Mar 07 2009

Paint Shop Pro X2 Ultimate pour les photographes

pspx2.jpgAu fil des versions, l'éditeur graphique de Jasc repris par Corel, est devenu un véritable outil pour les photographes. Je vais passer en revue les aspects les plus intéressants mais aussi les plus agaçants de la version X2 Ultimate de Paint Shop Pro actuellement commercialisée.


Commençons par évacuer les points qui fâchent

• La multiplicité rapprochée dans le temps des versions, 9, X, X1, X2, X2 Utimate. A chaque fois, les améliorations sont minimes. En dehors d'une fenêtre regroupant les principales fonctions de traitement, elles se résument à une réorganisation des menus, à l'ajout du support des RAW de quelques boîtiers et à l'ajout de fonctions de décoration qui ne nous intéressent que très marginalement. Quasiment tout ce qui sera dit dans cet article est donc valable, à des nuances près, pour toutes les versions depuis la 9.
• Le support partiel de la gestion en 16 bits par couche. En effet, si PSP la propose, nombre de fonctions très utiles aux photographes imposent de rétrograder l'image en 8 bits par couche. C'est le cas de l'outil réglage de l'histogramme, du tampon (assez bien fait au demeurant), des corrections de distorsion, d'aberrations chromatiques ou encore de suppression des yeux rouges ou de lissage de la peau et des plug-in. Il est dommage que Corel se soit arrêté en chemin car PSP avec un support 16 bits complet serait sans réelle concurrence.
• Le module de développent des RAW. Il présente deux défauts majeurs, d'une part il évolue rarement entre deux versions de PSP, d'autre part, il n'est pas très bon. Il ne propose aucun réglage mais convertit le RAW tel quel en image 16 bits dont il convient de régler ensuite la netteté, le bruit et les niveaux avec les outils RVB. Son rapport détails / bruit est un des moins performants de tous ceux que j'ai essayés. Au point que PSP X était fourni avec le regretté RawShooter Essentials. Néanmoins, pour des photos prises en-dessous de 800 ISO et destinées à être affichées sur écran, il se révèle suffisant.
• L'absence d'outil de conversion de profil colorimétrique. J'y reviendrai.
• La lenteur de fonctionnement de certains outils comparé à Photoshop.
• L'aide en ligne bien que volumineuse est mal conçue. Il manque un mode pas à pas pour les opérations complexes telles que celles portant sur l'utilisation des calques et des masques.



Maintenant passons à ce qui fait tout l'attrait de PSP

Interface utilisateur

Son interface utilisateur est remarquablement conçue. Elle ne nécessite pas la mémorisation de raccourcis clavier innombrables, tout a visiblement été pensé pour en rendre l'utilisation facile et rapide. Les paramètres validés à l'utilisation d'un outil sont rappelés lors de l'utilisation suivante et de plus, il suffit de cliquer sur le bouton d'enregistrement de la fenêtre de l'outil pour les ajouter à la liste déroulante des pré réglages de cet outil. Tous les outils portant sur l'aspect d'une photo comportent deux fenêtres dont les déplacements et le zoom sont synchronisés et dans lesquelles apparaissent le résultat avant et après traitement.

Trois modes principaux de fonctionnement permettent à chacun de choisir comment il organise l'interface.

• Le mode standard comprend un organiseur, plusieurs palettes d'outils et l'espace principal pour les fenêtres d'images. Les palettes et barres d'outils peuvent être disposées juxtaposées ou disposées librement, y compris en dehors de la fenêtre principale, voire sur deux écrans laissant ainsi un espace maximal pour le travail.

• Un mode « Apprentissage » guide les débutants qui désirent procéder pas à pas en leur proposant une navigation hiérarchique par type de résultat recherché. Au bout du processus de sélection, un outil normal sera invoqué mais au passage, des explications sur leur utilité auront été fournies en langage simple.

• Un mode laboratoire express regroupe en une seule fenêtre les outils les plus couramment utilisés pour le traitement des photos : luminosité, ombres, hautes lumières, saturation, recadrage, horizontalité, etc.



Gestion des couleurs

PSP dispose d'une gestion presque complète des couleurs. Espace colorimétrique de travail, profil des écrans et des imprimantes, simulation d'épreuve, conversion de profil au chargement on y trouve tout ce qui est nécessaire. Seul point négatif, il n'existe pas de moyen simple de convertir un fichier d'un espace colorimétrique vers un autre. Si on travaille, par exemple, en Wide Gamut RGB, et qu'on veut enregistrer une photo destinée à être vue sous l'espace colorimétrique standard SRGB sur internet, il est nécessaire de fermer tous les fichiers ouverts, changer l'espace de travail, recharger la photo dont les valeurs seront automatiquement recalculées dans le nouvel espace puis de l'enregistrer.

Un utilitaire permettant de régler le gamma des écrans est fourni. Il génère un profil standard à enregistrer dans les profils du poste de travail. Utile, faute de mieux, lorsqu'on ne dispose pas d'une sonde de calibrage.


Réglages d'exposition, de tonalité et de contraste

PSP dispose de tous les réglages standard de gamma, luminosité, de contraste, de saturation, de balance des couleurs, accessible via l'histogramme, l'outil courbe et des outils à curseur. Un outil astucieux « Traitement optimal des photos » les combine tous. Il regroupe en une seule fenêtre aux nombreux curseurs de régler la balance des blancs, l'exposition, les hautes et basses lumières, la saturation, l'accentuation et l'étirement de l'histogramme. Il peut proposer des réglages mais, comme son équivalent « Perfectly Clear » de Bibble ses choix ne sont pas toujours judicieux.

L'outil « Clarifier » s'avère très pratique pour donner du peps à une photo un peu plate en modifiant le contraste local.

Les outils « Rétro éclairage » et « Dosage du flash » permettent d'atténuer les hautes lumières ou déboucher les ombres d'une photo en corrigeant les pertes de saturation qui en découlent.



Netteté, flou et bruit

Les outils de netteté classiques, filtre passe haut et masque flou, accentuation en fait, sont présents. Le dernier peut agir uniquement sur la luminance ce qui est presque toujours préférable. Effet plus rarement recherché par les photographes (quoique lorsqu'il est bien maîtrisé il produit de beaux effets), le flou n'est pas oublié : radial, directionnel, gaussien, artistique avec ou sans halo de lumière, tout ce qu'il faut pour détruire le piqué si chèrement acquis est présent. L'outil « Profondeur de champ » devrait permettre de compenser la trop faible ouverture ou la trop petite taille des capteurs des bridges et compacts mais l'effet en est assez artificiel et s'avère difficile à manier, particulièrement si l'objet qui se trouve dans la zone à garder nette n'est pas continu, un arbre par exemple. Peut dépanner.

L'ajout de bruit nous intéresse peu, je passerai donc tout de suite à sa suppression. Élimination des rayures et dépoussiérage, bien utiles pour les photos numérisées accompagnent un très bon outil de réduction du bruit numérique. Dès qu'il est invoqué, il sélectionne automatiquement trois échantillons, hautes lumières, lumières moyennes et ombres. Ces échantillons peuvent être déplacés ou complétés manuellement. De même, son action peut être ajustée séparément pour les HL, ML et BL ou pour des plages de couleurs sélectionnées à la souris. Une fois le dosage de chaque zone déterminé un dosage global détermine le taux de fusion de la version débruitée avec la version originale. La perte de netteté qui découle inévitablement du débruitage peut être compensée par un réglage de « netteté ». Comme pour tous les outils interactifs de PSP des réglages types peuvent être enregistrés et étiquetés, « 1600 ISO » par exemple.



Corrections des objectifs

Assez bizarrement, Corel s'est arrêté tout près du but. Si les outils de correction des aberrations chromatiques, des franges pourpres, des distorsions concaves et convexes sont présentes, nulle trace d'une correction du vignetage qui serait pourtant bien plus utile que la correction des fisheyes. S'il n'y a rien de particulier à signaler sur la correction des distorsions, la correction des aberrations chromatiques mérite qu'on s'y attarde. Au lieu de procéder manuellement à des ajustements des décalages rouge-bleu et magenta-vert, il faut sélectionner à la souris des échantillons de zones présentant des couleurs décalées. PSP calculera automatiquement la correction nécessaire à y apporter, correction qui reste ajustable manuellement.


Perspective, horizontalité et déformations

L'outil de rectification de l'horizontalité est remarquable. Il suffit d'aligner un segment muni de deux poignées avec une ligne qui devrait être horizontale ou verticale et de double-cliquer pour redresser l'image. De la même façon, en déformant un quadrilatère, rectangle par défaut, on redressera les perspectives faussée par une prise de vues trop écartée de l'horizontale. Ce redressement pourra s'accompagner d'une modification importante des proportions H et V nécessitant un ré-échantillonnage de compensation. Une grille déformable finement ajustable permet de se sortir des cas désespérés. Il ne faut cependant pas oublier que ces corrections s'accompagnent inévitablement d'une perte importante de piqué. A manier donc avec précautions.


Sélections

Lasso, lasso automatique, baguette magique, modification de la progressivité, extension, anti-crénelage, etc, PSP offre une palette complète d'outils de sélection aussi complète que la référence des éditeurs graphiques.


Corrections locales

De nombreuses corrections locales peuvent êtres appliquées, assombrissement, éclaircissement, adoucissement, netteté, saturation, remplacement d'objet et tamponnage... Je conseille d'y procéder sur un calque afin de mieux pouvoir y renoncer.


Calques et masques de fusion

Bien que PSP permette d'annuler une opération quelconque dans l'historique de celles qui ont été apportées depuis l'ouverture du fichier, il est préférable d'y procéder sur des calques de réglages. Toutes les opérations ne peuvent s'y effectuer et leur gestion n'est pas aussi évoluée que celle de Photoshop mais elle se révélera souvent suffisante pour l'amateur. Les calques de fusion et les masques, y compris avec des dégradés, outils indispensables à qui veut procéder à des traitements différenciés par zone (ciel et sol par exemple) sont également présents. Malheureusement la documentation sur le sujet est totalement absconse.


Noir et blanc et monochromie

Le photographe amateur de N&B trouvera un mélangeur de canaux, un simulateur de filtres rouge, orange, vert, jaune et bleu ainsi qu'un simulateur de film infra-rouge et un virage sépia. Les amateurs de rétro pourront même remonter dans le temps jusqu'en 1839 en simulant le résultat qu'ils auraient obtenu avec les techniques de développement disponibles à l'époque.


Retouche et embellissement

Passer un fond de teint, lisser une peau, supprimer boutons, rougeurs et points noirs, la trousse du maquilleur virtuel est complète. Ne faisant que peu de portraits, je n'ai pas beaucoup eu l'occasion de les utiliser mais à première vue, ils semblent faire ce qu'on attend d'eux comme les outils « Rectifier les yeux rouges », « Gommer l'arrière plan », « Cloner des objets ».


Automatisation

Une fois de plus, voici un point très bien pensé. Inutile de penser à demander à PSP de mémoriser des manipulations avant de les commencer. Tout ou partie de celles qui sont inscrites dans l'historique peuvent être enregistrées, soit dans un script unique à accès rapide, soit dans un script personnel nommé. Ces scripts, modifiables manuellement via un éditeur intégré, peuvent être utilisés lors d'un traitement par lot. Il est également possible de demander un enregistrement de façon classique et d'exécuter un script en pas à pas, option utile en cas de fonctionnement inattendu.

Le traitement par lot est également très bien intégré. Après avoir sélectionné dans l'organiseur les fichiers sur lesquels doit porter le traitement, sélectionné un éventuel script à exécuter, choisi d'écraser le fichier original ou de l'enregistrer dans un autre dossier au besoin en changeant de type, le traitement peut s'effectuer sans surveillance et faire l'objet d'un rapport ou s'arrêter à la première erreur.


Traitement HDR

Eh oui, même le HDR. Le module de PSP X2 Ultimate est très bon. Il est impossible de distinguer le résultat obtenu de celui produit par Photomatix Pro 3 en mode « Fusion d'expositions ». Deux réglages « luminosité globale » et « clarification » permettent d'ajuster le rendu avant la fusion. PSP peut en proposer les valeurs, libre à vous ensuite de les modifier.



Panorama

Serait-ce un outil tenu en réserve pour une prochaine version ? Étrange que Corel ne l'ait pas encore inclus dans PSP.


Impression

Il ne manque qu'une fonction à PSP pour les impressions : prendre lui-même en charge la gestion des couleurs et court-circuiter celle du pilote comme le fait Photoshop avec souvent une meilleure fidélité colorimétrique. Sinon, impression de photo seule, d'une composition de plusieurs photos ou d'une planche-contact, PSP sait le faire.


Encadrement et personnalisation

Je passerai rapidement sur ces outils qui sont accessoires, sachez juste que si vous voulez encadrer vos photos de bordures toutes faites ou personnalisées, PSP a ce qu'il faut. Comme tous les autres, ces outils peuvent être intégrés dans un script et faire l'objet d'un traitement par lot. Le marquage d'une photo par filigrane Digimarc est inclus.


Conversion de format et exportation

Un seul outil retiendra notre attention, l'"Exportation JPEG" qui laisse le choix de l'algorithme et du taux de compression à utiliser ainsi que de l'incorporation ou non des EXIF. La taille en octets du fichier est calculée avant l'enregistrement et affichée au fur et à mesure des réglages.



Informations de prise de vue

Si PSP affiche les principales informations EXIF et IPTC, il n'a pas la vocation d'être un éditeur IPTC puissant. Il peut le faire mais sur une seule photo à la fois ce qui en limite beaucoup l'intérêt. Mieux vaut utiliser ExifTool.


Conclusion

Bien qu'il se situe nettement en retrait sur de nombreux points par rapport à un outil professionnel tel que Photoshop auquel on ne peut manquer de le comparer, Paint Shop Pro X2 Ultimate offre beaucoup pour son prix de 69€. Je ne lui connais pas d'équivalent commercial. Photoshop Elements se situe nettement en dessous. Parmi les gratuits ou presque, PhotoFiltre même dans sa version studio ne peut rivaliser avec la richesse de PSP. Seul the Gimp pourrait le concurrencer quand son support 16 bits sera totalement au point.

Commentaires   

# Roro 14-03-2009 22:11
Merci pour cette présentation. C'est vrai qu'on y pense pas forcément à ce logiciel, alors qu'il est très puissant et à un prix raisonnable comparé à celui de Photoshop. Et finalement les limitations sont peu nombreuses.

Le rendu des raws est-il bon comparé à celui des autres dérawtiseurs ?
# Fabien Jacques 14-03-2009 23:14
Un comparatif de dérawtiseurs est sur les tablettes de la rédac' ;-)
# re: fichier type paint shop prodeesse1969 26-08-2009 19:19
Citation en provenance du commentaire précédent de deesse1969 :
bonjour,
comment faire pour supprimer les fichiers type paint shop pro format gif pour pouvoir poster à nouveau ses images sur des sites ( choses que je ne sais plus faire depuis que j'ai essayé la version d'essai de paint shop pro sous xp et que depuis, mes fichiers sont de type paint shop pro) ?


pour les personnes pensant que je parle des formats, voici une copie d'écran de ce que j'ai, pour mes images .
# closset 31-07-2011 12:56
Avec PSP X2 je traite les raw du Sony A200.Mais depuis que j'ai le Sony A55 cela n'est plus possible.J'espère que PSP va y remédier.
# Patrick Moll 01-08-2011 08:49
Hélas, PSP n'est pas le logiciel le plus rapide pour la prise en charge des nouveaux boîtiers. Dommage, car c'est un bon soft, même si la partie de traitement des Raw est un peu lourde comparée à certains logiciels spécialisés.
J'espère que votre attente ne sera pas trop longue... :confused:

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