Oct 25 2009

Chasseur d' Images n° 318 / Novembre 2009

ci_318.jpgCe mois-ci, CI nous propose un numéro riche en tests, à ne pas manquer pour l'amateur de matériel quelle que soit sa marque. Le sommaire est alléchant : comparatif entre Canon 7D et Nikon D300s, les deux reflex APS-C les plus haut de gamme, essai labo et terrain du Leica M9, compte-rendu de la prise en mains du Nikon D3s par Vincent Munier, et last but not least les essais et mesures des Sony Alpha 500 et 550.

Sur l'ensemble de ces tests, on constate que le rendu aux hautes sensibilités devient déterminant : la qualité d'ensemble des boîtiers étant excellente aux sensibilités courantes, les différences discriminantes n'existent qu'au niveau de l'AF et des hautes sensibilités. Il devient alors difficile d'établir un classement, ces deux points n'ayant pas la même importance pour tous les utilisateurs, et les méthodologies de test pouvant difficilement rendre compte de la qualité réelle des résultats...

Je vous propose de commencer par l'essai des deux nouveaux reflex Sony Alpha 500 et 550, qui apportent une vraie évolution dans un segment nouveau pour la marque orange.
Selon CI, le traitement du bruit en haute sensibilité (en JPEG) est sans commune mesure avec les boîtiers Alpha précédents. Seul le lissage est un peu supérieur à celui qu'applique Nikon, mais le résultat est excellent. "Révolutionnaire" comparé aux anciens boîtiers...
Le piqué de l'Alpha 500 (12 MP) est un peu supérieur à celui du D90 disposant sans doute du même capteur, et le piqué du 550 (14MP) est encore meilleur à condition de disposer d'une optique de qualité suffisante.
Le suivi AF est "spectaculairement" amélioré, le test avec le 55-200 SAM montrant une efficacité de suivi et une précision au niveau de ceux du D90 équipé pour le test d'un 70-200 à moteur USM, surclassant le Canon 500D.
Au contraire des Alpha 230/330/380 critiqués pour leur prise en mains "légère", l'ergonomie est ici excellente, sans perdre en facilité d'utilisation.
Le seul point critiquable est le viseur : si la visibilité des capteurs AF a été fortement améliorée, la taille de l'image est inférieure à celle du D90 (qui profite d'un viseur exceptionnel pour la catégorie). Le grossissement est à peu près le même que celui des Alpha 100 et 200/230, ce qui constitue tout de même un progrès sensible par rapport à la série 3xx et permet néanmoins une mise au point manuelle réaliste. Cette visée optique un peu réduite est le prix à payer pour le système LV rapide adopté par Sony qui, s'il "empiète" sur le viseur optique, permet de disposer en visée arrière d'un autofocus par détection de différences de phase aussi rapide qu'en visée optique.

Autre point très intéressant, la présentation du Nikon D3s et de ses fameux 102400 ISO. Une évolution du D3, dont la principale différence tient à cette hausse de sensibilité, les autres évolutions relevant plus d'une simple mise à jour.
Vincent Munier a pu disposer cet été d'un prototype, qu'il devait pousser dans ses derniers retranchements. Il a donc pris la route de la Scandinavie afin de mettre à l'épreuve le boîtier en faible lumière sur des sujets difficiles (qu'il maîtrise parfaitement).
CI publie de nombreuses photos entre 800 et 12800 ISO dont le rendu est convaincant. Les sensibilités de 25600 à 102400 ISO (une photo de chaque) sont des "traitements poussés" (amplification électronique) qui dégradent la qualité, mais ont le mérite d'exister et de rendre possible des clichés qui jusqu'alors ne l'étaient pas...
Force est de constater que le résultat est bluffant à 6400 et 12800 ISO, mais le sujet et les contrastes très particuliers ne permettent pas de réellement quantifier la perte de dynamique et de saturation.
Une qualité en haute sensibilité très impressionnante, pour un boîtier efficace en conditions difficiles. Tout ceci a un prix, 5000 € boîtier nu : des prestations professionnelles pour un tarif qui l'est également.

Hautes sensibilités toujours, pour le comparatif entre Nikon D300s et Canon 7D. La mise à jour de la référence APS-C 12 MP, contre un challenger très prometteur disposant d'un nouvel AF et d'un capteur APS-C 18 MP (à coefficient 1.6)...
Les deux boîtiers disposent d'une ergonomie, d'une construction et de viseurs d'une qualité exceptionnelle. Si Canon popose un AF en très gros progrès, le D300s garde toujours une longueur d'avance sur ce sujet.
La résolution supérieure du Canon procure en revanche un niveau de détails supérieur en grand format, à condition toutefois de disposer d'un objectif à la hauteur (ce qui semblerait logique considérant la gamme du boîtier, peu orienté vers les 18-55 et autres 55-200). Le revers de la médaille est que la diffraction commence à faire diminuer cette exceptionnelle qualité dès f/11.
Le résultat en haute sensibilité est similaire : le bruit un peu plus marqué du 7D est compensé par sa résolution supérieure de 50%, qui diminue d'autant sa visibilité à taille de tirage égale... Au final deux boîtiers très proches : on choisira l'un ou l'autre selon sa pratique (et son parc optique) car aucun ne se détache avec évidence.
Je reviendrai plus loin sur une remarque de Ronan Loaëc en page 108...

Enfin, une autre manière d'appréhender les hautes sensibilités avec le test du Leica M9, disposant enfin d'un capteur 24x36.
Le M est une légende, et une légende s'aborde avec circonspection : la rédaction ne note plus ici le bruit numérique et le lissage, mais regarde plutôt le "rendu" du grain en haute sensibilité, comme on le faisait en argentique... Une autre planète...
Ce M9 plein format permet (enfin) de récupérer les focales argentiques sans appliquer de conversion. Reste la contrainte du faible tirage optique qui pourrait causer un fort vignetage avec un capteur numérique. Un réseau de micro-lentilles spécifique a permis de contourner le problème, et les amateurs de Leica ont enfin accès à un vrai M numérique, utilisable comme en argentique : excellente qualité de fabrication et d'image, grain "agréable" quoique marqué (pour un numérique) en haute sensibilité, et la sensibilité du M8 aux IR semble être de l'histoire ancienne.
Un boîtier complètement décalé, très différent en qualité d'image des 24x36 numériques (objectifs excellents, mais hauts ISO particuliers), mais qui permet enfin d'avoir un "vrai" Leica M numérique.

La Leçon de Photo de ce mois-ci est dédiée à la photographie de reflets. La leçon est très peu technique, plutôt axée sur les astuces pratiques permettant de jouer des réflexions. Les photos publiées montrent l'étendue des possibilités offertes par le jeu de reflets, et le panel de conseils permet de se rendre compte que la pratique est plus difficile qu' il n'y paraît de prime abord.

La Pratique Nature est dédiée aux oiseaux en forêt. Des conseils techniques précieux concernant l'exposition et la mise au point, et une leçon qui permet de se rendre compte que la principale difficulté est le repérage et l'attente à l'affût. Il est alors indispensable, vu la préparation et le temps nécessaire à la prise de vue, de ne pas rater ses photos par des erreurs techniques, et ici tout est fait pour éviter les écueils.


Pour conclure, je reviens donc sur cette phrase de Ronan Loaëc en page 108, à propos des performances en haute sensibilité des derniers boîtiers sortis :
"Ecrire (comme on le lit si souvent sur les forums) "Je me moque des hautes sensibilités" ne trahit que l'étroitesse d'esprit de l'intervenant, sûrement pas son expertise. Encore moins sa capacité à intervenir comme préconisateur !"

J'ai failli en rester sans voix (ou sans clavier). Mais finalement, comment en rester là ? Il se trouve que je fais partie des utilisateurs pour qui les hautes sensibilités sont d'un intérêt limité. Je conviens très bien du gain énorme pour de nombreuses pratiques, mais je finis par avoir presque honte aujourd'hui de ne pas shooter des chauves-souris en vol ou des ours scandinaves de nuit.

Aujourd'hui les préconisateurs experts et ouverts d'esprit ont obtenu que l'on puisse photographier en AF là où l'oeil humain ne voit rien, sans devoir passer par un éreintant dématriçage au résultat douteux. C'est très bien...
Toutefois, ma probable étroitesse d'esprit me fait regretter chaque semaine que les nouveaux capteurs CMOS ne proposent souvent qu'une sensibilité native de 200 ISO, avec un cran à 100 ISO (quand il existe) faisant perdre en dynamique. Je regrette aussi que l'on ait oublié l'existence de films 25 ISO exceptionnels en qualité, et je regrette de devoir monter un filtre ND rendant problématique la mise au point pour filer une cascade, et de devoir fermer à f/22 pour filer un mobile au détriment de la qualité.

Dois-je avoir honte également d'avouer que je préfère un fill-in au flash à 400 ISO aux 6400 ISO désaturés et à la balance des blancs impossible en lumière artificielle mixte, et d'avoir la plus grande difficulté à déboucher un contre-jour en plein soleil alors que des solutions techniques existent (obturation centrale ou électronique) pour s'affranchir de la Synchro-X et avoir une portée supérieure à quelques décimètres ?

Je suis sûr que la largeur d'esprit du préconisateur CI lui donne pleinement conscience qu'il est aujourd'hui impossible de diaphragmer à f/22 pour cause de course aux mégapixels, qu'il est impossible de shooter à la seconde en plein soleil sans une perte de qualité énorme, et qu'il est toujours aussi difficile d'utiliser un flash.

MAIS... les centaines de milliers de photographes qui envahissent les sous-bois à 4 h du matin, 500mm en bandoulière, ont enfin aujourd'hui les moyens techniques de shooter à 12800 ISO ! Quid de ceux qui voudraient juste réussir leurs photos de promenade, randonnée, voire simples souvenirs de familles, sans se heurter au progrès ? Ou de ceux qui voudraient seulement pouvoir tirer en A4 les insectes de leur jardin shootés à f/22, témoigner de la beauté des cascades pyrénéennes, voire (soyons fous !) photographier leurs enfants qui jouent au bord de l'eau à contre-jour sans leur planter un flash WL sous le nez ?...

Je terminerai en évoquant une autre pratique marginale qui consiste à shooter en RAW. De quelle étroitesse d'esprit font donc preuve ces testeurs qui s'échinent à vouloir mesurer à partir des RAW ce que peut donner de meilleur chaque boîtier, alors que le magazine photo le plus lu d'Europe se contente encore de tester les JPEG directs ? Pourquoi en effet perdre du temps pour les quelques égarés qui voudraient tirer le meilleur de leur matériel dans toutes les conditions quand certains constructeurs font tant d'efforts pour produire des JPEG parfaitement adaptés aux tests sur mire ?...

Bien évidemment, je plaisante, pusiqu'il faut sans doute le préciser, mais tout de même, si l'amélioration de la gestion de bruit à haute sensibilité rend bien des services dans bien des situations, elle prend depuis quelques mois une place démesurée dans les articles sur le matériel, alors qu'il reste tant à faire dans d'autres domaines. Mais surtout, il n'est pas normal qu'un magazine de l'importance de Chasseur d'Images s'autorise ainsi à disqualifier toute perception différente de la leur.

Commentaires   

# steph@ne 25-10-2009 20:59
monter en haute sensibilité veut aussi dire avoir des photos nettes quand il y a peu de lumière comme en intérieur et pas forcément shooter des chauves-souris en vol ou des ours scandinaves de nuit.
Dommage pour l'article qui partait bien et qui se termine dans une déferlante de fiel :-x
# Patrick 25-10-2009 22:09
Steph, je réponds à la place de Julien qui n'est pas disponible ce soir. Je suis photographe de théâtre et très sensible à la question des hauts ISO. Il n'y a que des raisons de se réjouir de l'utilisabilité croissante de nos boîtiers, par exemple en intérieur comme tu le remarques fort justement. J'ai d'ailleurs donné une petite conférence au salon de la photo sur ce thème. Elle n'était que positive, et Julien partage entièrement mon point de vue sur l'importance des hautes sensibilités pour certaines pratiques.

La réaction de Julien s'adresse clairement à CI qui, en tant que premier magazine de l'image en Europe, devrait se garder de tels propos. Il n'est pas acceptable de faire ainsi entendre que tout avis autre que le leur est inepte. Alors la déferlante dont tu parles, qui faut évidemment lire au second degré, il serait judicieux de la mettre en perspective avec les propos autrement plus agressifs, péremptoires et sans humour de CI.

Nous aimons tous cette revue, avec laquelle nous avons souvent grandi en photo, et y trouver ce genre de propos est absolument indigne de ce qu'ils sont et de la place qu'ils occupent dans le milieu photographique.
# Julien 25-10-2009 22:52
Ma déferlante de fiel, à prendre évidemment au second degré, n'est pas une vindicte contre les hauts ISO dont je suis le premier à reconnaître l'intérêt, mais une réponse à Ronan Loaëc qui considère que tout photographe ayant des priorités différentes des siennes est étroit d'esprit.

J'espère donc que l'ouverture d'esprit du fameux préconisateur le poussera aussi à défendre des pratiques qui ne sont pas siennes, sans oublier au bord du chemin les nombreux photographes qui sont moins sensibles aux gros chiffres annoncés en couverture de leur magazine favori qu'à la possibilité de disposer d'outils adaptés à une pratique bien moins spécialisée que celles mises en avant depuis plusieurs mois.

Il y a quelques mois, Guy-Michel Cogné rappelait le danger à trop écouter les discours marketing des constructeurs qui finissaient par faire croire que les incapacités du matériel étaient incontournables, et symptômatiques de l'incapacité du photographe à s'adapter. J'approuve et applaudis.

Aujourd'hui un rédacteur du même magazine explique que ceux qui ne sont pas intéressés par certains progrès somme toute réguliers et prévisibles (1 cran ISO par génération) sont étroits d'esprit, alors que les évolutions qui les intéresseraient n'existent pas, justement car la presse n'en parle pas.

Je trouve extrêmement risible le fait de glorifier à l'envie ce que les constructeurs mettent en avant à la suite de la pression de la presse (qui salue donc sa propre victoire) et d'écraser en passant ceux qui justement aimeraient ne pas être oubliés... Donc j'en ris :wink:
# Gilles 26-10-2009 07:56
Comme bien souvent, j'approuve les prises de position de Julien et Patrick.

Et je ne vois pas où le fiel dans cette critique qui est juste et constructive.

Gilles.
# OzIzo !Henry 67 26-10-2009 12:01
Vieil amoureux de la photo et des "appareils", j'utilise indifféremment l'argentique ou le numérique.
J'ai donc eu l'occasion de faire des Ekta, pour des match de foot en nocturne, sur du 400 poussé à 1600 Iso... et tous de s'extasier sur le "peu de grain", sur des "print" A3.
Alors vous imaginez bien que si mon Alpha 700-CZ 16-80 me permet de faire la même chose avec moins de grain, ou avec le même grain à 3200 Iso... je suis ravi.
Heureusement, je ne passe pas mon temps à ce type de photo, alors c'est vrai que "qui peu le plus peut le moins", mais ne nous laissons pas trop "martyriser" par les "gourous", choisissons ce dont nous avons envie et souvenons nous qu'il y a plus de compacts et de bridges vendus, que de Reflex amateur-expert-pro !
Au fait, je lis avec plaisir C.I.au coup par coup et R.P. (je viens d'arrêter mon abonnement), mais je refuse de me laisser "complexer" et je vais acheter l'Alpha 850, sans Live View, sans Vidéo, sans 100.000 Iso, avec une viseur 98% et 3i/s seulement !
# Michel 27-10-2009 14:07
J'ai professé quelques années dans une revue hebdomadaire alsacienne ou je tenais la rubrique photo.
A l'occasion d'une étude sur les critiques des journalistes dit d'art, je m'étais amusé à reprendre les avis de ces journalistes sur plusieurs années et j'ai constaté alors, que leurs critiques variaient énormément. Telle image, bien construite, bien exposée devenait une année plus tard mal cadrée et mal exposée.
Tout cela pour dire qu'il ne faut pas attacher plus d'importance qu'il n'en faut à ces propos et je sais de quoi je parle. Lors de conseils que l'on me demandait, je précisais toujours que le plus important était d'avoir le boitier bien en main, de le sentir, de l'essayer. Qui a eut la chance de cotoyer HCB sait de quoi je veux parler.
Si le 850 vous attire, si vous avez envie de le prendre, de le manipuler, alors vous ferez des photos qui seront l'exact reflet de votre regard, de votre sensibilité.
Je me rappelle (encore !) lors d'une de mes expositions, qu'une dame d'un certain age voulait me montrer une photo, belle et formidable comme celle-ci, me disait-elle en montrant un des pôrtraits que j'exposais. Je vins chez elle et aperçut une photo sur la cheminée : tiré d'un instamatic, brûlée par le soleil, mais il s'agissait de sa petite fille. N'est-ce-pas qu'elle est belle ? Oui, lui confirmais-je. Quelle leçon ce jour la ! Je compris combien était vaine mes propos pleins de techniques et de valeurs. Et je retournais faire mes photos.
Et bientôt avec le 850. Na !
# Patrick 28-10-2009 04:49
Merci pour vos messages et témoignages, Henry et Michel.
Nous avons peut-être tort de nous irriter pour une telle phrase, mais malgré les réserves que nous pouvons avoir, nous restons attachés à la presse papier. CI étant la principale revue en France, c'est d'autant plus déplaisant de lire ce genre de choses.
Sinon, bonnes photos avec l'Alpha 850, c'est un superbe boîtier... :D
# Ma \"phrase\" sortie du contexte…Ronan LOAEC 29-12-2009 17:30
Chers amis,
Avant tout, merci pour votre rubrique de notre travail : excellente synthèse des conclusions des tests dont on ne peut que vous féliciter…
Je suis d'autant plus étonné de vous voir rebondir sur une phrase extraite d'un contexte plus large et qui exprime exactement l'inverse de ce qui vous fait réagir.
Je ne stigmatise absolument pas ceux qui pensent différemment de moi (à condition qu'ils manient l'argumentation avec un minimum de rigueur plutôt que l'anathème). Mais je m'insurge contre ceux qui, ne voyant qu'une chose, LEUR pratique personnelle, prétendent s'ériger en arbitres des élégances pour rejeter tout ce qui est contraire à CETTE pratique-là.
Pour se prétendre préconisateur, il faut avoir l'esprit large et voir autre chose que sa propre pratique.
Moi, par exemple, qui photographie essentiellement sur pied en très haute résolution des œuvres d'art et des monuments, je trouve beaucoup d'intérêt pour mes Lecteurs à disposer de hautes sensibilités peu bruitées et qualitatives. Si je me comportais comme ceux dont je stigmatise par mes propos, j'écrirais "A quoi bon ces hautes sensibilités puisqu'il suffit de travailler sur pied pour s'en affranchir"…
Un blogueur traitant de sa pratique peut à bon droit écrire cela, pas un journaliste chargé de donner au plus grand nombre un avis impartial et ouvert sur un produit.
Merci de m'avoir écouté. J'espère que vous ne garderez pas une trop mauvaise image de moi à travers ce malentendu. Une autre fois, pourquoi ne pas m'interpeller directement : je ne suis pas un personnage occulte…
Amicalement
Ronan Loaëc
Rédacteur en chef de Chasseur d'Images
# Julien 30-12-2009 00:28
Tout d'abord, merci de l'intérêt que vous portez à notre revue de presse, où nous essayons d'être le plus impartial possible tout en accordant une attention particulière à ce qui concerne le matériel Sony Alpha.

Concernant votre phrase, que je commente évidemment en forçant le trait, il m'apparaît que le malentendu est à double sens, et tient à la finesse de l'argument.
Quand je lis votre « écrire je me moque des hautes sensibilités ne trahit que l'étroitesse d'esprit de l'intervenant », je comprends que pour préconiser un boîtier, il faut absolument que toutes ses caractéristiques soient au plus haut niveau : ISO, AF, ergonomie, prix, gamme optique… liste à compléter.
Et c'est bien là le piège : le lecteur n'aura peut-être pas besoin de tous ces points, et le meilleur AF, la meilleure tenue en hautes sensibilités ou encore le meilleur compromis, ne sera peut-être pas ce qui conviendra le mieux à son besoin.

Je le dis en début d'article : hautes sensibilités et AF sont devenus les deux points qui permettent de hiérarchiser des boîtiers qui désormais offrent tous une grande qualité d’image, avec pour conséquence une sur-représentation de ces caractéristiques dans l'appréciation globale.
C'est là que je m'insurge car le préconisateur doit tenir compte de la variété des pratiques photo et la mise en avant largement artificielle de certaines spécificités des boîtiers fait passer au second plan d'autres aussi importantes (100 ou 50 ISO sur des boîtiers, vitesse de synchro-flash, etc.).

Stigmatiser ceux qui diminuent l'intérêt d'une caractéristique pour diminuer l'intérêt de la concurrence (c'est donc votre propos) est a priori louable, mais de votre phrase je comprends que ne pas tenir compte de toutes les caractéristiques signe l'étroitesse d'esprit, alors que donner à chaque spécificité un poids équilibré, voire très relatif en fonction de telle ou telle pratique photo, est pour moi le meilleur moyen de conseiller utilement les utilisateurs. C'est là qu'est la finesse.

Nous le vivons tous les jours sur les forums : un Sonyste qui attend un autofocus de niveau professionnel se voit conseiller un départ pour Nikon, et arrivent des Nikonistes finalement peu intéressés par les hauts ISO ou un AF de course et qui leur préfèrent la stabilisation de toutes les optiques, grands-angles et focales fixes comprises, un viseur exceptionnel ou encore un plein format à 1600€. Quel est alors le "meilleur" ? Les notes globales peuvent clairement induire en erreur l'un comme l'autre...

J'espère donc que le propos est bien le même, et que seule l'interprétation de cette phrase forte porte à confusion.
Reste qu'il existe un fossé entre un site en partie dédié à une marque, où l'on s’efforce de tirer le meilleur du matériel existant, et une revue généraliste qui a besoin de noter globalement pour comparer et différencier des boîtiers. Or tous les raccourcis généralistes sont des pièges et un photographe peut ainsi trouver son bonheur dans un boîtier n’ayant globalement obtenu que 4 étoiles alors qu’un 5 étoiles aurait moins bien convenu à sa pratique.

Le malentendu vient de la différence entre "donner au plus grand nombre un avis global, impartial et ouvert" et "préconiser". Les deux démarches sont différentes et, à la limite, incompatibles. C'est pourquoi je m'oppose à l'amalgame note moyenne / préconisation. Les notes seraient plus pertinentes pour préconiser si elles étaient données par grands types de pratiques photo. CI met bien des étoiles thématiques, mais seule la note globale est mise en avant, et c’est au final elle que retiendront les lecteurs... et les préconisateurs professionnels dans les magasins.

J'espère donc que le malentendu est éclairci dans les deux sens, et je ne peux m'empêcher de penser qu'un journaliste expérimenté ne peut écrire une telle phrase sans avoir conscience de son côté provocateur et sujet à controverse. S’agissant des 1028000 ISO du D3s, on aurait aimé plus de pondération de la part de CI, et un rappel clair que ce chiffre énorme est obtenu à l’aide de 3 crans d’amplification numérique, ce qui le rend très artificiel, alors que le gain réel est de l’ordre d’1 IL par rapport à la génération précédente. C’est très bien mais ne méritait certainement pas un tel enthousiasme pour un événement largement marketing.

Cet échange aura eu le mérite de permettre à chacun d'éclaircir son point de vue, et de rappeler l'importance de la pratique photo dans le choix d’un matériel.

Amicalement,

Julien Fribaud
# Patrick Moll 30-12-2009 01:20
Bienvenue sur notre site, Ronan, et merci pour votre intervention.

J’ajoute à ce qu’a écrit Julien une réponse à votre dernière phrase, qui suggère la possibilité de vous interpeler directement. Je pense au contraire que sur ce genre de sujets, il est bon que la discussion soit publique. Un article de magazine tombe le plus souvent comme un couperet, sans suite, sans débat, sans complément d’explication ou d’éclairage différent. Au-delà de l’attachement que nous avons pour la presse papier, que nous essayons modestement de défendre ici (même si nous ne sommes pas toujours d’accord avec ce qui est écrit), c’est ce regard complémentaire que nous essayons d’apporter. Une discussion privée n’aurait eu à cet égard que peu d’intérêt, sinon celui de lever un éventuel malentendu entre vous et nous. Je vous remercie donc sincèrement d’avoir pris le temps de nous répondre publiquement ici-même.

Sans vouloir remuer le passé, nous aurions aimé avoir le même genre d’intervention lors de l’épisode de « l’effet moquette » au moment de la sortie de l’Alpha 700. Alphanum n’existait pas encore, mais plusieurs d’entre nous, inscrits sur le forum chassimage, vous avaient demandé un complément d’information à ce propos. Nous avons pris une volée de bois vert de tous côtés, comme s’il s’agissait d’un crime de lèse majesté, alors qu’une intervention du genre de celle que vous venez de faire aurait sans nul doute soldé l’affaire dans la plus grande convivialité. Et, dégât collatéral, les allées Sonystes sont depuis lors quasiment désertes sur chassimages, ce qui est bien dommage.

N’hésitez donc pas à intervenir directement, chez vous, chez nous où ailleurs, car c’est réellement bénéfique pour tout le monde. Vous serez ici toujours le bienvenu.

Amicalement

Patrick

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