Mar
23
2013
Le domaine de l'imagerie numérique est l'un des plus innovants actuellement, et Sony n'est pas en reste. Du compact plein format au reflex en passant par les compacts à objectifs interchangeables, les constructeurs font un feu de tout bois qui a toutes les chances de se poursuivre dans les années à venir. Cette variété d'appareils a toutefois le défaut de ses qualités : plonger dans la perplexité le photographe qui, faute de pouvoir tous les essayer, ne parvient pas à savoir lequel serait le mieux adapté à sa pratique photo et à son budget. C'est l'une des questions les plus fréquentes posées sur Alpha-numérique, l'objectif de cet article étant de donner quelques éléments de réponse par anticipation. Dans cette première partie, nous examinons les éléments clés de différenciation avant d'étudier, dans une seconde partie, la typologie des boîtiers mis en regard des principales pratiques photo et des budgets disponibles.
Quel appareil photo choisir ? # 1 : les éléments de différenciation

Les éléments clés de différenciation
L’objectif premier d’un appareil photo évolué est de produire de bonnes images dans toutes les situations d'éclairage. On peut parvenir à s'accomoder d'une ergonomie imparfaite, mais plus difficilement d'images de mauvaise qualité. Les deux premiers éléments de différenciation sont donc logiquement le capteur et le bloc optique.
Le capteur
Les progrès des capteurs ont été fulgurants ces dernières années, à tous points de vue : dynamique, colorimétrie, gestion du bruit et, plus globalement, utilisabilité accrue dans toutes les conditions de prise de vue. Sony y est pour beaucoup : il suffit de regarder le classement DxOMark pour constater que les capteurs Sony trustent une grande partie des premières places, qu’ils soient embarqués sur des boîtiers Sony, Nikon ou Pentax. Si tous les types de capteurs ont bénéficié d'avancées technologiques, les grands capteurs conservent un avantage considérable sur ceux des compacts et de bridges, beaucoup plus petits.

On voit sur le graphique ci-dessus une représentation (agrandie) des trois principales tailles de capteur, auxquelles nous avons ajouté celle d'un capteur classique de compact ou de bridge (au format 1/2.3"). Ces différences de taille ont une double conséquence :
• plus un capteur est petit, plus la profondeur de champ est grande à cadrage et ouverture identiques. C'est un avantage pour quelques pratiques (paysage, macro, etc.), mais cela réduit fortement le potentiel créatif de l'appareil.
• beaucoup de photosites de petite taille entassés sur une petite surface se traduit par une moins bonne qualité de capture du signal lumineux et, par voie de conséquence, une dynamique réduite et plus de bruit à hauts ISO.
Il est donc logique que la qualité d’image soit fortement indexée sur la taille du capteur. Cela étant, les progrès technologiques sont tels que le capteur 1’’ du compact expert Sony RX100 affiche un niveau comparable à celui d’un excellent reflex d’il y a 5 ou 6 ans. Cela relativise les différences et oblige à les examiner à l’aune de l’usage qui sera fait des photos. Pour un affichage web ou des tirages de petit format, il est quasi impossible de deviner la provenance de la photo. Seule une auscultation de l’image en zoom 100% (le tristement fameux pixel peeping) trahit la taille du capteur qui l’a produite. Il est donc important, au moment du choix d’un appareil, de s’interroger sur la destination des images. Pour nourrir Facebook ou une galerie web, un compact expert comme le RX100 est largement suffisant. Pour le tirage Fine Art en A3+ d’une photo prise à 1600 ISO, il ne l’est plus.
Les deux illustrations ci-dessous ont été extraites de DxOMark. La première montre les scores de trois boîtiers récents à capteurs de tailles différentes (correspondant au graphique ci-dessus).

Les écarts semblent importants, mais on remarque qu'ils le sont surtout pour le bruit à hauts ISO. Les différences en termes de dynamique et de profondeur de couleur ne sont pas négligeables, mais il faut avoir conscience qu'aucun support (écran ou papier) n'est capable de restituer tout ce que le "petit" RX100 peut enregistrer.

L'illustration ci-dessus montre le score du RX100 comparé à ceux de deux boîtiers reflex très renommés, mais passablement âgés. Cela donne une bonne mesure de l'ampleur des progrès technologiques réalisés ces dernières années et de la qualité d'image qu'atteint désormais un compact expert de nouvelle génération.
Les optiques
Les optiques ont également progressé ces dernières années, mais de façon bien moins spectaculaire. L'étendue de la gamme optique disponible pour les appareils à objectifs interchangeables est un critère déterminant pour certaines pratiques qui exigent un matériel spécifique, mais elle ne doit pas peser plus que de raison. Choisir une marque ou un type d’appareil parce qu’ils disposent d’objectifs que vous n'achèterez jamais n'a aucun sens. C’est même un piège marketing aussi classique que grossier, quand on sait que la grande majorité des utilisateurs de reflex n'utilise que 2 ou 3 optiques (typiquement un zoom transtandard, un zoom longues focales et une focale fixe lumineuse pour les portraits). Ce qui est important dans le choix d’un matériel est de vérifier son adéquation avec vos besoins, pas avec ceux de tel ou tel pro de renom. Si vous êtes tenté par un appareil à objectifs interchangeables, prenez également en compte l'offre des opticiens indépendants, notamment Tamron et Sigma, qui constitue un choix complémentaire très varié et souvent plus accessible financièrement.
Comme pour le capteur, la qualité d'image que peut produire une optique est à considérer dans l'absolu, mais aussi (et surtout) en fonction de la destination des images. Si vous n'allez pas au-delà du tirage A4 et de la visualisation full-HD sur votre écran, la quasi-totalité des objectifs récents conviendra, y compris ces zooms de kit si décriés. Le pixel peeping fait des ravages chez les photographes et les pousse à investir dans des optiques haut de gamme dont ils n'ont pas un réel besoin. Le piqué de tel ou tel objectif s'affaiblit quand on s'approche des bords ? De l'aberration chromatique est visible en zoom 100% sur écran ? Qu'importe, si ces défauts ne sont pas perceptibles sur un papier A4 ou en visualisation plein écran...
Nous reparlerons des optiques lors de la mise à jour de l'article sur les gammes optiques Sony Alpha et NEX. En attendant, je vous suggère de lire l'article Idée fausse # 6 : le mythe des objectifs qui ne "passent plus".
L'autofocus et les autres caractéristiques techniques
Il existe d'autres éléments techniques de différenciation, comme la mesure d'exposition, la fréquence de rafale ou l'autofocus. La mesure d'exposition est globalement satisfaisante sur tous les appareils récents. S'agissant de l'autofocus, il existe deux grands types de systèmes : par corrélation de phase (essentiellement des reflex) et par détection de contraste (hybrides, bridges et compacts). Si les premiers sont rapides, les autres sont beaucoup plus lents, mais présentent l'avantage de mettre le photographe à l'abri des problèmes de back ou front-focus.
Là encore, il faut considérer ce type de fonctionnalités en fonction de votre pratique. Si vous faites essentiellement du portrait ou du paysage, la rapidité de l'autofocus est secondaire et un système par détection de contraste est bien adapté. En revanche, si vous faites de l'animalier ou de la photographie de sport, l'autofocus devient un élément déterminant de votre choix (comme l'est aussi la rafale). Dans ce cas, il faut oublier les compacts et les hybrides et ne considérer que les reflex.
L'ergonomie
Vient enfin la question de l'ergonomie. On entre dans un domaine largement subjectif où personne ne peut prétendre exprimer autre chose que son point de vue personnel. Tenue en main, accès aux boutons et aux menus, types de visée, etc. sont des éléments importants, mais que personne ne peut juger à votre place. La question de la visée cristallise les passions avec son lot d'a priori et de contradictions. En réalité, il s’agit d'abord d’une question générationnelle, comme peut l'être le rapport aux supports d'écriture, papier ou écran. Les "vieux" photographes refusent jusqu’à l’idée de se passer d’un viseur optique, quand la nouvelle génération de n’a connu que la visée sur écran arrière, s’en trouve souvent très bien et sait tirer le meilleur parti des viseurs électroniques. Disposer d'un viseur est un avantage évident, mais n'est indispensable que pour certaines pratiques photo (difficile d'imaginer shooter une pièce de théâtre, un piaf en vol ou une course automobile en visée par écran).
Qu'il s'agisse de l’ergonomie ou de tout autre élément de différenciation, c’est à vous de déterminer ce qui vous conviendra, sans vous laisser abuser par les affirmations d’experts ou de prescripteurs autoproclamés. Prenez les avis que vous lirez ici et là comme autant de témoignages personnels, faites-les passer par le prisme de vos propres critères et sachez renverser une critique si elle défend un point de vue sur une base qui ne correspond pas à votre conception de la photographie.
À suivre...
Commentaires
Très bon article, quand je vois comment je me suis pris la tête avec les spécifications de mon reflex, demande de conseils sur les forums, achat d'un objectif qui pique et ouvre à 2.8 pour au final ne pas l'utiliser car trop gros pour moi au quotidien...
Un RX100 aurait fait le même travail avec l'avantage de le sortir beaucoup plus souvent, ce qui est quand même mieux pour un débutant comme moi...
On se laisse vite emporté par les spécifications
tout d'abord bravo pour ton site que je consulte régulièrement depuis quelques semaines. Voulant apprendre sur le monde de la photo, j'ai justement appris beaucoup de chose en te lisant.
Au sujet du chapitre autofocus de cet article, je voudrais préciser que les derniers hybrides Sony NEX ont un autofocus par correlation de phase (donc comme les reflex) en plus de la détection de contraste.
J'ai depuis un mois un NEX6 mais mes connaissances sont trop faibles (avant j'avais un bridge Sony HX1) pour dire si son autofocus par correlation de phase apporte une rapidité supplémentaire par rapport à un NEX7 ou un NEX5N.
Bonne soirée
Ceci dit, j'hésite encore beaucoup entre le RX100 et un hybride, notamment le NEX6 (mais avec quels objectifs ?!)…
Comme le dit Ducatman, on se laisse vite emporter par les spécifications.
Je me dis qu'un hybride va peut-être être trop "expert" pour un débutant comme moi et que le RX100 me suffirait amplement. Mais en même temps, j'ai peur d'être frustré par les limites du RX100 dont le potentiel créatif est quand même réduit par rapport à celui d'un hybride (photos de nuit moins jolies, aspect du bokeh moins prononcé et moins plaisant). Bref, le choix n'est pas simple !
Par ailleurs, pensez-vous publier avant la fin du mois une MAJ de l'article sur la gamme optique NEX ?
Pour ce qui est des NEX, ils ont été pensés pour tous les types d'utilisateurs, donc ils s'adaptent à l'usage qui en est fait. C'est vraiment la question de l'encombrement qui doit décider, car côté ergonomie et qualité d'image, les NEX sont devant (y compris l'entrée de gamme NEX-F3).
Concernant les NEX, sauf erreur de ma part, que ce soit le 3N, le 5R ou le 6, ils sont tous les 3 équipés du même capteur. Pourquoi y a-t-il donc des différences de scores sur DxOMark ? Quelque chose m'échappe...
www.dxomark.com/index.php/Cameras/Compare-Camera-Sensors/Compare-cameras-side-by-side/(appareil1)/863|0/(brand)/Sony/(appareil2)/832|0/(brand2)/Sony/(appareil3)/826|0/(brand3)/Sony
J'ai une question que je suppose beaucoup de gens vous l'ont posé.
Pour une utilisation principalement familiale intérieur/exterieur (portrait enfants et famille, repas de famille, promenade en famille etc..., la nature (Montagne, mer).
Quel boitier conseillerez vous ?
Sachant que j'ai pu essayé le A77 et j'ai bien aimé mais dans une utilisation familiale, c'est un boitier moins pratique dans la vie quotidienne qu'un Nex qu'on peut sortir facilement et surtout on peut facilement le ranger du coup il prend peu de place.
D'un autre côté le A77 me plait pour ses possibilités, sa tropicalisation (j'habite en Bretagne). C'est réellement un bel objet.
Concernant les différents boitiers qui me font de l’œil, le A77 en boitier reflex (à moins qu'un autre reflex soit conseillé, je reste ouvert à toute proposition). Quant au Nex, le 7 me plait pour sa très grande polyvalence, ses deux molettes accessible très rapidement ! Je ne connais pas les nouveaux Nex du coup je ne sais pas s'ils sont mieux que le Nex 7 (dépassé l'est-il ?)
Un beau casse tête n'est ce pas !?!
J'attends votre/vos réponses aussi aux autres participants.
Yves
Quelles focales fixes lumineuses fais-tu référence ? c'est intéressant aussi ce point de vue et surtout pour quelle utilisations ces focales fixes ?
Merci d'avoir pris le temps de répondre et je pense que je ne suis pas le seul dans ce cas donc ton article sera d'autant plus intéressant pour pas mal de gens !
J'ai finalement acheté le Nex 7... J'ai acheté cet appareil pour plusieurs raisons... compacité tout en ayant une belle photo, les possibilités en vidéo, bref...
Sur le point de la photo, pas de soucis c'est excellent et encore mieux quand on prend autre chose que l'objectif 18-55. Quant à la vidéo là j'avoue que j'en suis bcp moins content !
Déjà que les vidéos soient limitées à des tranches de 29 min pour des raisons de taxe sur la vidéo (enfin si c'est bien ça !?!) mais très récemment j'ai voulu faire une petite vidéo d'environ 15min... mal m'en a pris... après 8 min surchauffe donc arrêt automatique de l'appareil...
J'ai cherché sur internet et il se trouve que c'est connu sur tous les modèles Alpha... avec divers technique plus ou moins aléatoire on arrive à grappiller quelques minutes de plus.
Si je peux me permettre Patrick de pousser une petite gueulante... d'une pourquoi ce fait n'a jamais été relaté sur le site ? ce problème est connu et visiblement pas résolu, de toute façon cela n'intéresse pas Sony de résoudre ce problème... Pour ma part c'est limite tromperie sur la marchandise car connu dès le début chez Sony...
Je suis déçu et limite j'irais le rendre au magasin ou je l'ai acheté...
C'est quand même quelques peu rédhibitoire, non ? car si je l'avais su je ne l'aurais pas acheté ou j'aurais attendu une nouvelle version.
Bien cordialement.
J'ai quelques remarques :
- Je sais qu'on est sur un site "Sony" mais dans un article à portée générale comme celui-ci il aurait été bien d'inclure la 4/3 dans le schéma sur les tailles de capteur (ou alors intituler l'article "Comment choisir un Sony").
- La qualité est fortement indexée sur la taille du capteur, certes, mais il faut pondérer ça par le nombre de photosites : un capteur FF avec une énorme résolution peut se retrouver avec des photosites pas beaucoup plus grands que ceux d'un APS-C de 16 Mpx. Il restera meilleur en très grand tirage mais sera aussi sensible au bruit que l'APS-C.
- Quand vous écrivez qu'aucun support (écran ou papier) n'est capable de restituer tout ce que le "petit" RX100 peut enregistrer, ça m'interpelle : à quoi bon aller plus loin alors ?! (c'est une vraie question)
- J'ai commencé la photo numérique début 1998 avec un appareil VGA et je visualisais mes photos sur un écran VGA. C'était pas terrible mais pas choquant. Aujourd'hui ces photos sont bien sûr de petites vignettes sur mon écran HD. La pérennité de nos photos implique de voir plus loin que la technologie d'affichage d'aujourd'hui, par exemple le 4K partout c'est pas pour dans 20 ans (et on parle déjà de 8K...). Par ailleurs, la densité (les dpi) des supports d'affichage augmente de façon incroyable (exagérée diront certains). Bref, je pense qu'il faut un peu plus loin que nos écrans HD pour faire nos choix de matériel d'aujourd'hui.
Pour une même taille de capteur, augmenter le nombre de pixels n'augmente pas le bruit. C'est une idée fausse qui a la vie dure, parce que les gens raisonnent en pixel peeping, ce qui n'a aucun sens. C'est à taille de tirage ou d'affichage égale qu'il faut raisonner, et les centaines de mesures accumulées par DxOMark montrent qu'il n'y a pas de croissance d bruit à taille de tirage égale.
Si n ne fait aucune retouche sur ses photos, alors en effet il n'est pas besoin de plus de dynamique que celle du RX100. Dès lors qu'on en fait, tout surcroît de dynamique est bon à prendre, même si au final l'image sera affichée en 8 bits ou imprimée sur des papiers qui ne peuvent restituer plus de 7 IL de dynamique.
Pour ce qui est des écrans, le 4K, c'est seulement 8 Mpx. On reste assez loin de la définition des capteurs actuels, mais c'est vrai que ça va encore évoluer. Jusqu'à quel point ? Sans doute pas trop loin dans la mesure où l’œil ne fait plus de différence au-delà d'une résolution de type Retina. A quoi bon aller au-delà ?
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