Déc
27
2011
Le Monde de la Photo n°42 / janvier-février 2012
Et un collector de plus au crédit du Monde de la Photo ! Celui-ci fait partie des récurrents : il éclot tous les mois de janvier. On s'en réjouira d'autant plus que le précédent est épuisé, comme le sont souvent ces numéros spéciaux. C'est donc d'objectifs qu'il s'agit ce mois-ci, avec un dossier de 60 pages assez exceptionnel. Pour l'écrire, la rédaction au grand complet s'est mobilisée autour de Jean-Marie Sepulchre, grand maître ès-optiques.
Le dossier débute par un précieux glossaire de quatre pages dans lequel sont explicités les notions, termes et acronymes utiles pour maîtriser le langage spécifique de cet univers. Suit l'examen de l'anatomie d'un objectif, qui pose des repères visuels et montre la complexité d'un tel objet.
Afin de tuer dans l'oeuf l'idée fausse qu'un objectif est forcément hors de prix, JMS examine les solutions accessibles pour moins de 300€. On trouvera à la fin de ce sujet un vade-mecum sur les graphes de mesures de piqué issues de DxO Analyser.
Suivent plusieurs sujets destinés à assister le choix d'un objectif en fonction de sa pratique ou de son type de boîtier. J'ai apprécié celui sur le 35 mm, même s'il m'a cruellement rappelé que mon tout nouveau Zeiss 24 mm f/1.8 en monture E attend toujours son NEX-7...
Pascal Brites nous déprime ensuite avec une description précise des aberrations optiques, avant de nous rassurer : les bons logiciels viennent à bout de la plupart d'entre elles.
Le dossier continue avec une série de fiches pratiques très intéressantes (même si j'aurais parfois préféré plus de texte et moins d'illustrations), et se termine avec une collection de tests techniques des meilleures optiques produites en 2011.
À tous ceux qui hésitent à agrandir leur parc optique ou ne mesurent pas bien l'intérêt d'aller au-delà des zooms de kit, je conseille vivement la lecture de ce dossier. Les utilisateurs avancés y trouveront également un grand intérêt et de la matière à réflexion.
Parmi la sélection 2011, on retrouve notamment le nouveau et très bon transtandard expert Sony 16-50/2.8 dont le test avait été publié dans le numéro de novembre. Je profite de cette chronique pour regretter, une fois encore, le choix de ne montrer le graphe de piqué que pour un tirage A2, qui ne concerne que très peu d'amateurs. Faute de place suffisante pour afficher les résultats en A2 et en A3, il me semble vraiment qu'il faut privilégier le A3. Un sonyste qui veut investir dans un boîtier expert n'a aujourd'hui pas le choix : c'est 24 Mpx, même s'il n'envisage pas de tirage en très grand format. Qui plus est, de nombreux utilisateurs de ce 16-50/2.8 ne le visseront pas nécessairement sur un Alpha 65 ou 77. S'ils sont propriétaires d'un Alpha 700, 550 ou 55, le graphe en A2 ne présentera hélas que peu d'intérêt pour eux.
Plusieurs sujets techniques au menu de ce numéro. Le premier concerne l'astrophotographie, avec un titre qui rappellera aux plus anciens d'entre vous les délectables (et kitschissimes) premières saisons de la série Star Trek. J'ai trouvé le propos très intéressant, mais comme je ne connais rien au sujet, je ne suis pas en mesure d'en dire plus.
Le shooting en mode connecté est naturel pour les moyens formats et les reflex Canon et Nikon, mais moins simple d'accès pour les autres marques. Dans le bon sujet que lui consacre le magazine, j'ai notamment apprécié d'y trouver l'astuce avec Lightroom en mode d'importation automatique. C'est une solution alternative intéressante pour les photographes qui ne disposent pas d'un bon logiciel en mode connecté.
Le hors champ sur la réduction du bruit est une vue d'ensemble rapide qui donne quelques pistes pour prévenir la montée du bruit, mais passe à côté d'un élément essentiel en mettant au même niveau les logiciels travaillant sur du Raw ou sur du Jpeg. Or, à haute sensibilité, là où l'efficacité de la réduction du bruit est la plus cruciale, il y a un monde d'écart entre le potentiel d'un Lightroom ou d'un DxO Optics Pro traitant un fichier Raw et celui du meilleur logiciel spécialisé traitant un Jpeg. Il est dommage que cela n'apparaisse pas comme cela devrait. Globalement, l'article est assez léger, surtout si on le compare à l'excellent dossier sur le bruit publié il y a quelques mois par le magazine. Le traitement d'images étant l'un des points forts de la rédaction, MDLP ne devrait à mon sens pas publier d'articles traduits sur ces sujets, car ils sont toujours très inférieurs à ce que les auteurs "maison" produisent.
Côté logiciels, Gilles Théophile et Sébastien Abric proposent quatre sujets pratiques sur Lightroom, Aperture, Capture One et Nik Silver Efex Pro. Quant à Laurent Katz, il a été séduit par la dernière mouture de PaintShop Pro, exception faite du traitement des fichiers Raw. À noter que le logiciel dans sa version Ultimate est actuellement proposé à 55€ au lieu de 90€ sur Amazon, ce qui rend son rapport qualité/prix excellent .
Côté matériel, quatre boîtiers compacts sont au programme : deux hybrides et deux compacts experts. Si le Samsung NX200 n'a pas rallié les suffrages malgré son capteur APS-C, c'est plutôt la fête pour les trois autres. Canon avec son S100 et Fuji avec son X10 semblent avoir atteint le très haut niveau, les limites de ces appareils étant celles induites par leur petit capteur (hauts ISO limités et surtout profondeur de champ quasi infinie à toutes les ouvertures). Ce sont des boîtiers vraiment très séduisants, mais peut-on vraiment nommer "expert" un appareil qui n'offre pratiquement pas de gestion de la profondeur de champ ? L'usage expert est-il indexé sur le nombre de molettes ou sur le potentiel créatif de l'appareil ? La question est posée...
Terminons cette chronique avec le test du NEX-7, qui obtient un excellent 8,7/10 (note que je n'ai pas croisée si souvent sur MDLP). J'attendais avec impatience l'avis de Laurent Katz sur la visée électronique intégrée au boîtier. Il est pondéré et parfaitement argumenté, soulignant les avantages et les inconvénients sans prendre parti. Cela tranche singulièrement avec le jugement définitif de Renaud Marot qui, dans le numéro de janvier de Réponses Photo, se félicite de la présence sur le Fuji X10 d'un petit viseur optique ne couvrant pourtant que 85% du champ (donc inutilisable par un photographe un peu sérieux) en nous faisant partager son soulagement de ne pas se faire "infliger" une visée électronique. On ne trouve heureusement pas ce dogmatisme chez Laurent Katz, qui résume le viseur du NEX-7 par une de ces formules dont il a le secret : qu'espérer de plus, sinon mieux ? J'adore. Pour le reste, le boîtier est excellent et a comme principale faiblesse celle de la gamme optique à laquelle il manque encore quelques pièces dignes d'un tel appareil. Cela viendra.
Le sommaire complet en images est disponible sur le site du Monde de la Photo.
Commentaires
Si je puis me permettre, il m'arrive de tirer en 50x75 à 305 dpi à partir de mon a700. C'est à dire à peine moins qu'un A1. Bien sûr de tels tirage exigent de bonnes optiques et quelques précautions tant au déclenchement qu'à la préparation des fichiers.
Un tirage 40x60 peut être envisagé plus facilement.
Le format A2 me semble donc très pertinent pour évaluer les optiques.
A quoi bon des capteurs de 24Mpix sinon pour de tels tirages?
En revanche, vous faites erreur en pensant que le graphe en A2 vous concerne, car ce n'est pas le cas. La taille de tirage nominale de l'Alpha 700 à 254 dpi (mesure DxO Analyser) est le A3. Pour tirer en A2 ou encore plus grand, vous avez juste fait un rééchantillonnage du fichier en demandant à votre logiciel ou au spooler de l'imprimante d'inventer de l'information. Ce qu'ils ne peuvent évidemment pas faire, et c'est pour cette raison que, regardé à la même distance, un tirage très au-delà de la taille nominale ne peut être aussi détaillé qu'un même tirage issu d'un capteur plus défini, comme celui de l'Alpha 77.
Si on extrapolait un graphe A2 à partir du graphe A3 de l'Alpha 700, on obtiendrait un résultat très différent du graphe A2 obtenu naturellement avec l'Alpha 77. On observerait un affaissement global du graphe, y compris au centre, car un pixel issu d'une interpolation ne peut être aussi net qu'un "vrai" pixel.
Le graphe que montre JMS est celui obtenu avec un Alpha 77. Il n'a donc rien à voir avec celui qu'on obtiendrait en extrapolant un graphe A3 issu de l'Alpha 700. C'est pour cette raison que j'ai écrit qu'un tel graphe ne présente que peu d'intérêt pour les possesseurs de boîtiers comme le vôtre.
Sinon, vous vous demandez à quoi bon des capteurs de 24 Mpx sinon pour de tels tirages. C'est aux constructeurs qu'il faut poser la question, car très peu de photographes sont demandeurs. Si Sony proposait simultanément des boîtiers experts 12 et 24 Mpx, la question serait pertinente, car un choix existerait. Ce n'est pas le cas, donc l'interrogation sur la motivation de l'achat d'un boîtier 24 Mpx ne peut avoir de réponse.
Ce que je dis c'est que pour un capteur 24Mpx le tirage A2 me parait parfaitement approprié si il s'agit d'évaluer une optique, et étant donné que mon prochain boitier aura surement 24Mpix, je trouve que ça me concerne.
De plus, la plupart des gens pensent qu'on ne peut pas "agrandir" sans perte notable de qualité. (Avec un compact c'est vrai). Mais avec un bon cliché issu d'un reflex un x2 ou x3(~40x60) ne se remarque même pas (à moins de se coller à la photo, et encore... pour info la "résolution" de l'oeil à 50cm n'est que de 150dpi, celle de nos écrans est comprise entre 72 et 100dpi!)
Quel dommage, pour un amateur, de ne pas exploiter son matériel et de se contenter d'affichage écran ou de pauvre tirage A4!
A vrai dire je trouve toute votre argumentation quelque peu étrange sur un site dédié à la photo et à la marque qui permet sans doute les plus grands tirages à moindre frais!
D'autre part toutes les optiques sur MDLP sont notées sur la base du A3, en noter une seule sur le A2 est donc faussement sévère.
Même si le A2 peut concerner beaucoup de monde (moi le premier !), donner une note sur un tirage A2 n'a de sens qu'avec un tirage fait à partir d'un boîtier 24MP. Un tirage en A2 d'une photo faite avec un A700 ou 55 monté du 16-50 f/2.8 ne dira rien des performances de cet objectif monté sur un A77, car le fichier aura été redimensionné à la hausse pour tirer au-dessus de son format nominal...
Je pense que, comme souvent, l'argumentation de Patrick peut sembler étrange car elle est strictement précise et ne vise pas seulement à encenser la politique de Sony... J'ai moi-même tiré nombre de 50x75 issus de l'A100 et de l'A850, parfois avec les mêmes optiques, et les résultats ne sont absolument pas comparables, et pas seulement liés à l'optique...
Ceci étant dit, ma question est d'un autre ordre:
Il semble que tu mettes dans le même sac les canon 100S et Fuji X10 concernant les possibilités de profondeur de champs or il me semble que la taille des capteurs soit légèrement différente (en faveur du Fuji) et que l'ouverture des objectifs soit très sensiblement suppérieure sur le Fuji .
Compte tenu de ce qui précéde, les différences énoncées ne sont-elles que pur produit marketing ou le Fuji permet-il de travailler quelque peu la profondeur de champs ?
En revanche, c'est bien pratique en paysage ou en reportage, ou encore en macro, là où on est content d'avoir de la profondeur de champ "gratuite"... :wink:
Le crop factor du S100 est de 4,6, donc on reste à peu près dans les mêmes eaux. En compensation, il propose un vrai grand angle de 24 mm, contre 28 mm pour le X10, et une compacité et légèreté plus grande. Difficile de faire un choix (les deux me tentent bien, soit dit en passant).
Quant à moi, j'aurai bien besoin du 24 Mpx pour recadrer parfois fortement mes photos (à tort ou à raison, c'est ma façon de travailler) tout en gardant la possibilité d'imprimer encore en A3.
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