Oct
10
2008
Interview de Matthieu Lanier, Chef de Groupe Imagerie Numérique de Sony-France
Le paysage global de la photographie reflex numérique a considérablement changé ces derniers mois, et la proposition faite aux utilisateurs n'a jamais été aussi large, variée et accessible. L'arrivée de Sony dans ce secteur d'activité très spécifique n'y est sans doute pas pour rien : en un an, 5 boîtiers occupant tous les segments et une gamme optique de plus en plus riche, les produits Alpha ont bousculé une hiérarchie jusqu'alors dominée par Canon et Nikon. Avec déjà pas moins de 17% de parts de marché et une offre qualitative symbolisée par l'Alpha 900, Sony affiche clairement des ambitions élevées.
Pour faire un bilan d'étape, Matthieu Lanier, Chef de Groupe Imagerie Numérique de Sony-France, nous a accordé une interview exclusive.
Alphanum : Matthieu Lanier, merci d'avoir accepté l'invitation du site alpha-numerique.fr. Vous êtes Chef de Groupe Imagerie Numérique de Sony-France. Pouvez-vous nous expliquer ce que recouvre ce pôle et comment votre fonction s'articule avec celle des directions technique et commerciale ?
Matthieu Lanier : Ce pôle produit regroupe les catégories liées à l'image grand public : appareils photos cybershot, camescopes, système Reflex Alpha, cadres photos, imprimantes photos 10x15 et tous les accessoires dédiés.
Mon rôle est de m'assurer que nous atteignons nos objectifs commerciaux, en m'appuyant sur toutes les ressources de l'entreprise. Je travaille donc en très étroite collaboration avec les équipes commerciales afin de maximiser nos ventes dans chaque canal de distribution, et afin d'adapter nos outils aux distributeurs et à leur type de clientèle. Nous avons une forte proximité qui nous permet d'être très réactifs.
Pour le reste, mon équipe et moi mettons en musique le marketing pour ces catégories de produits, de la promotion sur lieu de vente aux campagnes de communication, aux événements, formations, outils d'information, sachant que beaucoup de choses sont développées par l'Europe et que nous devons souvent adapter ces éléments aux marchés français.
La dernière partie de ma fonction, sans doute une des plus intéressantes, est liée au développement produit, nous en parlerons sans doute plus tard.
Comment et pourquoi Sony a-t-il décidé d'investir le marché très particulier des reflex numériques ?
Bien que notre engagement en photographie numérique soit déjà ancien, nous souhaitions consolider notre position de leader sur le marché de la photo, et afin d'investir un marché porteur en valeur, nous nous devions d'être présents sur le Reflex.
C'est la possibilité de reprendre les actifs de Minolta qui a facilité notre arrivée sur le marché des reflex. Nous avions depuis longtemps la capacité à construire des boîtiers performants, en témoigne le bridge R1, mais nous n'avions pas la capacité optique et Minolta était une formidable opportunité. Nous avons ainsi pu sortir très vite notre premier boîtier, l'Alpha 100, en proposant le premier 10Mpx à prix accessible.
Comment la partie Alpha est-elle organisée chez Sony-France ? Pensez-vous avoir la masse critique suffisante pour faire face à une concurrence implantée depuis longtemps dans le marché des reflex ?
Des équipes Alpha se sont constituées en Europe et en France, mais nous ne sommes pas aussi nombreux que dans les entreprises dont c'est le métier principal. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles, vu du côté des passionnés du forum Alphadxd, les choses semblent parfois ne pas aller assez vite. Sony est pourtant une entreprise réactive. Ce marché est complexe et très bataillé, c'est pourquoi la photo Reflex est une absolue priorité en Europe et en France. Toutefois Sony doit aussi se battre sur le front de l'informatique, de la TV, de l'audio où les enjeux ne sont pas moins importants. Toutes les ressources ne peuvent par conséquent être consacrées à la photo, mais c'est en revanche l'activité qui suscite le plus de passion et d'enthousiasme au sein des équipes marketing et commerciales, ce qui est un formidable moteur pour aider à nous développer.
Quel bilan tirez-vous de ces deux premières années d'engagement dans les reflex numériques ?
Le bilan est pour nous très positif. Les parts de marché se développent très vite, en France comme dans toute l'Europe, et nous somme actuellement 3ème avec près de 17% de parts de marché (et même plus de 22% dans certains réseaux de distribution). Dans certains pays d'Europe, l'écart avec Canon et Nikon est très réduit et nous sommes même leader du marché en Pologne !
S'il reste beaucoup de travail pour poursuivre cette croissance, nous avons désormais des boîtiers dans chaque segment et une gamme optique et d'accessoires qui peut déjà satisfaire la plupart des usages, même si elle reste à compléter.
Quelle est la stratégie pour les mois à venir, et quelles seront les priorités ?
Nous serons présents sur plusieurs fronts : d'abord la distribution où nous poursuivons un gros travail pour mieux faire connaître le système alpha et renforcer notre implantation. Ensuite les consommateurs, via des promotions attractives qui seront mises en place sur la fin d'année.
Côté produits nous venons de boucler une boucle avec le lancement de 5 Reflex en 1 an, ce qui ne s'était jamais vu. Nous couvrons à peu près tous les besoins, de l'entrée de gamme avec l'A200 au semi-pro avec l'A900. Nous nous sommes attachés à montrer notre capacité à développer de vrais appareils photo Reflex et à rassurer sur notre volonté de devenir leader d'ici quelques années. Notre arrivée dans l'activité Reflex n'est pas une tentative, c'est un engagement très fort envers les utilisateurs de nos appareils et bien sûr envers les anciens minoltistes. Il nous reste encore beaucoup à faire pour poursuivre la croissance. Pour cela, après avoir produit des appareils conformes à beaucoup d'attentes, nous allons continuer à faire progresser la qualité d'image de nos appareils mais nous nous permettrons aussi parfois de bousculer un peu les « traditions » de ce marché avec quelques touches plus « Sony ».
A propos de traditions, il est paradoxal de constater que c'est Nikon (D90) et Canon (5DMkII) qui ont introduit dans leurs boîtiers la vidéo, domaine dans lequel Sony est leader, alors que l'Alpha 900 a des caractéristiques plus traditionnelles, avec en particulier un viseur exceptionnel. Qu'est-ce qui a motivé ces choix ?
Comme je l'ai dit, la priorité des ingénieurs a été de développer de très bons appareils photos. En premier lieu, nous devions « rassurer » avant d'aller plus vite. Vous citez le viseur, tout Sony en est extrêmement fier car c'est un symbole d'excellence photographique depuis toujours et nous avons probablement produit le meilleur du marché.
Concernant la vidéo, cela est certainement une fonction intéressante, notamment pour le grand public, mais dans un premier temps la priorité de développement a été mise sur des fonctions comme notre Live-view : nous pensons que bénéficier simultanément de la visée et de l'autofocus, avec un écran pivotant, est un grand atout qui permet aux utilisateurs venant du compact d'avoir moins « peur » de franchir le pas vers un Reflex.
Nous allons bien sûr regarder la façon dont la vidéo sera perçue par le grand public dans les semaines à venir...
Comment se passe le lancement de l'Alpha 900, au moment où il commence à être disponible à l'achat ?
L'accueil est très bon. Les critiques de la presse spécialisée sont très positives, les distributeurs soutiennent le boîtier et les photographes qui l'ont déjà pris en main en semblent très satisfaits.
Nous l'avons volontairement positionné à un tarif plus bas qu'attendu, et c'était une bonne décision au vu des récentes annonces de boîtiers concurrents. Nos objectifs sont ambitieux, et pour les atteindre l'Alpha 900 devra satisfaire non seulement ceux qui sont équipés en Minolta / Alpha mais aussi parvenir à convaincre des Canonistes ou Nikonistes de changer de système.
Ce boitier pourrait satisfaire bien des photographes pros évoluant dans le domaine de la photo sociale : avec la stabilisation de tous les objectifs, une très bonne qualité d'image, un viseur pro et une gamme optique convenant à leurs besoins, ils se voient offrir une belle alternative à leur système actuel, à un tarif compétitif.
Nous avons d'ailleurs déjà été contactés par quelques pros. L'un d'entre eux, qui travaille en 1DMkIII, « double » son travail avec un A900 car il envisage une bascule de système.
Sony envisage-t-il, à terme, une implantation forte dans le segment pro avec des équipes logistiques de soutien aux professionnels, par exemple sur des événements sportifs ciblés ?
Notre ambition étant de devenir leader du marché des Reflex, cela signifie être capable d'adresser tous les besoins, y compris cette typologie de professionnels. Mais nous sommes très réalistes : cela prendra beaucoup de temps, de patience, et cela n'est pas encore une priorité à court terme.
Nous avons bien d'autres marches à franchir avant de nous attaquer à « l'Everest de la photo pro ».
Sony n'a rien annoncé lors de la Photokina. Quels sont les lancements prévus à court et moyen terme ?
Depuis Septembre dernier, nous avons lancé 5 boîtiers et 5 optiques de haut niveau (18-250 / 24-70Z / 70300G / 16-35Z / 70-400G), ce qui fait un rythme plutôt soutenu ! Il est certain que les cycles de développement vont s'accélérer par rapport à il y a deux ou trois ans, mais la gamme est tout de même récente et même l'A700, qui a un an, est un boîtier qui continue à évoluer avec la V4 dévoilée il y a peu. Nous allons conserver un rythme de lancement soutenu et les prochaines annonces seront pour 2009 à la PMA. Elles concerneront des boîtiers plus "grand public". Mais il faudra être encore plus patient pour voir arriver des boîtiers correspondant plus aux souhaits de certains membres de votre forum. En passant, je suis toujours très surpris des annonces faites sur plusieurs forums par certains "oracles" qui se prétendent très bien informés. La politique de confidentialité chez Sony est particulièrement stricte et les personnes en France amenées à connaître les informations sur nos boîtiers futurs sont exceptionnellement peu nombreuses. De plus, notre politique interne est également très stricte : nous n'avons pas le droit de participer ou de nous immiscer dans aucune discussion sur un forum ou un blog. C'est la raison pour laquelle tout ce qui peut être écrit sur nos futurs boîtiers n'est que de la spéculation.
Avez-vous des interactions avec les ingénieurs Sony ?
Oui, nous rencontrons les ingénieurs 3 fois par an pour échanger sur les développements produits, sachant qu'un développement est très long et complexe. Chaque changement de caractéristique retarde d'autant la sortie d'un boîtier : en caricaturant, il ne suffit pas d'utiliser une coque en y implantant un capteur. Soyez sûr que le D700 et le D3 chez Nikon ont été développés conjointement...
Notre roadmap 2009 est ainsi quasi finalisée... Nous commençons à travailler sur 2010. Vous verrez que nos ingénieurs s'efforcent d'être le plus à l'écoute possible des souhaits de nos utilisateurs, mais privilégient la qualité à la rapidité dans le développement de la gamme Alpha.
Le développement de la gamme optique fait-il l'objet d'une attention particulière ?
Oui, coté optiques il y a également beaucoup de choses en cours de développement, mais il est difficile de répondre à tous les souhaits simultanément, entre réalité commerciale et besoin de répondre à tous les usages, grand public ou « pro », je pense notamment à des longues focales. La roadmap optique est très complète et devrait répondre à terme à tous les besoins, mais nous avons besoin d'encore un peu de temps pour combler l'écart existant avec nos deux concurrents majeurs.
A coté des cailloux haut de gamme, y aura-t-il encore des développements d'optiques dédiées au capteur APS-C ? Peut-on ainsi espérer des optiques qualitatives et accessibles comme un 17-50/2.8, un 85/1.8 ou un 70-200/4 ?
4 boîtiers de notre gamme actuelle sont en capteur APS-C, un seul en full frame. Nous avons encore bien des choses à proposer dans les deux cas. Nous venons de lancer ou d'annoncer 4 optiques plein format, la prochaine étape pourrait concerner des optiques adaptées à l'APS-C. Je ne peux en revanche rien vous communiquer de plus précis...
Le prix des optiques Sony a globalement baissé, en particulier certains modèles très importants comme le 70-200/2.8 SSM, revenu au niveau de ses concurrents des autres marques. Certains pourtant continuent à être très chers, comme l'emblématique 300/2.8 SSM. Y a-t-il des raisons spécifiques à cela ?
A la reprise des actifs de Minolta, nous avons « découvert » le métier de fabricant d'optiques. Il n'a pas été facile d'ajuster l'outil de production à nos ambitions, et cela a pu retarder la baisse de prix de certaines optiques comme le 70-200/2.8 SSM.
Cela n'a malheureusement pas pu encore être fait sur le 300/2.8, qui reste une optique avec des contraintes de production importantes et donc très chère à fabriquer.
Quel bilan tirez-vous de la PhotoKina, et comment jugez-vous le paysage photo reflex après l'annonce des derniers boîtiers ?
C'est une période fantastique pour les amateurs de photo ! Quel que soit leur niveau, leur budget, leurs besoins, ils n'ont jamais eu autant le choix. Le matériel progresse en qualité, en simplicité, les prix baissent, autant de tentations et de motivations pour s'équiper, découvrir le plaisir de la Photo Reflex ou compléter son équipement.
Cette concurrence et ce paysage mouvant sont un formidable stimulant pour Sony, et de fait notre forte croissance n'en a que plus de valeur.
Concernant la Photokina, ce fut un très bon salon, et nous y avons pris une part prépondérante. Notre stand avait doublé depuis la dernière fois, il n'a jamais désempli. Évidemment, Alpha et l'A900 tenaient une place centrale, notre stand était vivant car au-delà de la manipulation des appareils étaient proposées de très nombreuses animations qui permettaient au public de bien comprendre les points forts de nos appareils. Je pense entre autres à notre système Live-View en Reflex, à nos systèmes de détection des scènes ou des sourires en compact ou en caméscopes. Le stand comportait aussi un clin d'œil à Minolta avec l'exposition de quelques appareils mythiques comme le 7000, le 9000, et bien sûr le Dynax 9 aux côtés de l'A900. Enfin, notre stand comportait une exposition de tous les clichés primés lors des derniers Sony World Photography awards.
En coulisse, cela a été aussi l'occasion de quelques riches échanges avec la presse, avec nos ingénieurs, mais aussi avec la distribution pour finaliser de nombreuses opérations commerciales de fin d'année.
Avez-vous un message à adresser à notre communauté d'utilisateurs, représentée par le forum AlphaDxD et le site Alpha-numerique.fr ?
Oui bien sûr ! Je remercie tous les passionnés du forum et du site qui portent haut les couleurs de la marque et nous défendent avec passion. Nous sommes, moi et mes collègues français et européens, des lecteurs attentifs d'AlphaDxD et d'Alphanum, qui sont bien sûr dans nos favoris internet !
La croissance du forum est un signe évidemment de bonne santé, et on vous promet de belles surprises dans les mois à venir, avec un objectif : que l'on se fasse le plus plaisir possible en prenant des photos avec un reflex Alpha !
Enfin, vous êtes tous de vrais photographes de talent, et je parcours régulièrement et avec plaisir la rubrique photos du forum. J'espère que vous participerez tous aux Sony World Photography Awards 2009, ce serait une joie et une fierté formidable pour moi et mes collègues français si l'un d'entre vous était primé en Avril prochain dans une des catégories amateur ou pro !
Matthieu Lanier : Ce pôle produit regroupe les catégories liées à l'image grand public : appareils photos cybershot, camescopes, système Reflex Alpha, cadres photos, imprimantes photos 10x15 et tous les accessoires dédiés.
Mon rôle est de m'assurer que nous atteignons nos objectifs commerciaux, en m'appuyant sur toutes les ressources de l'entreprise. Je travaille donc en très étroite collaboration avec les équipes commerciales afin de maximiser nos ventes dans chaque canal de distribution, et afin d'adapter nos outils aux distributeurs et à leur type de clientèle. Nous avons une forte proximité qui nous permet d'être très réactifs.
Pour le reste, mon équipe et moi mettons en musique le marketing pour ces catégories de produits, de la promotion sur lieu de vente aux campagnes de communication, aux événements, formations, outils d'information, sachant que beaucoup de choses sont développées par l'Europe et que nous devons souvent adapter ces éléments aux marchés français.
La dernière partie de ma fonction, sans doute une des plus intéressantes, est liée au développement produit, nous en parlerons sans doute plus tard.
Comment et pourquoi Sony a-t-il décidé d'investir le marché très particulier des reflex numériques ?
Bien que notre engagement en photographie numérique soit déjà ancien, nous souhaitions consolider notre position de leader sur le marché de la photo, et afin d'investir un marché porteur en valeur, nous nous devions d'être présents sur le Reflex.
C'est la possibilité de reprendre les actifs de Minolta qui a facilité notre arrivée sur le marché des reflex. Nous avions depuis longtemps la capacité à construire des boîtiers performants, en témoigne le bridge R1, mais nous n'avions pas la capacité optique et Minolta était une formidable opportunité. Nous avons ainsi pu sortir très vite notre premier boîtier, l'Alpha 100, en proposant le premier 10Mpx à prix accessible.
Comment la partie Alpha est-elle organisée chez Sony-France ? Pensez-vous avoir la masse critique suffisante pour faire face à une concurrence implantée depuis longtemps dans le marché des reflex ?
Des équipes Alpha se sont constituées en Europe et en France, mais nous ne sommes pas aussi nombreux que dans les entreprises dont c'est le métier principal. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles, vu du côté des passionnés du forum Alphadxd, les choses semblent parfois ne pas aller assez vite. Sony est pourtant une entreprise réactive. Ce marché est complexe et très bataillé, c'est pourquoi la photo Reflex est une absolue priorité en Europe et en France. Toutefois Sony doit aussi se battre sur le front de l'informatique, de la TV, de l'audio où les enjeux ne sont pas moins importants. Toutes les ressources ne peuvent par conséquent être consacrées à la photo, mais c'est en revanche l'activité qui suscite le plus de passion et d'enthousiasme au sein des équipes marketing et commerciales, ce qui est un formidable moteur pour aider à nous développer.
Quel bilan tirez-vous de ces deux premières années d'engagement dans les reflex numériques ?
Le bilan est pour nous très positif. Les parts de marché se développent très vite, en France comme dans toute l'Europe, et nous somme actuellement 3ème avec près de 17% de parts de marché (et même plus de 22% dans certains réseaux de distribution). Dans certains pays d'Europe, l'écart avec Canon et Nikon est très réduit et nous sommes même leader du marché en Pologne !
S'il reste beaucoup de travail pour poursuivre cette croissance, nous avons désormais des boîtiers dans chaque segment et une gamme optique et d'accessoires qui peut déjà satisfaire la plupart des usages, même si elle reste à compléter.
Quelle est la stratégie pour les mois à venir, et quelles seront les priorités ?
Nous serons présents sur plusieurs fronts : d'abord la distribution où nous poursuivons un gros travail pour mieux faire connaître le système alpha et renforcer notre implantation. Ensuite les consommateurs, via des promotions attractives qui seront mises en place sur la fin d'année.
Côté produits nous venons de boucler une boucle avec le lancement de 5 Reflex en 1 an, ce qui ne s'était jamais vu. Nous couvrons à peu près tous les besoins, de l'entrée de gamme avec l'A200 au semi-pro avec l'A900. Nous nous sommes attachés à montrer notre capacité à développer de vrais appareils photo Reflex et à rassurer sur notre volonté de devenir leader d'ici quelques années. Notre arrivée dans l'activité Reflex n'est pas une tentative, c'est un engagement très fort envers les utilisateurs de nos appareils et bien sûr envers les anciens minoltistes. Il nous reste encore beaucoup à faire pour poursuivre la croissance. Pour cela, après avoir produit des appareils conformes à beaucoup d'attentes, nous allons continuer à faire progresser la qualité d'image de nos appareils mais nous nous permettrons aussi parfois de bousculer un peu les « traditions » de ce marché avec quelques touches plus « Sony ».
A propos de traditions, il est paradoxal de constater que c'est Nikon (D90) et Canon (5DMkII) qui ont introduit dans leurs boîtiers la vidéo, domaine dans lequel Sony est leader, alors que l'Alpha 900 a des caractéristiques plus traditionnelles, avec en particulier un viseur exceptionnel. Qu'est-ce qui a motivé ces choix ?
Comme je l'ai dit, la priorité des ingénieurs a été de développer de très bons appareils photos. En premier lieu, nous devions « rassurer » avant d'aller plus vite. Vous citez le viseur, tout Sony en est extrêmement fier car c'est un symbole d'excellence photographique depuis toujours et nous avons probablement produit le meilleur du marché.
Concernant la vidéo, cela est certainement une fonction intéressante, notamment pour le grand public, mais dans un premier temps la priorité de développement a été mise sur des fonctions comme notre Live-view : nous pensons que bénéficier simultanément de la visée et de l'autofocus, avec un écran pivotant, est un grand atout qui permet aux utilisateurs venant du compact d'avoir moins « peur » de franchir le pas vers un Reflex.
Nous allons bien sûr regarder la façon dont la vidéo sera perçue par le grand public dans les semaines à venir...
Comment se passe le lancement de l'Alpha 900, au moment où il commence à être disponible à l'achat ?
L'accueil est très bon. Les critiques de la presse spécialisée sont très positives, les distributeurs soutiennent le boîtier et les photographes qui l'ont déjà pris en main en semblent très satisfaits.
Nous l'avons volontairement positionné à un tarif plus bas qu'attendu, et c'était une bonne décision au vu des récentes annonces de boîtiers concurrents. Nos objectifs sont ambitieux, et pour les atteindre l'Alpha 900 devra satisfaire non seulement ceux qui sont équipés en Minolta / Alpha mais aussi parvenir à convaincre des Canonistes ou Nikonistes de changer de système.
Ce boitier pourrait satisfaire bien des photographes pros évoluant dans le domaine de la photo sociale : avec la stabilisation de tous les objectifs, une très bonne qualité d'image, un viseur pro et une gamme optique convenant à leurs besoins, ils se voient offrir une belle alternative à leur système actuel, à un tarif compétitif.
Nous avons d'ailleurs déjà été contactés par quelques pros. L'un d'entre eux, qui travaille en 1DMkIII, « double » son travail avec un A900 car il envisage une bascule de système.
Sony envisage-t-il, à terme, une implantation forte dans le segment pro avec des équipes logistiques de soutien aux professionnels, par exemple sur des événements sportifs ciblés ?
Notre ambition étant de devenir leader du marché des Reflex, cela signifie être capable d'adresser tous les besoins, y compris cette typologie de professionnels. Mais nous sommes très réalistes : cela prendra beaucoup de temps, de patience, et cela n'est pas encore une priorité à court terme.
Nous avons bien d'autres marches à franchir avant de nous attaquer à « l'Everest de la photo pro ».
Sony n'a rien annoncé lors de la Photokina. Quels sont les lancements prévus à court et moyen terme ?
Depuis Septembre dernier, nous avons lancé 5 boîtiers et 5 optiques de haut niveau (18-250 / 24-70Z / 70300G / 16-35Z / 70-400G), ce qui fait un rythme plutôt soutenu ! Il est certain que les cycles de développement vont s'accélérer par rapport à il y a deux ou trois ans, mais la gamme est tout de même récente et même l'A700, qui a un an, est un boîtier qui continue à évoluer avec la V4 dévoilée il y a peu. Nous allons conserver un rythme de lancement soutenu et les prochaines annonces seront pour 2009 à la PMA. Elles concerneront des boîtiers plus "grand public". Mais il faudra être encore plus patient pour voir arriver des boîtiers correspondant plus aux souhaits de certains membres de votre forum. En passant, je suis toujours très surpris des annonces faites sur plusieurs forums par certains "oracles" qui se prétendent très bien informés. La politique de confidentialité chez Sony est particulièrement stricte et les personnes en France amenées à connaître les informations sur nos boîtiers futurs sont exceptionnellement peu nombreuses. De plus, notre politique interne est également très stricte : nous n'avons pas le droit de participer ou de nous immiscer dans aucune discussion sur un forum ou un blog. C'est la raison pour laquelle tout ce qui peut être écrit sur nos futurs boîtiers n'est que de la spéculation.
Avez-vous des interactions avec les ingénieurs Sony ?
Oui, nous rencontrons les ingénieurs 3 fois par an pour échanger sur les développements produits, sachant qu'un développement est très long et complexe. Chaque changement de caractéristique retarde d'autant la sortie d'un boîtier : en caricaturant, il ne suffit pas d'utiliser une coque en y implantant un capteur. Soyez sûr que le D700 et le D3 chez Nikon ont été développés conjointement...
Notre roadmap 2009 est ainsi quasi finalisée... Nous commençons à travailler sur 2010. Vous verrez que nos ingénieurs s'efforcent d'être le plus à l'écoute possible des souhaits de nos utilisateurs, mais privilégient la qualité à la rapidité dans le développement de la gamme Alpha.
Le développement de la gamme optique fait-il l'objet d'une attention particulière ?
Oui, coté optiques il y a également beaucoup de choses en cours de développement, mais il est difficile de répondre à tous les souhaits simultanément, entre réalité commerciale et besoin de répondre à tous les usages, grand public ou « pro », je pense notamment à des longues focales. La roadmap optique est très complète et devrait répondre à terme à tous les besoins, mais nous avons besoin d'encore un peu de temps pour combler l'écart existant avec nos deux concurrents majeurs.
A coté des cailloux haut de gamme, y aura-t-il encore des développements d'optiques dédiées au capteur APS-C ? Peut-on ainsi espérer des optiques qualitatives et accessibles comme un 17-50/2.8, un 85/1.8 ou un 70-200/4 ?
4 boîtiers de notre gamme actuelle sont en capteur APS-C, un seul en full frame. Nous avons encore bien des choses à proposer dans les deux cas. Nous venons de lancer ou d'annoncer 4 optiques plein format, la prochaine étape pourrait concerner des optiques adaptées à l'APS-C. Je ne peux en revanche rien vous communiquer de plus précis...
Le prix des optiques Sony a globalement baissé, en particulier certains modèles très importants comme le 70-200/2.8 SSM, revenu au niveau de ses concurrents des autres marques. Certains pourtant continuent à être très chers, comme l'emblématique 300/2.8 SSM. Y a-t-il des raisons spécifiques à cela ?
A la reprise des actifs de Minolta, nous avons « découvert » le métier de fabricant d'optiques. Il n'a pas été facile d'ajuster l'outil de production à nos ambitions, et cela a pu retarder la baisse de prix de certaines optiques comme le 70-200/2.8 SSM.
Cela n'a malheureusement pas pu encore être fait sur le 300/2.8, qui reste une optique avec des contraintes de production importantes et donc très chère à fabriquer.
Quel bilan tirez-vous de la PhotoKina, et comment jugez-vous le paysage photo reflex après l'annonce des derniers boîtiers ?
C'est une période fantastique pour les amateurs de photo ! Quel que soit leur niveau, leur budget, leurs besoins, ils n'ont jamais eu autant le choix. Le matériel progresse en qualité, en simplicité, les prix baissent, autant de tentations et de motivations pour s'équiper, découvrir le plaisir de la Photo Reflex ou compléter son équipement.
Cette concurrence et ce paysage mouvant sont un formidable stimulant pour Sony, et de fait notre forte croissance n'en a que plus de valeur.
Concernant la Photokina, ce fut un très bon salon, et nous y avons pris une part prépondérante. Notre stand avait doublé depuis la dernière fois, il n'a jamais désempli. Évidemment, Alpha et l'A900 tenaient une place centrale, notre stand était vivant car au-delà de la manipulation des appareils étaient proposées de très nombreuses animations qui permettaient au public de bien comprendre les points forts de nos appareils. Je pense entre autres à notre système Live-View en Reflex, à nos systèmes de détection des scènes ou des sourires en compact ou en caméscopes. Le stand comportait aussi un clin d'œil à Minolta avec l'exposition de quelques appareils mythiques comme le 7000, le 9000, et bien sûr le Dynax 9 aux côtés de l'A900. Enfin, notre stand comportait une exposition de tous les clichés primés lors des derniers Sony World Photography awards.
En coulisse, cela a été aussi l'occasion de quelques riches échanges avec la presse, avec nos ingénieurs, mais aussi avec la distribution pour finaliser de nombreuses opérations commerciales de fin d'année.
Avez-vous un message à adresser à notre communauté d'utilisateurs, représentée par le forum AlphaDxD et le site Alpha-numerique.fr ?
Oui bien sûr ! Je remercie tous les passionnés du forum et du site qui portent haut les couleurs de la marque et nous défendent avec passion. Nous sommes, moi et mes collègues français et européens, des lecteurs attentifs d'AlphaDxD et d'Alphanum, qui sont bien sûr dans nos favoris internet !
La croissance du forum est un signe évidemment de bonne santé, et on vous promet de belles surprises dans les mois à venir, avec un objectif : que l'on se fasse le plus plaisir possible en prenant des photos avec un reflex Alpha !
Enfin, vous êtes tous de vrais photographes de talent, et je parcours régulièrement et avec plaisir la rubrique photos du forum. J'espère que vous participerez tous aux Sony World Photography Awards 2009, ce serait une joie et une fierté formidable pour moi et mes collègues français si l'un d'entre vous était primé en Avril prochain dans une des catégories amateur ou pro !
(Propos recueillis par Patrick Moll)
Commentaires
En tout cas s'il cherche du monde pour promouvoir leurs produits je suis leur homme.
Je suis par contre étonné du discours peu ambitieux sur la vidéo alors qu'il est clair qu'on va assister à une convergence photo - video HD dans certains domaines (photojournalisme et, en ce qui me concerne plus particulièrement, en entreprise).
J'en ai encore discuté il y a peu de temps avec des photos reporters très expérimentés et, malgré le fait que certains sont assez réfractaires à la surabondance technologique et informatique, il avouent que cette convergence aura bien lieu et ils s'y attendent depuis des années déjà.
En revanche sur des boîtiers semi-pro et pro, elle me semble à la limite de l'utilisabilité (à part sur pied). Perso, je ne m'imagine absolument pas tenir à bout de bras mon A900 avec un 24-70/2.8 ou 70-200/2.8 (plus de 2 kg) pour cadrer en vidé sur l'écran arrière...
Dans tous les cas, il s'agirait d'un mode d'appoint ou de dépannage car même coté qualité d'image et profondeur de zoom optique, n'importe quel camescope de niveau correct permettra plus de choses, pour le prix d'une optique moyenne et avec un format minuscule.
Le photo reporter qui fait également de la vidéo me semble avoir tout intérêt à partir avec un petit camescope dans sa poche plutôt que de devoir utiliser son gros reflex bien lourd. Le 2-en-1 est rarement symbole de qualité et/ou d'ergonomie...
De plus, on pourra extraire des instantanés de haute qualité des vidéos produites.
Alors, bien sûr, faire de la vidéo pro exige du savoir faire. Ca tombe bien, c'est ce qu'on demande à un pro. Pendant que les amateurs débattent de l'opportunité de la vidéo sur un réflex, certains pro y voient leur intérêt et commencent à se mettre au travail...
Quant au D90, son mode vidéo n'a ni l'ambition, ni la qualité de ce que propose le boîtier Canon, et qu'on retrouvera à coup sûr sur le 60D et la 4e génération de reflex pro de la marque.
mes réserves sont essentiellement ergonomiques : il est beaucoup plus facile de faire des vidéos avec un camescope de 500g doté d'un viseur qui permet de bien caler son cadrage plutôt qu'avec un gros reflex avec une grosse optique qu'il faut tenir à bout de bras pour cadrer sur l'écran arrière...
Tu me dis que les pros en sont capables... je veux bien mais certains que je connais bien ne sont pas plus épais qu'un sandwich SNCF et je les imagine très mal avec 2kg à bout de bras
Donc pourquoi pas, mais je continue à penser que sur les reflex haut de gamme c'est un mode d'appoint, et la jolie vidéo qui circule sur le net ne doit pas faire perdre de vue les limitations ergonomiques de ce 2-en-1.
La vidéo pro se fait de toutes façons sur pied. Et si c'est à main levée, sur un stabilisateur gyroscopique. Cf la démo de Vincent Laforêt.
Qaunt aux reporters, ils shooteront à main levée avec leur 24-70: C'est pas pire que filmer à l'épaule avec une Betacam, I presume...
Je n\'ai pas dit que le 5DMkII donnait des images pourave en video, Gilles, j\'ai juste dit que c\'était peu ergonomique.
Sais-si tu si le 5DMkIII aura une cafetière incorporée ? :roll::
(pas taper)...
Plaisanterie mise à part, c\'est sûr que les exemples que tu donnes peuvent faire envie, mais ils ne concernent qu\'une petite minorité de photographes. L\'annonce de ce mode vidéo n\'a d\'ailleurs pas reçu un accueil très chaleureux chez les canonistes, qui auraient préféré un viseur 100% ou un AF amélioré. C\'est ça qui me pose problème dans ces mélanges de genre : les apports anecdotiques se font au détriment de choses plus essentielles pour la vocation première du matériel...
pour moi la vidéo sur un APN n'est qu'un gadget, je ne suis pas sure que le mélange des 2 soit vraiment intéressant.
et pour moi la photographie s'approche plus facilement de l'art qu'une video.
( je ne dit pas que filmer n'est pas artistique hein )mais essayez de mettre une video dans un cadre...
A chacun son métier, les vaches seront bien gardées!
Il y a quelques années, la plupart des photographes se comportaient de la même manière vis-à-vis de l'autofocus du Minolta 7000 ou des premiers boîtiers numériques. On sait ce qu'il en est aujourd'hui, d'autant que tout le monde n'a pas la mémoire courte...
:wink:
On aura sans doute à en reparler souvent, de cette question de convergence, Guillame
Pour MrSony, discour cohérent mais ...
ouin :evil: pour les télés ...
et pour les optiques APS-C : en espérant que ce ne sera pas que du Tamron rebadgé et plombé du tarif, genre les 18-270, 10-24 que la marque vient d'annoncer :roll::
Le SSM ne présente en revanche pas beaucoup d'intérêt pour ce genre de focales,à part le silence de fonctionnement, car le couple du moteur AF des derniers boîtiers Sony est si impressionnant que les optiques SSM ne vont pas forcément plus vite !
Avez-vous vu les exemples qui circulent? Il y a des carences importantes visibles quand on n'est pas sur pied et que l’on ne s’appelle pas Vincent Laforêt.
J'aurais préféré un 720p réellement performant au 1080i médiocre (à ne pas confondre avec 1080p) qui va finalement équiper le 5DIII.
Si Sony ambitionne de passer un jour N°1, il devra prévoir un service "réparations" à la hauteur ce qui ne semble pas être le cas si j'en crois les retours des collègues.
Si Sony lit notre forum, qu'attend-t-il pour sponsoriser notre couple de jeunes globe-trotters et bénéficier de leur expérience in situ ?
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