôtre par exemple) l'information est gratuite et si cela ne m'intéresse pas, un clic et je vais voir ailleurs !
Ne pas oublier le sujet racoleur du nu avec filles à poil inside...
Mon père est abonné depuis trèèèès longtemps à CI et je peux donc le lire régulièrement.
Le discours de mon père à toujours été un peu en décalage avec la réalité du marché et cela est, je pense, du à ce journal pas désagréable au demeurant. Donc j'ai eu droit plusieurs fois "au numérique qui ne marchera jamais et qui n'atteindra jamais la qualité de l'argentique". Bien entendu, son discours a changé... Mais par contre, jamais il n'ira se renseigner sur internet ou autre, il reste un lecteur assidu de CI.
Tant mieux pour le journal, mais je crains pour eux qu'internet les tue petit à petit. Comme dit plus haut, ce genre de journal contient systématiquement 80% d'informations inutiles pour un lecteur donné. Qui plus est, pour les informations intéressantes, on trouvera mieux et plus rapidement sur le net :
- Les tests : de toute façon, il vaut mieux avoir plusieurs sources. Certains sites sont très pro et on peut trouver des vidéos, discuter avec d'autres utilisateurs, ...
- La technique photo : Rien ne vaut les nombreux livres dédiés à ce que l'on cherche. CI est très généraliste et va rarement dans le fond du sujet.
Ce magazine transpire la connerie et le pseudo-élitisme. Même leur forum semble être de plus en plus déserté.
R.I.P
Cependant l'éloge de la pureté déontologique me fait parfois penser à l'eugénisme moral et ça j'ai me pas surtout en ces temps politiquement pas correct du tout.
Un peu d'humilité n'a jamais fait de mal...
@ plus
Pour ma part, celui qui a compris l'évolution du public et du marché est Compétence photo. Des dossiers clairs, pub presque absente et surtout prolongement du mag au travers d'un site web très riche, des concours, des expos organisées, des rencontres avec le public ... bref, ce mag est en permanence à l'écoute de ses lecteurs et ne cherchent pas à être à moitié portofolio, moitié tests et pour boucher les trous quelques astuces prises de vue resservies régulièrement au fil des années.
Je ne suis ni salarié ni actionnaire de CP mais c'est l'exemple de magazine vraiment intéressant à lire. Dommage pour les autres qui furent bons mais qui peinent trop à se renouveler. Pour RP, serait ce du au fait d'être au sein d'un grand groupe de presse donc avec moins de marge de manœuvre. D'ailleurs ni CI ni RP n'ont de site digne de ce nom !!
Le débat reste entier mais assurément, le web n'est nullement un concurrent de la presse, il doit en être le prolongement, ce que fait impeccablement le site alpha numérique.
Dans le cadre de revues essentiellement techniques nous avons il est vrai, qui émergent nettement, simplement les trois revues que tu cites encore que Chasseur ratisse plus large mais sans réel génie propre car se nourrissant de son forum qu'il traite ostensiblement de haut et comme si ses membres à l'échine caleuse étaient sa chose.
Il y a d'ailleurs la un cas pathologique d'une perception sectaire de la relation aux autres. J'avais même envisagé un temps que le forum était tel un nid attendant de jouer un rôle de réseau ailleurs que en photo
Reste le cas du "monde de la photo" qui parait étouffé dans sa formule et encore loin de devenir autre chose qu'une lecture de complèment..
Chasseur a été souvent pris la main dans le sac et pas plus loin qu'ici même de, je ne sais comment dire tant cela est loin de ce qu'on attend d'une revue technique, de gesticulation,un lecteur qu lirait en diagonale et épisodiquement ses articles n'y verrait rien à redire et se distrairait du ton de bonimenteur qui traverse des articles qui au demeurant sont suffisamment bons sans cela et se retrouvent plombés par une ligne éditoriale qui force le coté familiarité avec le photographe
il reste les interviews de photographes mais aillant donné à étudier il y a quelques mois la logique de modération dans le forum de Chasseur il en est ressorti des éléments qui font penser qu'il vaut mieux lire ses interviews comme de ces articles de journaux d'entreprise ou de plaquettes de promotion comme les élus nous en produisent avant chaque échéance.
a l'inverse les "vieux" journaux ont 15 jours à 1 mois et demi de retard sur l'actualité ce qui les fait rager, et un lien assez distant avec leurs lecteurs. et + ils perdent du marché, + ils s'affolent, et accusent le web par exemple.
D'autres voies pour le papier existent, et une, serait un encart de qualité avec une impression de qualité sur du papier de qualité ,de quelques photographies sur le thème choisi. Ceci internet ne peut le faire !..
sinon papier merdique, information datée et partiale, autant aller sur la toile !
Pour le reste, je crois en effet qu'un magazine important ne peut plus être absent du web. CI a bien un site, mais c'est pour l'essentiel un forum, qui appartient donc à ceux qui s'y expriment et non au magazine qui offre juste un espace en ligne.
Ce que je n'ai pas dit dans la chronique et qui, à bien y réfléchir, est vraiment navrant, c'est ce regret de GMC de ne plus pouvoir offrir de scoops sur le matériel, comme s'il s'agissait d'une perte essentielle pour le magazine. Quand on reste ainsi bloqué sur des modalités obsolètes de diffusion de l'information, il devient difficile d'anticiper et de répondre aux attentes des photographes d'aujourd'hui.
Quoi qu'il en soit le Chasseur d'Images reste un bon outil, mais cet édito fait "tâche".
Il est vrai que sur le web, on peut trouver de tout, mais on trouve aussi du très bon (alphanumérique en fait partie). Il faut se donner un peu de temps pour trier...
GMC se sacrifie, fait parler du mag', et nous on se précipite chez le libraire pour voir de quoi il en retourne .....
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