Mar
26
2010
Chasseur d'Images n° 322 / avril 2010
Après les haut de gamme testés le mois dernier, Chasseur d'Images présente ce mois-ci des tests orientés vers des boîtiers plus "grand public". Les tests d'objectifs sont dans la même veine, s'appliquant ce mois-ci principalement aux optiques de kit ou de gamme moyenne.
Venons-en tout de suite au test de l'Alpha 450, que Patrick a déjà commenté ici. Pour ma part, j'en ferai la synthèse suivante : un boîtier procurant un piqué très élevé, avec un bruit bien contenu, des couleurs naturelles et saturées, un AF étonnament réactif, rapide et précis, assortis d'une rafale (jusqu'à 7 i/s) inédite dans la catégorie... Parfait alors pour moins de 400 € ? Non, car il lui manque un LV efficace (c'est précisément la version sans LV rapide de la série 5), et surtout... surtout... le "pire viseur de la décennie", CI dixit. Rassurez-vous, il n'a pas crevé l'oeil du testeur, il est seulement doté d'un faible dégagement oculaire. Sans m'étendre plus sur ce point (nul ne prétendra que ce viseur est agréable), je pense que l'auteur s'attendait à retrouver le viseur des Alpha 100 et 200 (déjà différents l'un de l'autre), alors que ses spécifications sont exactement celles de l'Alpha 230 (qui était signalé à sa sortie comme étonnament lumineux).
Question de gamme ? L'A450 est dans les mêmes tarifs que l'Alpha 230 au moment de sa sortie, alors qu'il est bien meilleur dans tous les domaines. Résultat : 3 étoiles, et un certain manque de cohérence de la part du même testeur.
On retiendra de cet Alpha 450 qu'il s'agit d'un boîtier amateur très accessible, doté des performances d'un expert au goût du jour, mais effectivement dans un accastillage amateur (ceci pouvant expliquer partiellement la déception). Faut-t-il dégrader les performances électroniques et d'obturation pour rester cohérent à un tel prix ? Clairement, je ne conteste pas le côté "bas de gamme" du viseur, mais le vocabulaire employé et les proportions prises dans cet article sont assez effarants.
Je déplorais le mois dernier le même genre de considérations totalement décalées dans Réponses Photo qui regrettait le format de capteur et l'encombrement du Nikon D3s inadapté au reportage discret (sic). Là on est dans les mêmes sommets de sidération...
Pour rester dans les questions de positionnement marketing, passons au test du Canon EOS 550D. Comme souvent dans cette gamme chez Canon, il s'agit d'une évolution du modèle précédent avec un capteur au goût du jour. Ici le 18 MP du 7D. La rédaction a regretté l'absence de pilotage des flashes à distance, l'AF et la mesure de lumière encore à la traîne, l'AF Live View lent. Elle a apprécié le capteur, la vidéo "Full HD" (sans AF toujours), l'écran et l'ergonomie. Ceci en soulignant l'intérêt limité d'un tel capteur dans un boîtier de cette gamme, qu'il faudra alimenter avec des optiques au top pour espérer voir une différence : même le nouveau 15-85 est à la traîne... Reste que voir qualifié de "bon" un boîtier à la traîne sur les fondamentaux (AF, exposition...), par contre au goût du jour sur les spécifications accessoires telles que vidéo et Live View et dont la seule vraie nouveauté est un capteur inexploitable avec la gamme d'objectifs associée à son positionnement marketing laisse songeur quant à ce qui est attendu aujourd'hui d'un reflex...
Le Samsung NX10 est testé à son tour. C'est un nouvel "hybride", reflex sans visée optique ou bridge à objectifs interchangeables, au choix. La rédaction a apprécié l'encombrement, l'ergonomie, la simplicité d'emploi, la vidéo HD (là aussi sans AF) et... le viseur électronique correct. Viseur dont la définition insuffisante empêche tout de même de voir un fil électrique dans le cadre. Gênant. En contrepartie, l'AF est lent, l'image trop lissée et la gamme optique pas assez large. Le très faible niveau sonore du boîtier est remarquable.
Côté optiques, les bi-kit Canon, Sony et Samsung sont passées au banc. Ce sont les classiques 18-55 et 55-200. Ces optiques dans l'ensemble montrent une très nette évolution par rapport à la génération précédente, en ne limitant pas trop les performances des boîtiers 14 MP ou 18 Mpx avec lesquels elles sont proposées.
Sont testés également l'excellent Canon EF-S 60mm f/2.8 macro sur EOS 550D, le 18-200 f/3.5-5.6 Canon qui propose une luminosité un peu plus élevée que les concurrents et des performances optiques dans la norme pour un zoom extrême, et le pancake Samsung 30mm f/2 très bon lui aussi.
Vient ensuite le test du Sigma 17-70 f/2.8-4 DC Macro HSM OS. Une optique "pas parfaite", mais un bon compromis entre luminosité, focales, performances optiques et prix. Rien n'est particulièrement bon, mais l'ensemble est convaincant, avec en plus un rapport de grandissement de x0.37.
Enfin, la rédaction nous propose le test du Canon EF-S Macro 100 mm f/2.8 L IS USM, un macro stabilisé. L'optique est excellente même sur le 5D MkII, la stabilisation efficace jusqu'au rapport 1:1, seul le vignettage est un peu élevé à pleine ouverture sur le boîtier FF.
La "Leçon de Photo" est consacrée au mariage. Un article plus pratique que théorique, qui présente les points importants et donne des astuces pour bien procéder et ne rien oublier d'indispensable. J'ai apprécié les nombreuses considérations très concrètes qui pourront éviter au "mariagiste occasionnel" de se faire piéger : le flash nécessaire pour déboucher un visage sous un chapeau, les photos indispensables, la préparation, le repérage, etc. Un bon article agrémenté de photos très réussies. On oserait presque espérer s'approcher de ces magnifiques résultats en suivant ces bons conseils.
La rubrique "J'apprends !" est dédiée à la photographie en basse lumière. Encore ? Oui, on reprend les bases, le risque de bougé, les grandes ouvertures et leur contrainte de profondeur de champ, les principes du post-traitement. D'un intérêt limité pour l'expert, mais chaque année de nombreux débutants sont heureux de découvrir un article posant ce genre de bases.
Pour les experts, un article sur le bruit numérique permettra d'aller beaucoup plus loin qu'à l'accoutumée grâce à une longue explication théorique sur la nature et les causes du bruit, la manière de le combattre à la source, la quantification et la dynamique. Un article beaucoup plus poussé que ce que nous propose habituellement Chasseur d'Images, qui fera le ravissement des passionnés et qui pourra éclairer le débutant sur la complexité du problème.
Un article sur les hautes définitions m'a interpellé. Ghislain Simard y décortique les spécificités des reflex 24 MP pour sa pratique (proxy photo), et souligne l'exigence de ces capteurs. Le moindre écart de mise au point devient plus visible, l'exigence envers les optiques augmente, la possibilité de cropper de manière plus importante augmente d'autant la visibilité à l'écran des aberrations.
On pourra discuter le point de vue, l'article a d'ailleurs l'intelligence de ne pas être catégorique mais plutôt d'ouvrir la réflexion. Reste que les points soulevés par l'auteur sont importants et permettent une réflexion constructive. Sous cet angle, j'ai trouvé l'article excellent car il permet d'appréhender des notions spécifiques sans être définitif dans ses conclusions.
J'ai beaucoup apprécié le portfolio dédié à Emmanuel Coupé, qui vient de décrocher le titre de "Photographe de paysage de l'année". Des photos exceptionnelles de beauté, très travaillées autant à la prise de vue qu'en post-production, qui se rapprochent selon CI de la vision anglo-saxonne de la photo de paysage. L'interview de l'auteur nous en apprend plus sur sa méthode, mais surtout on mesure à quel point la pratique est difficile...
Un deuxième portfolio est consacré à Alain Hanel, spécialisé en photo de théâtre. On trouvera peu de commentaires du photographe sur les contraintes techniques du sujet, mais plutôt une rétrospective de sa carrière. Les photos sont bien évidemment superbes et irréprochables techniquement.
Enfin, le dernier portfolio présente la série "American showcase" de Pierre-Elie de Pibrac. C'est une série entre le reportage et le graphisme, basée sur l'exploitation des reflets dans des vitrines New-Yorkaises. Une série originale, pas facile à appréhender, mais qui mérite que l'on s'attarde sur chaque photo pour la décrypter : le jeu de reflets et de transaprences amène une lecture sur plusieurs plans, peu évidente au premier coup d'oeil, mais la réussite est là car les reflets ajoutent du sens à chaque image.
Commentaires
Se payer un 15-85 sur un 7D je concois mais sur un 550 bcp moins. Et que dire de l'a450.... non rien tout a été dit :roll::
Conclusion lisons moins CI et shootons plus :wink:
Le lecteur attentif saura redresser cette distorsion, mais la plupart des gens (parmi lesquels les vendeurs de la FNAC et d'autres magasins) se contenteront de voir que ce boîtier n'a que 3 étoiles et n'iront pas plus loin.
CI a une grande influence prescriptrice et en use avec une légèreté (voire un arbitraire) qui est parfois consternante.
Pour autant, le magazine ne se résume pas à ces tests matériels, comme le prouve le remarquable article sur le bruit numérique dans le dernier numéro, donc il n'y a pas de raison d'arrêter de lire malgré nos énervements ponctuels. En revanche, il faut plus shooter, assurément... :wink:
je m'explique je possède ce modèle depuis un an j'en suis relativement satisfait.mais j'aimerai savoir ou il ce situe par rapport au modèles expert et pro.
merci d'avance pour une réponse.
Pour le reste, il y a de bonnes raisons d'être satisfait de l'Alpha 350. C'est un boîtier de "haut d'entrée de gamme" doté d'un Live View à l'AF aussi rapide qu'en visée optique, ce qui est unique en reflex numérique (toutes marques confondues). Sa seule véritable faiblesse est son viseur optique un peu étriqué. Si le bruit numérique est un peu élevé en JPEG direct aux hautes sensibilités, il se corrige très bien en shootant en RAW.
Évidemment on fait mieux aujourd'hui, et on fera encore mieux demain, mais il n'y a aucune raison de jeter les anciens boîtiers aux orties. Continuez donc à vous régaler avec votre Alpha 350...
Bravo pour votre site qui est une vraie mine de renseignement sur les reflex Sony.
Très bon tour de la question sur le bruit numérique. On en apprend et on comprend mieux le pourquoi de ce qu'on sait. En particulier, le peu d'intérêt du Raw codé sur plus de 12 bits par couche.
S’abonner au flux RSS pour les commentaires de cet article.