Oct
12
2012
DxOMark évalue les smartphones... et repose la question du devenir des compacts
Dans le cadre de sa collaboration avec dpreview, DxOMark a évalué la qualité des appareils photo embarqués dans les smartphones afin de les situer par rapport aux compacts. Le résultat est intéressant : le meilleur smartphone actuel est au niveau du meilleur compact d'il y a cinq ans. Il faut tout de même rappeler que le Nokia 808 Pureview a été conçu pour la photo et qu'il est très supérieur aux autres smartphones. Il n'est donc pas vraiment représentatif de l'offre actuelle, mais le constat est là : en termes de qualité d'image, les smartphones sont, ou vont devenir, des appareils photo de bon niveau. Seconde information donnée par DxOMark, le nombre de photos prises avec des smartphones pourrait bien dépasser dès cette année celui pris avec des appareils photo compacts. Le site donne donc deux informations, l'une qualitative, l'autre quantitative, et pose logiquement la question du devenir des compacts classiques. J'ai déjà évoqué cette question dans une chronique Idées fausses il y a un peu moins d'un an, mais beaucoup de choses ont changé dans l'intervalle. Il n'est donc pas inutile d'y revenir, car force est de constater que la photo au smartphone est un phénomène de société qui devrait s'installer durablement, au-delà de l'effet de mode actuel.
L'analyse de DxOMark comporte toutefois, à mon sens, une erreur qui n'est pas sans conséquence. Voici la traduction en français de l'un de leur propos : "L'appareil photo est souvent en tête de liste des fonctionnalités recherchées par les utilisateurs. Ce n'est pas une surprise, sachant qu'un nombre croissant de personnes préfèrent photographier avec leur smartphone". L'avenir des compacts, dont beaucoup prédisent la disparition, est tout entier contenu dans le verbe "préférer". Si les photographes préfèrent effectivement shooter au smartphone, c'en est fini des compacts. Or, je pense que cette analyse est largement erronée dans la mesure où les smartphones ont induisent une approche différente de la photographie et ont amené une nouvelle catégorie d'utilisateurs.
Entre un bon compact et un smartphone, il existe et il existera sans doute toujours un écart fonctionnel considérable : contrôle de la profondeur de champ (celle d'un smartphone est infinie), choix du mode de prise de vue ou accès à une gamme de focales étendues (via le zoom), autant d'éléments importants en photographie. Malgré tous les progrès en qualité d'image, la miniaturisation extrême du capteur et du bloc optique maintiendra le potentiel des smartphones très en-deçà de celui du plus mauvais des compacts.
Un smartphone n'est rien d'autre qu'un compact à focale fixe n'offrant quasiment aucun contrôle de la prise de vue et à très faible potentiel créatif. D'où le grand succès des filtres destinés à donner aux photos un caractère qu'elles peinent à avoir, avec comme conséquence des millions d'images baignant dans une uniformité vintage assez désolante.
Malgré cela, le smartphone a un avantage indéniable : sa disponibilité permanente qui permet de capturer tous ces instants qui ne repassent pas. Il s'adresse ainsi à tout le monde, y compris aux photographes expérimentés qui gagnent un outil complémentaire auquel ils peuvent faire appel lorsqu'ils n'ont rien de mieux. Toutefois, l'intégration systématique d'un mode photo a équipé toute une population qui n'aurait peut-être jamais acheté d'appareil photo et qui se retrouve avec la possibilité de prendre des clichés de manière simple et, surtout, de les partager instantanément sur les réseaux sociaux ou sur des galeries spécialisées. C'est, de mon point de vue, là que se situe le schisme : dans la finalité de l'acte photographique. L'état d'esprit du non-photographe utilisateur de smartphone n'est pas le même que celui du photographe, quel que soit son choix d'appareil. Pour le premier, l'objectif est d'abord le partage, pour le second, la photographie est une fin en soi. La séparation n'est évidemment pas aussi tranchée, mais la tendance me semble évidente. On a ainsi pu constater sur Flickr que l'iPhone 4 était devenu l'appareil photo ayant produit le plus d'images mises en ligne, devant les reflex. Quand les photographes s'efforcent de partager le meilleur de leur production, les non-photographes inondent Facebook (ça, c'est vraiment sans importance), mais aussi les galeries web, sans scrupule ni conscience que leur production est pour l'essentiel du bavardage pictural. Je ne pose pas là un jugement de valeur, seulement un constat.
C'est cette divergence des finalités qui me laisse à penser que les compacts conservent leur pertinence et, partant, un avenir. Dès lors que l'objectif principal n'est pas le partage instantané, le photographe aspire à avoir un meilleur outil que celui, basique, intégré dans un smartphone.
N'y a-t-il donc rien de bon dans ce qui est produit au smartphone ? Bien sûr que si, car avec un smartphone, un bon photographe fera quand même de bonnes photos et sortira toujours du lot. De fait, quand on passe du temps dans les les galeries du type Instagram, on découvre de vraies pépites. Pourquoi de bons photographes choisissent-ils de faire des photos au smartphone et de les mettre en ligne ? Les raisons sont évidemment mutiples. Assurément l'attrait de la nouveauté, la facilité du partage, mais aussi je le crains le fait qu'il est plus aisé de recueillir des louanges enthousiastes sur Instagram qu'au Jeu de Paume ou à la Maison Européenne de la Photographie. C'est le syndrome des "amis" sur Facebook ou des "followers" sur Twitter qui poussent à écrire même quand on n'a rien à dire. Ces popularités à bon compte sont des pièges dans lesquels il est bien difficile de ne pas tomber.
Vous l'aurez compris, les compacts de bonne gamme ont, de mon point de vue, de beaux jours devant eux, car ils sont les outils (les plus accessibles financièrement) d'une autre démarche photographique. Je vais même jusqu'à espérer que, ayant pris goût à la photo et lassés par la vacuité de certains lieux de partage, nombre d'utilisateurs de smartphones se dirigeront vers des appareils à plus fort potentiel et à la finalité autre.
Commentaires
Et si une partie de ces "bons photographes" étaient des personnes qui ne s'étaient pas intéressées à la photo avant, mais douées? Ce qui fait dire que la vulgarisation de la publication des images permettrait intrinsèquement de découvrir des talents cachés.
Cela peut se passer ainsi pour diverses raisons dans mon cas un changement radical dans mes modes de vie m'avait fait jusqu'à oublier l'existence de mes appareils photos.
Il aura fallu l'apparition de ces petits téléphones munis de capteurs ridicules pour m'amener à déclencher sans vraiment de conviction mais étrangement au bon moment, c'était donc la l'atout majeur de ces petits bidules.
Regardez donc ça!
www.lesnumeriques.com/legrandforum/forum2.php?config=avis.inc&cat=2&subcat=74&post=13863&page=1&p=1&sondage=0&owntopic=3&trash=0&trash_post=0&print=0&numreponse=0"e_only=0&new=0&nojs=0
Il est remarquable d'ailleurs que ce genre de fil ait trouvé sa place sur un forum plus orienté informatique que simplement photo.
Il est remarquable aussi de constater que quelques contributeurs éprouvent le besoin de s'excuser sur un supposé manque de qualité de la photo associé dans leur esprit au manque de qualité de leur matériel.
En fait au début j'ai utilisé ces photophones en remplacement de petits jetables qui nous servaient à faire des constats où des états de lieux et à communiquer entre techniciens, bref c'était exclusivement fonctionnel et bien plus intuitif et rapide que le film.
Mais du coup j'ai aussi tenté quelques petits témoignages et le résultat fut que j'ai déterré mes vieux reflex Fuji et mon brave Bronica, qu était resté bien au chaud dans mon sac de marin depuis plus de dix ans, une pile à chacun pour ne pas faire de jaloux et il ont repris du service.
Et cela gràce à un brave photophone Sagem ..
Depuis j'ai franchi le pas de la photo numérique par commodité où je couvre du plein format au compact de poche dit expert.
J'avoue sincèrement que l'apparition du Nokia 808 remet sérieusement en cause un renouvellement de compact car autant les compacts actuels surpassent en qualité les meilleurs photophones et je crois en avoir un meilleur que le trop souvent cité IPhone autant ils restent en retrait en terme de disponibilité.
J'attend la version Windows du Nokia pour me décider car tout mon environnement mobile de travail est calé depuis fort longtemps sous ce système, à noter d'ailleurs qu'il y a belle lurette bien avant le IPhone que nous synchronisons avec ce système du courrier ou des agendas ou transmettons des images et des données dans mon cas avec du matèriel HTC écran tactile compris la seule réserve sera sur le processeur sous Windows phone qui si j'ai bien lu limitera la définition à 20 Mpx, dans ce cas pour tenter l'aventure du méga pixel et surtout d'une bonne dynamique je migrerais sans crainte vers Nokia et son système Symbian qui est tout sauf un système superficieel.
Pour ce qui me concerne, j'ai désormais toujours le RX100 dans une poche, donc je continuerai à ne pas me servir de l'appareil photo de mon smartphone.
Ça m'arrive des fois aussi... :wink:
Mon A77 est "souvent" avec moi, mon "vieux" Pentax Optio 80 (étanche) est accroché à ma sacoche (avec une batterie de rechange), mon encore plus vieux Sony Mavica (floppy 3.5") est en permanence dans la voiture et ...
Et il m'arrive de n'avoir que mon BB Torch pour faire une photo dont j'ai besoin, ou pour un lieu ou un instant que je souhaite fixer!
Il arrive même que certaines prises de vues passent bien sur écran ... mais pour l'instant, je envisagerais plus facilement d'acheter un RX100, que même le Nokia ... Peut êtra i-je tort, mais difficile de "changer", pour les "vieux"
Tout d'abord, il accrédite l'idée que le smartphone s'impose de plus en plus dans l'univers photographique. Il est loin le temps pas très lointain où il n'était qu'un simple gadget le plus souvent inutilisable dans le téléphone.
Alors c'est vrai que pour la plupart des utilisateurs, il ne sert que de bloc-note de l'instant sans aucune démarche photographique. La plupart des utilisateurs n'ont d'ailleurs aucun intérêt pour le monde de la photo.
Des applis comme instagram ont ensuite démultiplié la mode du partage et ces effets vintage qui conduisent à un formatage de la photo. (Si ces malheureux avaient connu comme moi la difficulté de l'acte photographique dans les années 80 pour un simple amateur, ils seraient peut être moins friands de ces filtres vintage).
Mais ce formatage n'est guère plus pénible que celui du cinéma, où, depuis la banalisation des effets numériques, la facilité a pris le pas sur la créativité.
Quant à moi, je trouve tout simplement fabuleux d'avoir dans la poche un smartphone qui me permet de faire des clichés corrects et des vidéos HD. Et mon petit compact que je conservais dans la voiture, a pris le chemin de l'étagère ou il sert de repose-poussière...
Et oui, j'imagine plus le smartphone pour la vidéo que pour la photo. Mais... je fais très peu de vidéo. Je reste encore vraiment photo, malgré la qualité des outils dont on dispose désormais avec les boîtiers Sony...
Un RX100 est déjà un appareil photo qui demande un rangement dédié et qu'on ne sort pas de sa poche de pantalon sur un claquement de doigts IL restera pourtant perçu comme à la fois compact et jouant dans la cour des grands si on le mettait en face d'un photophone standard.
L’intérêt de ton article est qu'il admet le débat s'il s'agit du Nokia 808 et de grosses réserves devant la prédiction de la fin des appareils photos de poche.
A oui le fil des numériques !
Il date quand même du début des effets à la mode IPhone et l'initiateur s'il en a beaucoup joué, par dérision d'ailleurs, en est revenu; vas voir son site de photographe belge et tu nous en diras des nouvelles ! Par contre il faut savoir souffrir pour aller jusqu'à quelques pépites que je te laisse chercher derrière les classiques photos un peu neuneu dont les miennes qui sont la pour montrer ce qu'on faisait avec des fichiers de quelques dizaines de kilos
C'est comme la bonne cuisine ou les bouquins il faut sans cesse se frotter au banal pour tomber sur les écrins
Après l'épandage sonore des vies privées dans les espaces publics, les photophones nous abreuvent de logorrhées visuelles.
Ils restent tout de même de fidèles blocs-notes qui ne peuvent que stimuler l'évolution des apn compacts pendant plusieurs années encore...
Citer : Le teste parle de gens qui font des photos il ne parle pas de photographes et que les photographes se rassurent ils ne sont pas mis en cause par cette multitude roturière qui envahi l'espace internet de ses onomatopées picturales.
C'est un peu comme si tous les gens de tous les jours parce qu'ils se déplacent au volant d'une voiture se prenaient pour des pilotes encore que la effectivement certains le font..Mais que les photographes qui vivent leur passion comme un sacerdoce se rassurent, leurs propres photos ne seront ni pires ni meilleures parce que des mal élevés en font d'autre au photophone. A moins de craindre que l'aspect artistique que nous recherchions tous ne soit compromis par la banalisation de l'acte car dans une reconnaissance artistique se cache toujours une part de reconnaissance tout court.
Quand au matériel peu importe qu'il contienne ou pas un téléphone ou qu'un téléphone contienne ou pas un capteur photo je ne me coltine pas chaque jour que fait le soleil avec quinze kilos de matos photos pour faire le beau et si je trouvais un petit bidule aussi facile à sortir de sa poche qu'un Opinel et qui me rende une dynamique digne d'un MF alors je prend sans discuter
Ce Nokia 808 quelque chose change quand même pas mal la donne
Le billet précédent est de ..Cocagne mais ça j'imagine Patrick que tu avais reconnu l'auteur du forfait !
Quand te décideras tu as permettre à ton blog de reconnaitre ceux qui ont délà publié ?
Pas besoin de quinze kilos ?
Je veux bien le croire mais alors annonçons la fin des reflexs...
nb :
le problème des smartphone pour moi c'est le mode portrait, les fabriquant devraient mettre un avertissement ou je sais pas mais pitié faut arrêter de filmer en portrait ^^
Si tu descends dans le bas de l'article il y a plusieurs clichés saisissants quand on sait qu'ils viennent d'un smartphone. La comparaison avec le 650D, même parcellaire, est quand même révélatrice de la qualité du Nokia.
Je suis totalement d'accord avec toi quand tu évoques le fait que les smartphones font découvrir la photo à des gens qui ne s'y seraient peut-être jamais intéressé. Le potentiel pédagogique de ces "appareils un peu simples" est élevé. Et il ne faut pas oublier que "le meilleur appareil photo, c'est celui qu'on a sur soi"... C'est plus souvent le cas d'un smartphone que d'un appareil photo de qualité. Les très bons compacts restent encombrants, souvent la faute à leur zoom. Dans cette logique, l'idée de Nokia : "pouvoir recadrer ses photos après la prise de vue grâce à une résolution supérieure" me parait intéressante. Cela permet de simuler un zoom sans agrandir l'appareil. La conclusion sur la convergence de l'article précédemment cité me semble d'ailleurs prophétique.
Pour le "match" contre le 650D, le protocole de test a été taillé sur mesure pour le Nokia. Pas de test à haute sensibilité hormis une photo illisible de nuit, accent mis sur la définition où le Nokia a un avantage, oubli de la dynamique où le Nokia est sans doute à la ramasse, comparaison d'un zoom peu lumineux et d'une focale fixe, etc.
Cela étant, il est évident qu'avec un tel capteur, les images en lumière favorable issues du Nokia sont bonnes, et qu'on peut le considérer comme un bon compact à focale fixe.
S'agissant du zoom numérique, à la prise de vue ou en post-traitement, c'est en effet l'un des avantages d'une forte définition, et celle du Nokia est très étonnante.
Donc oui, le Nokia peut remplacer un compact dans bien des situations, mais il s'agit d'une exception parmi les smartphones. Comme il semble y avoir une dictature de la finesse (très défavorable à la photo), je doute que cela se généralise. Nous verrons bien... :wink:
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